Voilà, ça y est ! Au moment où j'écris rapidement ces quelques lignes, le gouvernement libéral s'apprête à promulguer une loi spéciale pour mettre fin au conflit étudiant.
Faut-il le rappeler ? La grève étudiante est tout à fait légale. En outre, elle ne nuit en rien à l'activité économique. Quant à la sécurité publique, on ignore encore qui au juste a commis les quelques actes qui, jusqu'ici, ont pu la pertuber quelque peu. Cependant, l'hypothèse d'agents provocateurs circule et rien ne permet de l'écarter, tant sont nombreuses les déclarations de témoins oculaires qui la confortent et tant notre passé en confirme la parfaite plausibilité.
Par conséquent, contre des étudiants qui ne font qu'exercer leur droit le plus strict de s'opposer à une hausse inique de leurs frais de scolarité, le recours à la force et à la coercition dépasse toute mesure et, si ce n'est carrément du fascisme, cela commence tragiquement à y ressembler.
La révolte des Carrés Rouges, ce n'est quand même pas la Commune de Paris ! Gardons-nous de comparer les pommes et les oranges. Mais il existe malgré tout, et toute proportion gardée, quelques ressemblances entre les deux mouvements. D'abord, la même soif de justice sociale les anime. Ensuite et enfin, c'est à un pouvoir politique semblable qu'ils font face, un pouvoir politique tout aussi soumis aux classes possédantes que traître à la Patrie. Car, rappelons-le, alors que les Communards voulaient poursuivre la résistance face aux Allemands qui assiégeaient Paris, les Versaillais, eux, pactisaient avec Bismarck pour écraser les insurgés. Tout comme la rapace qui, ici, compte sur Ottawa comme rempart ultime de ses privilèges.
Aussi est-ce bien à l'une des pires pourritures de toute l'histoire de France que John James Charest risque d'être désormais comparé, s'il n'y prend garde, j'ai nommé Adolphe Thiers, sombre précurseur du collabo Pétain et surnommé à juste titre le boucher de la Commune de la Paris. Oh ! sans doute notre premier ministre s'en balance-t-il, sachant qu'au Québec, le nom de Thiers n'évoque pour ainsi dire rien. Mais un restant d'honneur ne devrait-il pas néanmoins le pousser à renoncer à des mesures dont l'adoption rendrait objectivement pertinente la comparaison entre lui et le plus que répugnant petit personnage de Thiers ? Évidemment, je ne m'y attends pas du tout. Cette racaille-là, la vraie, celle au service des puissants, cette racaille-là, non, n'a pas plus le sens de l'honneur que celui de la justice.
Luc Potvin
Verdun
Le Québec a désormais son Adolphe Thiers
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
24 mai 2012Ce qui est étrange, c'est que QS qui est le parti le plus progressiste au Québec ne profite pas de la grogne populaire présentement.
À croire que ce n'est pas vraiment la société méritocratique à la capitaliste que les citoyens remettent en question mais la façon d'administrer du gouvernement Charest.
D'ailleurs, on n'entend pas parler des gens qui ne mangent pas à leur faim au Québec (parce qu'il y en a, l'ONU vient de nous le révéler) ou des gens qui n'ont même pas un toit au-dessus de leur tête etc...
Il semble que c'est simplement la façon du gouvernement Charest d'administrer la province qui fait défaut aux yeux des gens.
Archives de Vigile Répondre
24 mai 2012Petite précision. J'ai envoyé ce texte à Vigile le jeudi soir 17 mai, il y a donc une semaine. Croulant alors fort probablement sous une avalanche de textes tous plus pertinents les uns que les autres, M. Frappier a dû tout simplement loupé le mien, ce dont je n'ai pas cru nécessaire de l'informer car, dans les circonstances, je ne pouvais lui en tenir rigueur.
Cela dit, si Charest rappelle Adolphe Thiers tant par sa soumission inconditionnelle aux forces de l'argent que par son esprit collabo, il rappelle aussi, bien sûr, et même s'il n'en a pas le vernis, un autre personnage bien mieux connu chez nous, Trudeau, lui-même grand émule de Thiers.
Au fond, tous ces gens pour qui priment la loi et l'ordre se ressemblent. Au service exclusif d'une classe dominante qui entend le rester, ils n'ont que deux méthodes pour gouverner : d'abord la ruse, pour ne pas dire la rouerie, ensuite, quand la ruse ne suffit plus, la coercition, ou la matraque, si vous préférez.
Sont-ce des dictateurs ? Pas vraiment. Plutôt des pantins, ce qui s'avère souvent plus dangereux encore. Car, pantins, ils ne sont que la façade d'une oligarchie qui opère plus ou moins dans l'ombre. À cet égard, je ne résiste pas à l'envie de vous fournir un lien Internet vers un autre article du grand Bernard Desgagné paru le samedi 19 mai sur le site du journal Le Québécois : http://www.lequebecois.org/chroniques-de-bernard-desgagne/loi-matraque-ca-vous-etonne.
Luc Potvin
Verdun
NB : Thiers, « le boucher de la Commmune de Paris», bien sûr, et non de « la Commune de la Paris », comme j'ai écrit dans mon texte. Simple coquille.