Texte publié dans Le Devoir du mercredi 10 septembre 2008
Avant d’attaquer les tours jumelles de New York, le 11 septembre 2001, l’organisation terroriste d’Al Qaida a réussi à introduire deux terroristes kamikazes originaires d’Afrique du Nord, déguisé en journaliste, dans le Nord Est de l’Afghanistan. Pendant leurs séjours de trois semaines ces deux faux journalistes ont demandé plusieurs fois de s’entretenir avec le seul chef charismatique et légendaire afghan qui continuait à commander une force de résistance contre les talibans et leurs alliés. Par manque de vigilance, la demande d’interview a été acceptée le matin du 9 septembre 2001. Normalement, il était prévu que le Commandant Massoud aille faire une tournée d’inspection des positions avancées le long du fleuve Kokcha, dans la province de Takhar. Pour en finir avec ces invités embarrassants, en fin de matinée, avant son départ, le Commandant Massoud décide d’aller devant la caméra pour répondre à quelques questions. Une fois installé dans le fauteuil, commençant a répondre a une ou deux questions, le terroriste cameraman ; qui avait caché sa bombe dans sa ceinture -porte – batterie, s’explose touchant mortellement le commandant sur le thorax ainsi que l’interprète et blessant quelques autres autour. Le chef de la Résistance a rendu l’âme dans les premières minutes suivant l’explosion. Pour éviter de démoraliser les troupes sur la ligne de front, la triste nouvelle fut cachée puis annoncée officiellement quelques jours plutard. Cet événement tragique a été perçu comme un choc morale et psychologique immense pour beaucoup de gens en Afghanistan mais aussi a travers le monde. Au de la d’un être humain ou d’un chef de guerre, Massoud représentait aussi l’espoir d’un peuple dans la souffrance, et le destin d’un pays si fragile et si vulnérable. Le grand vide qu’il laisse dans le paysage politique et militaire d’Afghanistan, est perceptible, même aujourd’hui plus que jamais.
En Juin 2002, lors de la Grande Assemblée Traditionnelle – Loya Jirga, cette journée du 9 septembre a été baptisé la « Journée Nationale des Martyrs », l’équivalent du 11 novembre, Jour du Souvenir, ici au Canada. Cette triste journée est célébrée officiellement chaque année à Kaboul et ailleurs à travers le pays, par des discours, des manifestations et des rassemblements à la mémoire du Commandant Ahmad Shah Massoud mais aussi, à travers lui, à la mémoire de tous les martyrs, connus ou inconnus.
Photo : réalisé par l’auteur,
La province de Baghlan
Octobre 1986
Qui était le Commandant Massoud
Fils d’un ancien officier de l’armée afghane sous la monarchie, Ahmad Shah Massoud est né en 1953 dans le petit village de Jangalak, dans la vallée du Panjshir. En suivant ses parents, il a séjourné dans plusieurs région d’Afghanistan ; notamment à Herat et Kaboul ou il avait étudié dans une école francophone puis il entra à l’école Polytechnique pour devenir ingénieur ou architecte. A l’âge de 18 ans, il est approché puis recruté par un mouvement d’étudiant « la Jeunnesse Musulmane », militant contre l’influence grandissant des communistes pro - soviétiques. Quelques années plutard, il sera à son tour responsable de recrutement de même mouvement devenu clandestin. En juillet 1974, ce mouvement nationaliste et islamique, considéré fondamentaliste par certains, envisage d’organise un coup d’Etat pour faire tombé le régime pro soviétique du Prince Daoud, pour instaurer a sa place un gouvernement d’obédience islamique - nationaliste. Les officiers de l’armée, recrutes par le mouvement avaient donne l’assurance de pouvoir déclencher un coup d’Etat sans effusion de sang dans la capitale. Parallèlement, un groupe de militant membre de la « Jeunesse Musulmane » avait la charge de déclancher quelques opérations coup de mains dans quelques localités, hors de la capitale, afin de faire diversion aux forces de la sécurité. Ahmad Shah avec le nom de code Massoud, « le chanceux », avait la charge pour diriger l’opération pour prendre le contrôle de district du Panjshir. A la tête d’un groupe de jeunes gens, il sera le seul à réussir à prendre le contrôle du district pendant quelques heures. Faute de leadership éclairé et efficace au sein du mouvement et de quelques trahisons, le fameux coup d’état n’a pas été déclanche et la révolte fut immédiatement neutralisée par les forces de sécurité gouvernementale avec le concours de la population locale. Par la Le Tirant les leçons de cette cinglante échec, Massoud rentre a nouveau dans la clandestinité.
Après le coup d’Etat communiste du 27 avril 1978, Massoud réapparaît en commandant un groupe de résistant dans la vallée du Kunar puis dans sa vallée natale du Panjshir à une centaine de kilomètre au nord de Kaboul. Au bout de quelques mois de résistance, blessé à la jambe, il sera obligé de se replier dans les hautes montagnes du Panjshir. Cache et pris en charge par la population locale, il ne quittera plus jamais cette vallée stratégique. Par sa force de caractère et par sa proximité auprès de la population, il réussit à se faire accepté et aimé en tant que Chef incontestable, aussi bien par ces propres hommes que par la population civile. Pendant plus de 20 années de guerre, le Commandant Massoud sera le seul chef moudjahiddins à mettre en place une organisation militaire et civile dans une région du pays. Une sorte de mini gouvernement dans un pays en guerre. C’est ainsi qu’il résista contre 13 offensives de l’armée rouge dans la vallée du Panjshir, puis contre une dizaines d’attaques taliban. Après avoir combattu l’invasion soviétique avec efficacité et succès, il sera le seul chef sur le terrain à mener la résistance contre l’extrémisme islamiste, l’obscurantisme des talibans toute en dénonçant le terrorisme internationale.
En Avril 2001, lors d’un voyage officiel à l’invitation de Madame Nicole Fontaine, Présidente du Parlement Européen, le Commandant Massoud avait averti les occidentaux de la grande menace que représentait le terrorisme international a travers le triangle Taliban-Al Qaida-Pakistan. Malheureusement à cette époque les dirigeants occidentaux faisaient la sourde oreille pour ce genre de propos.
Sa force de caractère, son pragmatisme et la connaissance approfondie de la situation ont été ses caractéristiques de vrai leader, mais le manque de soutiens matériels, l’absence de collaborateur dévoué et sa timidité politique, lui ont toujours fait cruellement défaut. A titre d’exemple, il avait réussit a mener une résistance pendant plus de 5 ans contre les talibans et leurs alliés, avec presque rien, uniquement en s’appuyant sur ses qualité de Leader et sa propre popularité. En comparaison, aujourd’hui la communauté internationale est engagée en Afghanistan avec les moyens militaires et civils considérables. Mais le résultat reste extrêmement médiocre, pour ne pas dire inexistant.
En Afghanistan, pays de légende et de superstition, certains croient même que leur pays est frapper par la malédiction ; parce qu’il n’a décidemment aucune chance. Avec une histoire trouble et tourmenté, une géographie extrêmement difficile, des voisinages hostiles, un climat dure et aride, des montagnes a non finir, une économie maigre et sous développée, une agriculture moyenâgeuse, une population tribale ; divisé et déchiré, une jeunesse non éduquée, les femmes soumise et mal traitées, etc.…. En plus de tous cela, ils ironisent en disant : « quant nous avions enfin trouvé un vrai Chef comme Massoud, aucun pays ne nous a aidé, aujourd’hui que le monde entier est là pour nous aider, nous sentons cruellement de l’absence d’un vrai chef ; comme Massoud. »
Le 9 septembre 2001
L’Afghanistan célèbre « la Journée Nationale des Martyrs »
Tribune libre 2008
Mehrabodin Masstan5 articles
Ancien représentant de la résistance afghane en France, l’auteur habite Ottawa.
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