François Legault est inquiet et ça paraît. L’arrivée d’un nouveau chef au Parti québécois, qui pourrait être, tout comme lui, un homme d’affaires prospère en la personne de Pierre Karl Péladeau, égrène ses espoirs de jouer sur cette corde pour faire mousser son parti auprès d’un électorat volatil, capricieux mais à tout le moins fasciné par la réussite et la richesse.
Si les électeurs ont le choix entre deux personnalités qui incarnent un même profil d’entrepreneur, il est fort probable qu’ils choisiront la plus prospère. Et en cette matière, il n’y a pas de photo, PKP caracole au sommet du palmarès.
Après avoir incarné monsieur austérité et monsieur propre, lors des deux précédentes campagnes électorales, le chef de la CAQ se cherche une posture qui pourrait lui permettre de se démarquer de l’austérité de Philippe Couillard et de prendre ses distances avec un Pierre Karl Péladeau qui met davantage l’emphase, dans sa rhétorique, sur la richesse.
Pourquoi l’indépendance? « Pour devenir plus riche, répète ce dernier à profusion. Il l’a encore une fois martelé à Trois-Rivières lors du débat à la chefferie, mercredi dernier, devant ses partisans chauffés à bloc et ses adversaires qui le talonnaient sur son plan de match pour l’indépendance, ses relations avec les syndicats ou encore sur les paradis fiscaux.
L’existence même de la CAQ
La question, au fond, pour le parti de François Legault, est purement existentielle et on peut la résumer en ces termes : la CAQ arrivera-t-elle, encore une fois, à se glisser entre les deux partis traditionnels que sont le PLQ et le PQ au prochain scrutin? C’est carrément l’avenir du parti qui est en jeu.
Encore là, rien n’est joué. Car même si le parti arrive à faire un score tout à fait honorable au prochain scrutin, le supplice de sa survie se posera encore. On devine qu’il existe sans doute pour un parti des alternatives plus intéressantes que celle d’arriver toujours troisième.
Le temps compte en politique. Le chef de la CAQ ne peut l’étirer éternellement. Mario Dumont le sait fort pertinemment. L’opposition ça forme un temps mais ça use le reste du temps.
C’est là où les questions sociétales, de la lutte à l’intégrisme au vivre-ensemble en passant par l’immigration deviennent un filon intéressant pour le jeune parti. Comme on sent le PLQ fragile sur ces problématiques et PKP confus, au point de changer d’idées à chaque semaine, ne serait-ce qu’au sujet du port des signes religieux par les fonctionnaires, par exemple, il y a là assurément une brèche dans laquelle s’engouffrer.
Remarquez que François Legault n’a pas tort de soulever les grosses lacunes de notre système en matière d’immigration mais il rêve en couleur lorsqu’il s’imagine pouvoir rapatrier certains pouvoirs du gouvernement fédéral.
L’immigration: maitriser 67% c’est bien, 100 % c’est mieux
C’est déjà bien que l’on soit parvenu à contrôler cette portion de l’immigration grâce aux termes de l’Accord Canada-Québec de 1991. Certains se contenteront de ce compromis. D’autres, dont je fais partie, veulent plus.
Ouvrir la porte à qui on veut, quand on veut, c’est être maître chez soi. L’indépendance trouve du coup un terrain d’application très concret. Legault le sait pertinemment, lui qui a été convaincu pendant très longtemps de la pertinence du projet indépendantiste.
C’était avant l’époque des caribous… il n’y a pas si longtemps.
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