L’Éducation: un chantier titanesque

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Il faudrait revenir aux collèges classiques qui formaient les élites canadienne-françaises


Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, arrive à la fonction, armé d’une expérience parlementaire dans l’opposition, d’une préparation terrain dans l’enseignement, d’un appui indéfectible du premier ministre Legault et d’une vision développée dans son livre Et si on réinventait l’école ?.


Autant dire qu’il est dans son élément. Il a fait connaître ses priorités. Un chantier titanesque cumulant tous les niveaux de l’enseignement, de la maternelle à l’université.


De la valorisation du rôle des enseignants au financement des cégeps en régions, en passant par la maternelle 4 ans, la facturation du matériel scolaire aux parents, etc.


Autant de mesures, annoncées à la carte, et qui gagneraient à être déclinées dans un plan d’ensemble, une politique gouvernementale bien étayée et cohérente.


Une priorité nationale


Jean-François Roberge est le trentième ministre de l’Éducation depuis sa création en 1964, par son premier titulaire, Paul Gérin-Lajoie. C’est l’un des legs les plus durables de la Révolution tranquille.


Il est conscient, comme l’a constaté Paul Gérin-Lajoie, que les Québécois ne se passionnent plus pour l’éducation, mais il demeure optimiste. Il veut en faire « une priorité nationale ». Tout un défi.


Le premier ministre François Legault a déjà été ministre d’État à l’Éducation et à la Jeunesse, de 1998 à 2002. Il fait partie des rares ministres à avoir occupé cette fonction névralgique près de quatre années consécutives, aux côtés de Jacques-Yvan Morin, Camille Laurin et Claude Ryan.


Un ministère et un réseau qui n’ont cessé de s’hypertrophier, au fil des ans, avec une propension maladive aux réformes improvisées dont plusieurs n’ont abouti à aucun résultat tangible. Pourtant, ce ne sont pas les moyens qui manquent.


Lutte au décrochage scolaire


Le dernier budget du gouvernement consacrait 18,9 milliards de dollars aux programmes en éducation et en enseignement supérieur, pour l’année 2018-2019 et prévoyait atteindre les 20,3 milliards en 2020-2021.


Mais le financement n’est pas le seul problème. Il faut s’attaquer à la gouvernance du réseau de l’éducation, devenue un mammouth.


Chaque fois qu’un problème se pointait à l’horizon, on y répondait en y ajoutant des couches de bureaucratie et des enveloppes budgétaires sans oser remettre en question le bien-fondé de ces décisions.


Le décrochage scolaire, par exemple, c’est un phénomène largement documenté depuis longtemps. Comment se fait-il qu’on n’ait pas réussi à l’endiguer ?


L’Institut du Québec nous l’a encore rappelé dans son étude d’avril 2018, « Décrochage scolaire au Québec : dix ans de surplace, malgré les efforts de financement ».


On y apprenait que de 2008 à 2015, le taux de réussite des élèves du secondaire du réseau public est demeuré à un bas niveau, 64 %.


Un résultat médiocre qui fait du Québec le cancre du Canada, alors que pour la même période, et avec le même niveau de financement, les élèves de l’Ontario sont passés de 72 % à 84 % de taux de diplomation.


La situation est encore plus critique pour les garçons dont à peine 57 % obtiennent leur diplôme secondaire contre 71 % de filles, alors qu’en Ontario, le taux de diplomation des garçons est de 82 %. Un diagnostic alarmant, connu de longue date, mais qu’on tarde à corriger.


La cour du ministre est déjà pleine. Mais à quoi sert l’école si elle n’est même pas capable d’assurer la réussite scolaire de nos jeunes au secondaire ?