De mai à juillet 1792, les citoyens du Bas-Canada ont été appelés aux urnes pour élire les députés qui allaient les représenter au Parlement qui venait tout juste d'être mis sur pied. C'était la première fois qu'on permettait à des Canadiens de choisir leur gouvernement. À cette époque, les élections étaient bien différentes de celles que l'on connaît aujourd'hui, comme l'explique l'historien Jonathan Livernois.
En 1792, on comptait 27 circonscriptions au Bas-Canada, l’équivalent du Québec aujourd’hui. Chacune était représentée par deux députés. Au départ, c’étaient surtout des marchands qui décidaient de se lancer en politique. Mais on voit poindre cette génération de bourgeois professionnels (médecins, notaires, avocats), qui vont prendre de plus en plus de place et qui vont finir par constituer le Parti patriote
, souligne Jonathan Livernois.
Au début du parlementarisme canadien, les partis politiques étaient inexistants. Les partis vont vraiment se créer au fur et à mesure, explique l’historien. Au début, ce sont des intérêts communs qui vont réunir des gens.
Du côté de la population, cette première élection a été un succès. Nombreux sont ceux qui se sont déplacés pour voter. Jonathan Livernois rappelle que le droit de vote était élargi à l’ensemble des citoyens de 21 ans et plus, qu’ils soient riches ou pauvres, hommes ou femmes. C’est le député Louis-Joseph Papineau qui, en 1834, a enlevé le droit de vote aux femmes.
Un vrai pouvoir?
Cette première élection a beau avoir été un grand pas pour la démocratie au Canada, elle n’a pas pour autant remis entièrement le pouvoir dans les mains des citoyens. Le vrai pouvoir, ce sont plutôt les financiers anglophones, proches du gouverneur, qui le détenaient. Ça va être le grand problème de ce Parlement, selon Jonathan Livernois. Tout va être bloqué par ce qu’on appelle le Conseil législatif et le Conseil exécutif.