Le jury qui a déclaré Richard Henry Bain coupable d’un meurtre non prémédité et de trois tentatives de meurtre a rendu une sage décision dans les circonstances. Cet attentat politique exige maintenant une peine exemplaire.
Plus le temps passe dans l’affaire Bain et plus il y a de l’espace pour un débat sur la dimension politique et terroriste de ses actes.
Cette réflexion aurait dû avoir lieu bien avant, au moment de déposer des accusations contre le forcené en robe de chambre qui a voulu tuer la nouvelle première ministre du Québec, Pauline Marois, et « le plus de séparatistes possible » lors des élections du 4 septembre 2012.
Mme Marois avait l’air bien seule sur le plateau de Tout le monde en parle, trois mois plus tard, lorsqu’elle a dénoncé l’attentat politique, bien réel, contre sa personne. On lui a reproché d’exagérer, alors qu’au contraire les gestes commis par Bain s’apparentaient à du terrorisme au sens du Code criminel.
Hélas, ce malaise à nommer le mal pour ce qu’il est subsiste encore, comme en témoigne la sortie épouvantable du ministre de la Santé, Gaétan Barrette. « J’aurais aimé ne pas voir ça arriver, a-t-il dit au sujet de l’attentat du Métropolis. Mais c’est la société. Quand vous faites trop bouger les choses, des choses comme ça peuvent arriver », a-t-il dit en anglais.
Que voulez-vous ? Mme Marois l’a cherché avec ses idées de faire du Québec un pays, aurait pu ajouter le ministre Barrette. On croirait entendre un Donald Trump du Nord.
Le ministre Barrette a écarté les motivations du tueur, qui souhaitait manifestement abattre la nouvelle première ministre et tuer ses partisans en mettant le feu à la salle de spectacles. Bain se disait inspiré par l’incendie criminel au Blue Bird, en 1972, un drame qui avait fait 37 morts.
« Nous parlons d’un extrémiste qui n’a pas eu une implication politique longue et soutenue », a avancé M. Barrette. Parlons plutôt d’un ministre irresponsable, qui vient de décharger l’assassin de sa responsabilité pour blâmer sa cible. Ses excuses sonnent faux, surtout quand on connaît la sauvagerie dont il fait habituellement preuve pour démolir et démoniser ses adversaires.
L’option souverainiste a beau être à bout de souffle, boudée par une majorité d’électeurs, ses partisans ne méritent pas d’être rabaissés de la sorte. De toutes les époques, le Parti québécois a rejeté l’extrémisme politique et la violence. Dans la droite lignée de ses prédécesseurs, Mme Marois a choisi les voies de la démocratie, du débat et du dialogue pour faire avancer l’option tant bien que mal. Il faut être franchement tordu pour reprocher quoi que ce soit aux souverainistes dans l’affaire Bain.
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PROCÈS BAIN
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