OTTAWA | La saga SNC-Lavalin risque d’embêter le chef libéral jusqu’aux élections d’octobre, malgré l’expulsion de ses deux anciennes ministres.
Les troupes libérales ont vécu comme délivrance l’exclusion du caucus libéral de Jody Wilson-Raybould et Jane Philpott, mardi. Mais les libéraux ne devaient pas se réjouir trop vite, croit le politologue de l’Université Laval, Thierry Giasson. Les deux alliées dans la tempête ont multiplié les sorties publiques après avoir été mises à la porte de la famille libérale. Et rien n’indique qu’elles ont fini de déballer leur sac en public.
« Je ne serais pas surpris de les voir se lancer dans une tournée médiatique, de passer à la télé, pour parler de leur expérience, soutient l’expert en gestion de crise. Comme elles ne sont plus membres du parti, elles ont une marge de manœuvre plus importante. »
Le discours rempli de contradictions du premier ministre sur l’affaire SNC-Lavalin rend aussi M. Trudeau vulnérable à l’aube des élections, soutient M. Giasson.
Le premier ministre est demeuré ferme au cours de ce roman-feuilleton, niant toute forme d’ingérence politique reliée à son ancienne ministre de la Justice, afin de la convaincre d’aider SNC-Lavalin à éviter un procès criminel.
Gestion améliorée
Justin Trudeau a tout de même cru bon d’annoncer des mesures pour assurer une meilleure gestion de ses relations avec ses ministres et un plus grand respect de l’indépendance du système de justice.
« Le premier ministre propose des pistes de solutions à des problèmes qu’il refuse de reconnaître. Ça n’a aucun sens », dit le chercheur.
Le gouvernement Trudeau répète aussi à qui veut l’entendre qu’il respecte l’indépendance de l’actuel ministre de la Justice, David Lametti. Or, ce dernier entend chaque jour ses collègues libéraux vanter sur toutes les tribunes les mérites d’une entente à l’amiable avec SNC-Lavalin pour « sauver 9000 emplois ».
« Si ce n’est pas de la pression, je ne sais pas ce que c’est, dit M. Giasson. Les libéraux n’ont pas conscience de ce qu’ils disent. »
Ton moins poli
Le ton poli de Mme Wilson-Raybould et du Dr Philpott pourrait changer si elles décident de poursuivre leur carrière politique sous une autre bannière. Les verts et les néo-démocrates rêvent de frapper un coup de circuit en recrutant l’une ou l’autre des anciennes ministres libérales. Mais après avoir connu l’euphorie du pouvoir, accepteraient-elles d’aller réchauffer les banquettes de l’opposition ?
Justin Trudeau doit espérer que ses anciennes ministres vedettes poursuivent une carrière politique, si tel est le cas, ailleurs qu’à Ottawa.