L’autoroute vers l’élection

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L'opposition fait mal son travail






Depuis trois ans, la présentation du budget était un jour particulièrement faste pour les partis d’opposition, qui n’avaient que l’embarras du choix des épithètes pour dénoncer les coupes tous azimuts décrétées par le gouvernement Couillard.


 

Leurs propos indignés étaient immédiatement relayés par les divers porte-parole de la société civile, sans lesquels ils auraient trouvé peu d’écho dans la population et les médias. La lutte contre l’austérité était presque devenue une entreprise de salut public. Les parents donnaient la main aux enseignants pour former des chaînes de protection autour des écoles, et on découvrait avec horreur le triste sort réservé à nos aînés pour plaire aux agences de notation.


 

Un budget qui laisse entrevoir le retour dans les « vallées verdoyantes » annonce invariablement le temps des vaches maigres pour l’opposition. Sans le haut-parleur de la société civile, un politicien qui déchire sa chemise a l’air de faire du mauvais théâtre, même s’il a raison.


 

Voyez l’analyse de notre chroniqueur politique en vidéo.


 


 

Dans le secret du huis clos, les porte-parole syndicaux, qui avaient l’habitude de monter systématiquement aux barricades, ont dû convenir, même à contrecoeur, que tout n’était pas si mauvais dans ce « budget de rafistolage », qu’il y avait même du bon, même si les réinvestissements annoncés en éducation sont loin de compenser les coupes des dernières années et qu’ils s’échelonneront sur une période de cinq ans. La Fédération des cégeps a même parlé d’une « bouffée d’air frais ».


 

« Le grand perdant de cette élection, c’est l’environnement », a lancé Manon Massé, qui trouvait nettement insuffisantes les sommes qui seront investies dans le transport en commun. Pourtant, le directeur principal d’Équiterre, Steven Guilbeault, tout aussi soucieux qu’elle de lutter contre les changements climatiques, ne tarissait pas d’éloges. Le budget avait dépassé ses attentes.


 

Il n’est pas inhabituel d’entendre les porte-parole des milieux d’affaires décerner de bonnes notes au gouvernement. Sans grande surprise, le budget leur a plu, mais Jean-Martin Aussant se félicitait aussi de voir que le gouvernement Couillard avait enfin découvert l’économie sociale.


 

Bien sûr, il y aura aussi des malheureux. Les médecins seront furieux de devoir renoncer à une partie du « rattrapage » qui avait été négocié, mais le gouvernement ne demande sans doute pas mieux que de les entendre s’en plaindre haut et fort.


 

 


De toute évidence, le budget ne respecte pas l’engagement électoral du PLQ, qui avait promis que la moitié des éventuels surplus budgétaires serait retournée aux contribuables. Jean-François Lisée ne cesse de répéter que tout l’argent disponible devrait être réinvesti dans les services plutôt que dans les baisses d’impôt. Le communiqué de presse diffusé par le PQ déplore pourtant que « la baisse d’impôt sera seulement de 55 $ par personne ».


 

Le ministre des Finances a d’ailleurs échappé un savoureux lapsus en reconnaissant qu’une baisse de 1,2 milliard du fardeau fiscal des particuliers en 2017-2018, « c’est pas beaucoup ». De là à dire qu’il sera plus généreux au printemps 2018, alors que le surplus anticipé, probablement sous-estimé, approchera les 3 milliards, il n’y avait qu’un pas.


 

Le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, s’est félicité d’avoir « résisté au chant des cigales dépensières » et de s’être comporté comme la fourmi de la fable, mais aucun ministère ne subira une diminution nette de son budget cette année.


 

Même le ministère des Relations internationales et de la Francophonie, qui n’a jamais été un chouchou des libéraux, aura droit à 100 millions additionnels au cours des cinq prochaines années. « Dans le contexte mondial actuel, il importe plus que jamais de soutenir l’action internationale du Québec et d’en accroître le financement », a déclaré M. Leitão. Un ministre péquiste n’aurait pas dit mieux.


 

 


Bien sûr, il y avait quelque chose de cynique à plonger le Québec tout entier dans une austérité qui aurait pu être beaucoup moins sévère, afin de se présenter devant l’électorat habillé en père Noël.


 
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