Le 14 décembre 1837, le village de Saint-Eustache a été le théâtre d'une bataille sanglante opposant les patriotes aux soldats de la couronne britannique. De nombreux patriotes ont trouvé la mort dans l'église du village, où ils s'étaient réfugiés. Même après avoir été bombardé, puis incendié, l'édifice se dresse toujours aujourd'hui et témoigne du rude combat qu'il s'y est livré, comme l'explique l'historien Jonathan Livernois.
En décembre 1837, la tension était à son comble au Bas-Canada. Des affrontements avaient eu lieu à Saint-Denis et à Saint-Charles, entre les patriotes et les troupes britanniques. Depuis plusieurs années, les députés bas-canadiens militaient auprès des autorités coloniales pour obtenir plus de pouvoirs, sans succès. Les récoltes avaient été mauvaises et le choléra faisait son lot de victimes.
C'est le 14 décembre que cette tension a explosé à Saint-Eustache. C’était tout à fait normal de voir les choses éclater là, surtout qu’il y avait une présence assez forte de seigneurs très loyaux envers la Couronne britannique, alors ça créait des tensions
, explique Jonathan Livernois.
C’est le jeune médecin Jean-Olivier Chénier qui a pris la tête des patriotes. Le village est alors devenu un véritable camp militaire, comptant de 300 à 600 patriotes retranchés près des rives de la rivière des Mille Îles. Ils ont toutefois été pris de court par l’armée britannique et ses 1200 soldats, sans compter quelque 200 loyaux à la Couronne qui combattaient à leurs côtés.
Les patriotes n’ont alors eu d’autre choix que de fuir ou de se réfugier dans l’église de Saint-Eustache, où un terrible destin les attendait. L’armée a commencé par bombarder l’édifice. On voit d’ailleurs encore aujourd'hui des traces de boulets dans la pierre de sa façade.
La trace d'un boulet de canon sur la façade de l'église de Saint-Eustache
PHOTO : JONATHAN LIVERNOIS
Puis, le feu a été mis au bâtiment. Environ 70 patriotes y ont trouvé la mort. Soit ils sont brûlés vifs, soit ils sautent par les fenêtres et sont accueillis à coups de baïonnette par les soldats anglais
, indique Jonathan Livernois.
La répression des autorités britanniques a été terrible et elle a contribué à atténuer l’ardeur des opposants au régime. Ce n’est pas sûr, mais on aurait, semble-t-il, ouvert la poitrine de Chénier, pris son cœur et on l'aurait mis au bout d’un pic, qu’on aurait promené dans tout Saint-Eustache
, raconte l’historien.
La façade, les fondations et une partie des murs de l’église ont résisté aux boulets et au feu, et témoignent aujourd’hui de la sanglante bataille de Saint-Eustache.