Inspiré par la lecture de quelques très bons textes présentement en ligne sur Vigile, notamment celui de M. Simon Blais, je viens tout juste d'avoir une idée dont je m'empresse de vous faire part, surtout au cas où, parmi vous, chères lectrices et cherches lecteurs, se glisseraient, chose fort problable, quelques braves grévistes arborant le carré rouge.
Sur nos étudiants, on le sait, varge à tours de bras un gouvernement aux ordres du grand capital. Mais n'est-ce qu'à lui qu'ils font face ? Non, bien sûr. Ils affrontent aussi son bras armé, la police, mais, plus encore, des médias où, chaque jour davantage, et sauf exception, éditorialistes, chroniqueurs, animateurs et commentateurs rivalisent de démagogie et jouent à qui sera le plus réactionnaire.
Alors, me suis-je dit, pourquoi pas, enfin, une bonne manifestation contre, directement contre ces médias ? Des médias, rappelons-le, qu'on nous présente souvent comme le quatrième pouvoir censé contrebalancer les trois autres -- l'exécutif, le législatif et le judiciaire --, mais dont on constate et dont on mesure de plus en plus l'inféodation et la soumission à celui qui les surplombe tous, le financier.
À Montréal, pareille manif devrait pouvoir s'organiser sans grande difficulté. Il existe déjà un lieu tout désigné : le Carré de la Grosse Vache, je veux dire le Square Victoria. C'est à une intersection où se trouvent, à tout juste quelques pas l'un de l'autre, deux intéressants sièges sociaux, d'un côté celui de Power Corporation, propriétaire de La Presse et partenaire de Radio-Cadenas et, de l'autre, celui de Quebecor, propriétaire du Journal de Montréal et du Réseau TVA.

Non, il n'y a vraiment pas meilleur endroit, je pense, où dénoncer la propagande antisociale des médias-menteurs, comme les appelle avec tant de justesse Bernard Desgagné. Là même où ont campé les indignés à l'automne 2011, je verrais très bien une foule immense porteuse de pancartes, dont certaines montrant les Pratte, Dubuc, Gagnon, Martineau, Duhaime, Aubin et autres Samson à quatre pattes et bien tenus en laisse par leurs maîtres respectifs, Paul Desmarais et PKP. Assurément, cela aurait au moins une certaine portée pédagogique.
Tant qu'à avoir déjà mauvaise presse !...
Et tant qu'à se battre contre le pouvoir, aussi bien en affronter la source même plutôt que le paravent !
Pourquoi pas ?
Luc Potvin
Verdun