Voilà qui est nouveau: de la mésentente chez les libéraux! Ils nous ont habitués à une solidarité politique tellement plate que la prise de bec entre les ex-ministres Nathalie Normandeau et Monique Jérôme-Forget ne risquait pas de passer inaperçue en ce début d’année 2016 plutôt morne.
Mme Normandeau s’est attiré les foudres de l’ex-patronne du Trésor en affirmant que «l’économie n’est plus dans l’ADN du Parti libéral». Ses reproches visaient d’abord et surtout le premier ministre Philippe Couillard. Des reproches qui font déjà saliver les partis d’opposition...
Replaçons la scène: l’économie ralentit. Les marchés boursiers plongent, le prix des ressources naturelles est déprécié par le ralentissement de la croissance de la Chine et le dollar canadien s’enfonce. L’engagement du premier ministre Couillard de ne pas soutenir l’exploitation pétrolière sur l’île d’Anticosti tombait mal.
Offusquée
Ses propos, tenus en marge d’une conférence internationale sur l’environnement à Paris, ont eu l’effet d’une bombe au Québec, en particulier chez les libéraux. Ex-ministre libérale, Mme Normandeau s’en est offusquée dès le premier jour.
Au retour des Fêtes, elle en a rajouté. L’ex-ministre des Ressources naturelles a lancé que le gouvernement Couillard n’était plus le «parti de l’économie», rien de moins!
Mme Normandeau, qui tient un micro fort populaire à Québec, estime que le gouvernement libéral rompt avec la tradition du PLQ. Avec Jean Charest, le slogan était: L’économie d’abord oui! Avec Philippe Couillard, on dirait plutôt: L’environnement d’abord oui! Au PLQ, on tombe des nues...
«L’économie, la création d’emplois, ça fait partie de l’ADN du Parti libéral du Québec, mais là, ce n’est plus ça», a-t-elle dit.
À l’autre bout de la 20, l’ex-ministre libérale Monique Jérôme-Forget a répliqué, avec une certaine hauteur, en suggérant à son ex-collègue de se faire «plus modeste» devant les enjeux économiques.
«Penser une seconde que le Québec est capable de contrer ce qui se passe dans le monde, sincèrement, c'est rêver en couleur», a confié Mme Jérôme-Forget à La Presse.
Mais Mme Normandeau n’est pas seule à juger le gouvernement Couillard inapte en matière économique.
D’autres voix, libérales surtout, concordent sur la place publique: le Québec souffre de ne pas avoir de politique de développement économique. Prêter à Bombardier n’était qu’une aide de dernier recours. Quant à la politique maritime, copiée sur le projet Saint-Laurent de François Legault, elle attend la marée...
Quoi faire du Québec
Concédons que le gouvernement a été largement occupé par les sempiternelles négociations avec le secteur public. Mais ce prétexte ne résistera pas longtemps aux reproches. À mi-mandat, alors que l’économie mondiale est en mutation, M. Couillard doit indiquer ce qu’il veut faire du Québec.
S’il ne propose rien rapidement, la prochaine session parlementaire sera très difficile pour son gouvernement. Un remaniement ministériel ne suffira pas. Voyant les planètes favorablement alignées, les oppositions trépignent. C’est d’ailleurs quand il parle d’économie que le chef du PQ, Pierre Karl Péladeau, est à son meilleur. Et cela lui permet d’isoler Québec solidaire, moins intéressé à la création de la richesse qu’à son partage; c’est plus facile... L’économie est aussi le mantra du chef caquiste, François Legault, qui jouera son va-tout cette année. Voilà réunis tous les ingrédients pour une rentrée parlementaire enlevante...
LA CAQ ? YES SIR !
Au PQ, on l’a trouvé moins drôle, mais à la CAQ, le recrutement de Stéphane Gobeil a mis un peu de baume sur la mélancolie des caquistes que les défections de Dominique Anglade et de Sylvie Roy avaient évidemment attristés. M. Gobeil est un vieux routier des campagnes souverainistes. Il a servi des monarques: Duceppe, Marois... C’est tout juste s’il n’a pas fait la Crimée... Une plume agile dont la CAQ devrait faire bon usage.
Autre prise «de luxe» pour M. Legault: Mychel St-Louis, journaliste légendaire, expert des relations médias, qui voulait tâter de la politique de «l’intérieur». Il a couvert la crise d’Octobre 1970 et on lui doit la paternité du Club des Ex, l’émission de Rade-Cane où se succèdent les assouplisseurs de la partisanerie. Pour M. Legault, le défi sera d’exploiter le talent de ces deux recrues en ménageant la sensibilité de ses propres vétérans...
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé