Le 1er novembre 2010, j’étais de ces 50 jeunes militants souverainistes qui sortaient en trombe pour dénoncer la stratégie de gouvernance souverainiste prônée par Pauline Marois et le Parti québécois. Je me souviens très bien des suites de cette sortie. Nous fûmes traités de tous les noms possibles et imaginables par des bonzes du parti à l’ego incroyablement démesuré.
Cette crise avait été plutôt mal gérée. Nous avons été plusieurs à réfléchir, à envisager sérieusement de quitter définitivement le parti. Certains l’ont fait, d’autres non. D’autres encore l’ont fait pendant quelque temps pour se donner l’occasion de réfléchir aux différentes options et soupeser l’importance de leurs convictions. J’en fus.
Malgré les zones de turbulence traversées, je garde un souvenir positif et inspirant de ces mois qui ont suivi mon départ du PQ en tant que militant actif. Je souhaite à tous d’avoir l’occasion un jour de se remettre en question, de prendre quelques instants pour se demander : « Suis-je vraiment là où je devrais être ? »
Quand on commence à s’impliquer en politique, on a l’impression d’entrer en religion. On s’accroche alors solidement une paire d’oeillères que l’on n’enlève pas très souvent. Il est parfois bon de prendre une période d’arrêt, de retirer ses oeillères et de regarder au loin. C’est ce que je fis. Au cours de cette période, j’ai eu l’occasion de lire en profondeur les programmes des formations politiques, de suivre de près leurs propositions, de me faire une tête, comme on dit. Il y eut aussi cet historique conflit étudiant qui me permit de faire progresser ma réflexion.
Considérant mon passé revendicateur et mes récentes prises de positions tranchées, je me suis quelquefois fait demander quelles étaient mes allégeances dans le cadre de la campagne électorale à venir. Maintenant que ma réflexion est terminée, j’aimerais partager les fruits de celle-ci pour démontrer que le chemin qu’elle m’a permis de parcourir n’a rien d’un retour sur le passé. Il s’agit davantage d’une ouverture vers l’avenir. Bien humblement, je crois que cela peut permettre d’éclairer certains de mes concitoyens qui se retrouvent encore en plein brouillard politique.
D’abord, après avoir analysé les idées proposées par les différentes formations politiques, deux constats clairs me sont apparus. Je suis un souverainiste convaincu et clairement social-démocrate. Considérant cela, le corporatisme puant du Parti libéral et l’opportunisme éclatant de la Coalition avenir Québec éliminaient d’emblée la possibilité que je puisse appuyer l’un ou l’autre de ces partis. Leur appui de connivence à la loi 78 n’a fait que prouver que tant au PLQ qu’à la CAQ, c’est la chasse aux grands argentiers qui prime le bien-être du citoyen. Désolant. Décevant.
Il restait alors le Parti québécois, Québec solidaire et Option nationale. Je dois l’avouer, plusieurs idées progressistes de ces deux dernières formations ont trouvé écho à mon oreille. Je suis profondément convaincu que les militants de Québec solidaire et d’Option nationale sont là pour les bonnes raisons, pour des causes nobles qui ne me laissent pas impassible. Or, malheureusement pour eux, le contexte politique actuel appelle à beaucoup de prudence et de stratégie. Oui, oui, stratégie, ce mot qui fait tant grincer des dents, mais qui est en même temps si important.
Après tout, il ne faut pas se leurrer. Actuellement, l’élection d’un gouvernement libéral demeure tout à fait possible. Un gouvernement libéral, faut-il le rappeler, c’est le matraquage de nos étudiants, c’est la vente à rabais de nos ressources naturelles, c’est les enveloppes brunes à profusion de la part d’expéditeurs douteux, c’est la résignation tranquille au sujet de la question nationale. Je ne puis donc accepter un seul instant la possibilité que ce gouvernement usé et corrompu puisse être réélu. Pour moi, cela dépasse l’entendement. Il faut donc se tourner vers l’option la plus crédible pour battre le PLQ, c’est-à-dire le Parti québécois.
J’avouerai que mon amour envers Pauline Marois n’a pas tant crû au cours des derniers mois. Je la trouve encore un peu maladroite et hautaine à certaines occasions. J’admire tout de même sa capacité à réunir une équipe solide en vue des prochaines élections. C’est sans contredit l’équipe la plus forte que le Québec aura connue ces dernières années, et ce, tous partis confondus. L’arrivée des Duchesne, Lisée, De Courcy, qui s’ajoutent aux Hivon, Drainville, Girard, Cloutier, Ouellet, fait de cette équipe un dynamique gouvernement en devenir. C’est important, l’équipe. Après tout, est-ce que Lesage aurait pu réaliser la Révolution tranquille sans les Lévesque, Gérin-Lajoie, Lapalme et autres ? Assurément pas.
Bon, je ne suis pas encore convaincu au sujet de Mme Marois, comme plusieurs autres Québécois, mais je crois que nous devons tous rester ouverts. De bonne foi, je ne demande qu’à être convaincu que j’ai eu tort, que cette femme a l’étoffe d’une chef d’État. La campagne électorale sera une occasion en or pour voir ce qu’elle a dans le ventre. Si elle gagne l’élection et réalise les engagements qu’elle a pris, elle méritera notre plus grand respect.
Bernard Landry, un homme que j’ai admiré, répétait souvent cet adage : « La patrie avant le parti, le parti avant les individus. » Je m’inscris donc dans cette lignée. Certains vautours pourront donc me taxer d’avoir tergiversé, d’avoir douté, d’avoir réfléchi. Sincèrement, je n’en ai rien à cirer. Plus que jamais, je suis profondément convaincu que plutôt que de revenir sur mes pas, j’ai progressé vers d’autres horizons. Mes convictions se sont raffermies.
Pour moi, avant toute considération partisane, avant toute velléité personnelle de part et d’autre, le Québec a besoin d’un gouvernement du Parti québécois au plus vite, pour sortir de ce marasme paralysant qui nous afflige depuis trop longtemps déjà.
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Jerry Beaudoin - Enseignant au primaire et membre du Parti québécois
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Bon, je ne suis pas encore convaincu au sujet de Mme Marois, comme plusieurs autres Québécois, mais je crois que nous devons tous rester ouverts.
Actualité indépendantiste
Jerry Beaudoin9 articles
Lac-Etchemin - L'auteur est enseignant et journaliste. Il était l'un des 50 signataires qui sont sortis contre la stratégie souverainiste de Pauline Marois l'automne dernier.
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