L’Afghanistan, 6 ans après

Afghanistan - une guerre masquée


Le 7 octobre 2007 correspond au sixième anniversaire du déclenchement des
opérations militaires américaines contre « l’Emirat Islamique de Taliban »
et leurs amis mercenaires d’Al Qaida. La précision de bombardement par B52,
l’offensive des forces de la Résistance afghane au sol et l’appui sans
réserve de la population ont été les trois principaux facteurs pour
permettre un victoire militaire relativement rapide. Mazar, Kabul, Herat et
enfin Kandahar sont tombés, une après autre, en quelques semaines. Les
talibans et leurs amis mercenaires avaient pratiquement disparu de
l’Afghanistan. Soulagée de l’oppression sombre, la population civile avait
retrouvé l’espoir perdu et repris une vie normale.
Cependant, depuis cette grande victoire militaire et quelques succès
politique, social et économique, la situation en Afghanistan reste fragile
plus que jamais. On est loin de retrouver le chemin de la paix et de la
stabilité politique. Depuis les deux dernières années, on voit non
seulement une dégradation de la situation sécuritaire, mais on a
l’impression de sentir l’odeur et l’ombre du chaos planer de nouveau dans le
ciel de ce pays martyr. Pour analyser cette triste situation, voici une
explication parmi tant d’autres.
Incohérence Internationale
En automne 2001, une fois les talibans délogés et un gouvernement de
transition mis en place, la coalition internationale aurait dû
poursuivre les terroristes et démanteler leurs bases arrières au delà des
frontières afghanes, dans les zones tribales et ailleurs au Pakistan. Un
peu l’image de ce qui s’est passé en Europe pendant la Deuxième guerre
mondiale. Après la libération de la France, les alliés avaient
heureusement continué de marcher sur Berlin et Munich. C’est cela qui avait
permis la grande victoire. Imaginons un instant, si les alliés avaient
libéré la France mais qui ne voulaient pas continuer au delà des
frontières européennes... !!?? - La libération de la France, à elle seule,
n’aurait pas eu une grande signification.
En Afghanistan, étrangement, les alliés ne sont pas allés jusqu’au bout
pour démanteler les racines et l’arrière base du terrorisme. Pourtant la
menace des terroristes extrémistes n’est nullement moindre à celle des
nazis, bien au contraire. Au minimum, on aurait dû arrêter et interroger
tous ces pakistanais, militaires et civils, qui ont toujours soutenu les
extrémistes. Dans le même contexte, on ne comprend pas pourquoi quelques
paysans afghans innocents ont été capturés et détenus dans des prisons,
alors que d’autres mondialement célèbres pour leur soutien au terrorisme
n’ont jamais été inquiétés. Aujourd’hui, ces mêmes célébrités
commentent et critiquent à leur manière, les opérations militaires contre
les talibans. Les militaires canadiens, qui sont connus depuis toujours
pour défendre les causes justes, de Vimy à Kandahar, en passant par
l’ex-Yougoslavie, comprendront bien ces propos.
Incohérence Afghane
Après la libération de Kaboul, le 13 novembre 2001, et la chute de l’Emirat
fasciste des talibans, quatre forces politico-militaires afghanes se sont
réunies le 28 novembre 2001, sous l’égide des Nations Unies, pour négocier
la composition d’un gouvernement de transition. Au bout d’une semaine de
négociation, tout permettait de croire que le Professeur Abdul Sattar
Sirat, le véritable représentant de l’ancien Roi, ancien ministre de la
Justice, soit désigné pour former le gouvernement. Par manque de vision des
délégués afghans et par la pression des diplomates américains, c’est Hamid
Karzai qui fut nommé pour diriger le pays. Depuis, on ne fait que prolonger
son mandat, par la Loya Jirga du Juin 2002, et les élections
présidentielles de septembre 2004. N’oubliant pas qu’aux élections
présidentielles de 2004, Hamid Karzai avait réussi à obtenir 55% des voix,
pour deux raisons : 1- les afghans ne souhaitaient surtout pas s’opposer à la
volonté occidentale, 2- parce que le candidat Karzai avait choisi le frère
du Commandant Massoud pour être le Vice Président. Sans ces deux éléments
déterminants, Karzai ne pouvait obtenir la majorité nécessaire.
Une fois arrivé au pouvoir, et ce, depuis cinq ans, le Président a écarté,
un par un, tous ses amis naturels pour s’appuyer davantage sur un petit
groupe d'individus revenant de l'exil et sans expérience, avides de pouvoir
et de privilèges. Au lieu de travailler de manière constructive avec le
nouveau Parlement, symbole incontestable de représentation populaire, le
Président s’offre le luxe de jouer aux manoeuvres politico-politiciennes.
Pendant que ses divergences grandissent de manière dramatique avec les
vice-présidents, le Pdt Karzai cherche à se rapprocher des deux diables
que sont Mollah Omar et Gulbudin Hekmatyar. Mais l’expérience nous enseigne
qu’il est plus facile de s’accorder avec les extraterrestres sur la
définition commune à attribuer au mot NEGOCIATION, qu’avec Mollah Omar ou
Gulbudin Hekmatyar.
Manque de Leadership
Pour beaucoup de gens à l’étranger, le président Karzaï apparaît comme un
chef d’Etat remarquable, photogénique et exceptionnel. Mais pour ceux qui
le connaissent de près, cette image ne correspond pas au vrai personnage.
Hamid Karzaï est un Pashtoun avant tout capable de parler anglais, mais il
n’a pas la maturité ni la profondeur d’esprit pour être le grand chef
d’État dont on a tant besoin. Malgré un soutien international immense, Pdt
Karzai ne gouverne que par des vœux pieux, des interviews et des
déclarations souvent incohérentes. Manque de transparence, de vision
stratégique, mauvaise gestion de la crise et les maladresses sont les
principales caractéristiques de son leadership. Sa dernière déclaration
pour proposer de partager le pouvoir avec les deux fugitifs célèbres,
reflète parfaitement son manque de leadership.
Sa gestion des ressources humaines pour les hauts fonctionnaires d’État,
provoque un sourire amer chez n’importe quel citoyen ordinaire. Un ancien
membre de Politburo, chargé de la propagande pour justifier l’invasion
soviétique en 1979, occupe aujourd’hui la fonction d’ambassadeur
d’Afghanistan aux Nations Unies. Un ancien militaire responsable des
services secrets sous le régime pro soviétique, connu pour avoir torturé
des détenus sous le régime communiste, est aujourd’hui le porte-parole au
ministère des Affaires étrangères. Avec un passé obscur au coté de Gulbudin
Hekmatyar et un comportement anormal, l’actuel procureur général est
lui-même soupçonné de corruption, un homme ayant été arrêté en possession
de drogue et soupçonné d’être un revendeur aux Etats-Unis, est nommé
le responsable pour la lutte contre la corruption. Malheureusement, des
exemples comme celui-ci ne manquent pas.
Malgré quelques progrès obtenus au prix d’énormes sacrifices, l’incohérence
généralisée et le manque de leadership de Pdt Karzai ne faciliteront pas la
tâche pour gagner la paix, la stabilité et surtout la confiance de la
population afghane.
C’est la tristesse et la gravité de cette situation
dramatique qui m’a amené à écrire ce message d’alerte.
***
Mehrabodin Masstan
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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