L'Acadie, terre de fierté nationale

Antonine Maillet, digne représentante des Acadiens

Tribune libre

Même si l’écho des bruits du Tintamarre acadien s’est éteint lentement pendant la nuit, j’ai cru bon de vous raconter en quelques lignes les origines de cette célébration acadienne soulignée à chaque année le 15 août.
On associe le célèbre Tintamarre à une tradition du Moyen âge qui consistait à faire du bruit pour marquer des événements tristes ou joyeux. Toutefois, l'origine acadienne de cette manifestation est bien plus jeune, car elle ne date que depuis 1955, lors des fêtes du bicentenaire de la déportation des Acadiens.
La première mention d’un tintamarre acadien fut le 10 août 1955 dans un dépliant à l’occasion de l’ouverture des fêtes du bicentenaire de la déportation des Acadiens. Dans ce dépliant, intitulé «Prière et instructions pour l'ouverture des fêtes du bicentenaire acadien, 10 août 1955», l'Archevêque de Moncton,
Mgr Norbert Robichaud, demande aux Acadiens et aux Acadiennes de manifester bruyamment leur présence, n premier signe du Tintamarre, mais qui était encore bien loin de la fête d’aujourd’hui et bien loin de la place publique.
En 1979, la Société Nationale des Acadiens, qui deviendra la Société Nationale de l’Acadie en 1992 pour l’occasion des fêtes du 375e anniversaire de la fondation de l’Acadie, propose de faire revivre cette coutume acadienne qui consiste à célébrer le plus bruyamment possible avec des instruments improvisés. Depuis, dans toutes les communautés acadiennes de l’Atlantique le 15 août à 18h00, les Acadiens et Acadiennes, maquillés et costumés aux couleurs du drapeau acadien, manifestent dans les rues par un défilé de gens ou automobiles au moyen d’instruments que seule l’imagination peut décrire.
C’est de cette façon que les Acadiens manifestent leur fierté acadienne et expriment chaque année par un tintamarre le 15 août à 18h00. Aujourd’hui, le Tintamarre est devenu une tradition qui veut que les Acadiens se fassent entendre, se rencontrent et s’affirment.
Antonine Maillet, digne représentante des Acadiens
Parmi les personnalités qui ont marqué l’Acadie, on ne peut passer à côté d’Antonine Maillet dont certaines de ses oeuvres littéraires ont rayonné à travers le monde. Antonine Maillet est née le 10 mai 1929 à Bouctouche, Nouveau-Brunswick, au cœur de l'Acadie. Après des études à l'Université de Moncton où elle obtient un baccalauréat en 1950 et une maîtrise ès arts en 1959, elle termine, en 1962, une licence ès lettres à l'Université de Montréal. Elle reçoit, en 1970, son doctorat ès lettres de l'Université Laval. Elle devient par la suite professeur de littérature dans différentes institutions universitaires.
Dramaturge et romancière, Antonine Maillet est l'auteur d'une quarantaine de livres dont Pélagie-la-Charrette et La Sagouine, tous deux traduits dans sept ou huit langues. Le roman Pélagie-
la-Charrette lui mérite une quinzaine de prix, dont le prix Goncourt qui est pour la première fois décerné, en 1979, à un écrivain hors de France.
Sa carrière et ses œuvres lui valent maintes récompenses et distinctions. Antonine Maillet est, entre autres, membre du Conseil privé de la Reine pour le Canada, compagnon de l'Ordre du Canada, commandeur de l'Ordre National du Mérite de France, commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres de France, chancelier émérite de l'Université de Moncton, officier de l'Ordre de la Légion d'Honneur de France, en plus d’avoir reçu pas moins de vingt-neuf doctorats honorifiques en littérature et en droit.
En terminant, en écrivant ces lignes, je ne peux m’empêcher de dresser un parallèle entre les Acadiens et les Québécois, deux peuples qui ont toujours eu l’heur de « se faire entendre, de se rencontrer et de s’affirmer ». Lors du printemps érable de 2012, les Québécois ont vécu leur « tintamarre » en faisant résonner leurs casseroles…peut-être serait-il pertinent de répéter annuellement ces manifestations lors de notre fête nationale!
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2095 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 août 2013

    Deux peuples...La bourgade dans sa tête...Désolant.
    Merci Ouhgo.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    16 août 2013

    Ben voilà:
    L'Amérique française d'abord divisée entre Acadie et Québec...
    Québec divisé entre Dépendantistes et Indépendantistes...
    Indépendantistes divisés entre PQ, QS, ON... entre jeunes et vieux, entre hommes et femmes, straight et gais-L-B-T-travestis...
    Ne reste plus qu'un vote homéopathique pour contrer les suppôts de Lord Durham
    Vive Antonine Maillet, la grande médaillée! (diplômée UdeM mais canadianisatrice nation builder anti QC)

  • Martin Perron Répondre

    16 août 2013

    Merci M. Marineau de souligner la fête des Acadiens. Une journée de fête qui ne leur est malheureusement pas reconnue comme fête chômée. Ce qui constitue une injustice grave quand on considère que la charte canadienne des droits et libertés assure des congés payés pour les fêtes de toutes les religions. On pense surtout aux Juifs, Musulmans, Sikhs (faut pas les oublier) et autres (?) qui se font un devoir de s'en prévaloir à nos frais.
    Ouhgo, votre commentaire est très intéressant. Je n'avais jamais remis en question la notion de peuple distinct pour les Acadiens, mais il est vrai que cette division ne faisait pas partie des plans de la Nouvelle-France. Et comme on entend dire qu'un million de Québécois ont au moins un ancêtre acadien (on ne parle pas ici de nos liens avec les Amérindiens et autres peuples), il faudrait bien abandonner un peu de notre différence pour célébrer davantage notre ressemblance et songer au pays comme une réalité à portée de main.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 août 2013

    Malheureusement pour la Nouvelle-France, l'histoire et la géographie ont fait fait des Acadiens un peuple distinct des Québécois.
    http://www.erudit.org/livre/CEFAN/1999-3/000567co.pdf
    Le drapeau acadien, l'hymne acadien, toute cette symbolique acadienne a expressément été créée pour les distinguer des Québécois.
    http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-517/Origine%20du%20drapeau%20et%20de%20la%20f%C3%AAte%20nationale%20des%20Acadiens%20:%20%20les%20conventions%20de%20Memramcook%20et%20de%20Miscouche#.Ug7EIZIz2So

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    16 août 2013

    "En terminant, en écrivant ces lignes, je ne peux m’empêcher de dresser un parallèle entre les Acadiens et les Québécois, deux peuples qui ont toujours eu l’heur de « se faire entendre, de se rencontrer et de s’affirmer »."
    Et bien, voilà justement où le bât blesse: Deux peuples, vraiment? Qui se rencontrent, vraiment?
    http://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/Nlle-France-Acadie.htm
    À la signature du traité de Saint-Germain-en-Laye en 1632, l'Acadie, le Canada, Plaisance, la Baie-d'Hudson et la Louisiane formaient les différentes colonies de la Nouvelle-France... avec à sa tête un gouverneur, était subordonnée au gouverneur général de la Nouvelle-France (en même temps gouverneur du Canada), qui résidait à Québec. En ce qui concerne l'Acadie, le gouverneur local devait non seulement rendre des comptes au roi et au ministre de la Marine, mais devait aussi dépendre de l’autorité directe du gouverneur général et de l’intendant de Québec. Certains gouverneurs généraux, tels le comte de Frontenac, considéraient l'Acadie comme leur arrière-cour et intervenaient militairement de façon régulière, souvent même sans en avertir le gouverneur de l'Acadie. C'est que, juridiquement, l'Acadie était une division administrative au même titre que Montréal et Trois-Rivières. En temps de guerre, le commandement suprême était à Québec, pas à Port-Royal, ni à Louisbourg, ni à La Nouvelle-Orléans. Mais la distance et les difficultés des communications rendaient la mainmise du gouverneur général plus aléatoire. De plus, la véritable autorité était à Versailles, non à Québec...
    De plus, si l'on reconnaît que 1605, fondation d'Acadie, précède de 3 ans la fondation de Québec, l'histoire démontre qu'il n'en resta que peu:
    Pierre Dugua de Mons fonda une colonie à l'île Sainte-Croix (aujourd'hui Dochet island, située dans le Maine et administrée par le Nouveau-Brunswick), mais la moitié des hommes de son expédition (36/80) décéda du scorbut durant l'hiver. La colonie se déplaça à l'été 1605 à Port-Royal...
    Des auteurs comme Antonine Maillet voguent sur leur réputation de romanciers honorés par le Canada pour entretenir le sentiment de "différence" entre Acadiens et Québécois et torpiller toute unité nécessaire pour vaincre ceux qui les ont déportés à répétition et qui aspirent à en faire autant de Nous.