C'est assez spécial quand même d'entendre Christiane Charette s'enliser toujours plus dans son anglophilie et ramper devant la toute-puissance de la langue anglaise. En fait d'esprit de colonisé fini, il est difficile de faire pire. En fait de réflexion, il est difficile de faire plus étriqué.
L'autre jour, en parlant du spectacle de danse de Juliette Binoche, une comédienne française, Mme Charette a voulu justifier la présence de textes uniquement en anglais dans les spectacles donnés à Paris et à Montréal. Première raison: le chorégraphe est unilingue anglais. Tiens, tiens, c'est étrange tout de même que les unilingues anglais n'aient pas besoin d'être bilingues pour se sentir intelligents et «ouverts sur le monde». L'unilinguisme est une dangereuse tare seulement lorsqu'on parle le français, qui est une langue d'arriérés, voyez-vous, et qui sert seulement à se replier sur soi. En revanche, avec la langue dollar qu'est l'anglais, le monde du fric est à vos pieds. C'est ça, la vraie «ouverture sur le monde»: vendre son âme, sa fierté et son intelligence pour une poignée de billets.
C'est étrange aussi de voir comment seuls les gens qui ne parlent qu'anglais sont incapables d'apprendre une autre langue. Quand un unilingue de langue française travaille pour un patron qui parle anglais, l'unilingue devient magiquement bilingue. Ce truc de magie fonctionne seulement pour les autres langues, pas pour ceux qui parlent anglais. La magie, pour eux, c'est plutôt que les autres se prosternent devant leur langue.
Deuxième raison: le spectacle est donné dans plusieurs pays et l'anglais est la langue de tout le monde, comme dirait Julius Grey, ce qui est proprement ridicule et totalement faux. Allez donc voir les Japonais et les Chinois pour les entendre baragouiner l'anglais comme je parle arabe. Ils s'en fichent éperdument, de l'anglais. Le français est une langue internationale aussi, et les sous-titres, ça existe. Pourquoi les Japonais, les Chinois, les Indiens ou les Saoudiens iraient-ils voir davantage un spectacle de danse en anglais qu'un spectacle de danse en français? C'est de la connerie pure et simple, cette idée que l'anglais est la langue du monde. C'est la langue du monde dans la tête des Américains, des Britanniques, des Canadiens anglais et des autres suprémacistes anglo-saxons. C'est la langue du monde pour ceux qui se sont laissé enfermer dans l'idéologie et l'univers culturel définis par les suprémacistes pour assouvir leur grand besoin de domination. Pour le reste du monde, l'anglais est la langue des affairistes et des obséquieux.
Christiane Charette est vraiment l'animatrice idéale pour Radio-Canada: elle explique gentiment aux petits Québécois, dans leur langue de repliés sur soi, qu'ils ne peuvent aller nulle part sans apprendre la seule vraie langue qui compte vraiment, la langue du maitre bienveillant qui les a conquis pour leur bien et sans lequel ils croupiraient dans le sous-développement. Elle leur redit la même chose constamment, de diverses manières, avec divers invités. D'autres le répètent comme elle à Radio-Canada ou dans La Presse, sur d'autres tons, à d'autres heures, avec d'autres décors et d'autres musiques. Mais, le message est toujours fondamentalement le même: vous êtes inférieurs à l'autre, à moins de parler sa langue.
Pas étonnant que Pauline Marois pense à peu près comme Christiane Charette. À force de subir le lavage de cerveau opéré par Radio-Canada et financé avec l'argent des contribuables, la pauvre dame grenouille a perdu le nord et ne s'aperçoit pas que l'eau qui chauffe, dans laquelle elle baigne si confortablement, va bientôt devenir bouillante. Elle y laissera sa peau sans même se débattre pour la peine.
Les discussions oiseuses sur la protection de l'identité, de la langue et de la culture par l'opération du Saint-Esprit et les mesures symboliques ne sont qu'égarements de minoritaires refusant de voir la domination qui les étouffe. On nous tronçonne les chairs pour nous enlever tantôt un aéroport, tantôt une bourse, tantôt une commission des valeurs mobilières. On nous vole pour entretenir l'apartheid linguistique de McGill avec son mégachu et pour nous enfoncer encore plus dans le crâne que nous sommes des incapables. De serviles arrivistes bradent nos paysages et nos rivières entre autres pour enrichir des financiers obscènes qui, par scribouilleurs interposés, nous crachent au visage l'idée que nous sommes enfermés pour toujours dans leur fédération monarchiste débile.
On ne peut pas parler de langue sans parler du reste, c'est-à-dire du problème de fond qu'est la domination entière subie par le peuple québécois. Un peuple ne peut pas vivre amputé de la quasi totalité de ses médias et de la moitié de ses instruments politiques et de ses leviers économiques. Un peuple ne peut pas s'épanouir quand on lui achète son génie de bâtisseur et sa fierté et qu'on draine ses ressources pour la construction d'une nation qui le phagocyte. La régression linguistique et l'étouffement culturel sont des manifestations de la domination plus large qui nous encercle en entier, et non uniquement dans notre langue et notre culture. Quand Christiane Charette l'anglophile nous fait son prêche, ce n'est pas seulement notre langue qu'elle infériorise, mais tout notre être.
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5 commentaires
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
19 janvier 2009Oui, M. G.-E. Cartier,
Passer à autre chose, pour oublier cette désormais pathétique image de Gospel des asservis que prend Vigile dans cette mélopée lancinante que très peu d'assimilés triomphants se donnent la peine de lire puisqu'ils nous voient comme un reliquat négligeable de ceintures fléchées...
Georges-Étienne Cartier Répondre
18 janvier 2009La fascination bébé de Christiane Charette pour les "vedettes"
( définies telles du seul fait de passer à son émission
"vedette" de "vedette" elle même fabriquée à coups de publicités poseuses "pro domo" par Radio-Can...!) dont rien de ce qui émane ne peut être qu`extraordinaire, si moche et plat et ...soit-ce, signe sa totale non signifiance personnelle.
Passons donc maintenant à autre chose...
Archives de Vigile Répondre
18 janvier 2009J'aime le ton de votre article. Il est important de mettre les points sur les i et les barres sur les t.
Je pense qu'il faut changer d'attitude devant cette glissade. Il faut que nous arrêtions de nous contenter de chiâler et que nous commencions à réclamer des changements.
Je ne me prive jamais de prendre le clavier et de dire à C Charette ce que je pense quand j'ai le sentiment qu'elle débloque.
Et je crois qu'il faut le faire avec constance. Et plus nous serons nombreux à nous exprimer, plus cela commencera à leur faire prendre conscience qu'on les entend et qu'on les écoute.
En passant ça me rappelle quand il a été question de la québécoise Pascale Picard. Justement c'était à l'émission de Charette. Un invité se questionnait et s'étonnait dur fait qu'elle ne chante qu'en anglais. Et il y avait la satrape de la Presse, Petrowski qui l'excusait en disant ben voyons elle est pas capable d'écrire en français... Pôvre tite Pascale.
Vous avez raison de dénoncer cette anglophilie insensée et je vous appuie entièrement. Et j'agis et agirai en conséquence chaque fois que la situation se présente.
Archives de Vigile Répondre
18 janvier 2009Depuis que Radio-Canada a foutu à la porte tous les journalistes et commentateurs culturels qui ont une pensée un tant soit peu indépendantiste, il ne reste plus que des perroquets de service qui ne font que refléter la pensée de leur maître. Et le but de tous ces laquais de service est d'être récompensé un jour en étant nommé lieutenant-gouverneur, à la manière de Michaëlle Jean et Adrian Clarkson qui était toutes deux journalistes à la télévision publique de l'état canadian.
Et vive l'impartialité journalistique et culturelle.
Le remède? L'indépendance du Québec!!!
Jacques Lamothe (Trois-Rivières)
Jean-François-le-Québécois Répondre
16 janvier 2009Comment dire... connaissez-vous quelqu'un qui prend vraiment au sérieux Christiane Charrette, en vérité?
Depuis le nombre d'années que Radio-Canada, à la télévision comme à la radio, nous impose cette animatrice ennuyante et fade; et tente de nous la présenter comme une animatrice «branchée», et tout et tout...
Je pense entre autres à un ancien message publicitaire où Mme Charrette, encore vêtue d'un tailleur-pantalon noir, s'amusait avec deux tables tournantes, supposément à la façon d'un jeune disk-jockey ou «MC» adepte de scratch-mix et de musique Hip Hop; je me disais, Ouch! Mauvaise tactique de mise en marché (appelons ça mettre une femme totalement hors de son élément)...
Je crois que Christiane Charette, c'est de toute façon, une créature fabriquée par Radio-Canada pour nous vendre ce genre d'idées (concernant la langue anglaise, notamment). Mais se rend-elle compte à quel point elle n'est, pour ainsi dire, «pas dans le coup»? Elle serait plutôt... dans le champ, disons!