Julie Couillard n'avait pas droit à un passeport diplomatique

L'opposition est insatisfaite des réponses évasives du gouvernement Harper

"L'affaire Maxime Bernier"

Ottawa -- Le gouvernement conservateur a déclaré du bout des lèvres hier que l'ex-conjointe du ministre déchu Maxime Bernier, Julie Couillard, ne détenait pas de passeport diplomatique. Ce démenti subtil n'a toutefois pas calmé les craintes de l'opposition.
Depuis deux jours, les partis d'opposition à la Chambre des communes se demandent avec quel document de voyage Mme Couillard avait pu franchir les frontières internationales quand elle accompagnait le ministre des Affaires étrangères dans ses voyages officiels. Utilisait-elle le passeport bleu régulier ou jouissait-elle du traitement privilégié découlant de la détention d'un passeport vert (spécial) ou rouge (diplomatique). Les partis veulent connaître ce détail car, en théorie, ces passeports verts ou rouges sont obtenus au terme d'une enquête. Si Mme Couillard en détenait un, alors ce serait la preuve que le gouvernement connaissait ses antécédents louches avec des personnes proches ou membres en règle de groupes criminels.
Le gouvernement a finalement consenti à une réponse hier. «Les règles de Passeport Canada sont claires, a déclaré le leader en Chambre Peter Van Loan. Pour obtenir un passeport diplomatique, une personne doit être mariée légalement ou être un conjoint de fait au sens de la loi. [...] Bien que je répugne à m'aventurer sur cette voie, je ferai remarquer que l'ancien ministre des Affaires étrangères n'était pas marié, pas plus qu'il n'était dans une relation de conjoint de fait lorsqu'il était ministre.»
Ces assurances n'ont pas complètement convaincu l'opposition. «J'ai compris qu'on ne voulait pas répondre, a lancé le député bloquiste Pierre Paquette. On peut très bien imaginer qu'elle l'a obtenu par d'autres voies, qu'il y a eu une exception qui a été faite. Il faut se rappeler que Maxime Bernier était quand même le ministre des Affaires étrangères. Donc, si véritablement il avait voulu nous répondre, il aurait dit oui ou non.»
Le député libéral Denis Coderre fait en outre remarquer que le gouvernement a au mieux écarté la thèse d'un passeport diplomatique, le plus officiel des trois, mais pas celle d'un passeport spécial de couleur verte. Il a même brandi le sien, vert aussi, pendant son point de presse.
Le Parti libéral réclame en outre une enquête «indépendante» pour comprendre comment des documents gouvernementaux classés secrets ont pu être égarés si longtemps chez Julie Couillard sans que personne au ministère des Affaires étrangères ne s'en rende compte. Le gouvernement dit simplement que le ministère des Affaires étrangères mène une «révision» de la situation et pourra faire appel «aux ressources du gouvernement, quelles que soient les agences jugées nécessaires, pour les aider». Le libéral Bob Rae veut plus.
«C'est une question de principe très simple de justice. Quelqu'un ne peut pas se juger soi-même, alors il faut donner la capacité de faire une enquête à quelqu'un qui est vraiment indépendant du gouvernement. Ce n'est pas déraisonnable. Cela n'a rien à voir avec la confiance qu'on a ou pas envers un ministère.»
Julie Couillard dit avoir eu les documents du ministre à son domicile depuis environ la mi-avril. Elle les aurait retournés dimanche dernier, quoique le gouvernement refuse de fournir une date. Une source proche de l'entourage de M. Bernier a confié au Devoir que les documents en question n'étaient pas si importants et qu'ils ont plutôt offert une belle excuse au gouvernement pour se débarrasser d'un ministre devenu encombrant.


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