Pauline Marois (Photo PC)
Norman Delisle - Le Parti québécois souhaite que tout ce qui relève de l'immigration au Québec soit complètement sous la responsabilité du gouvernement québécois.
En conférence de presse, mardi matin à Québec, la chef du Parti québécois Pauline Marois a invité le premier ministre Jean Charest et le chef de l'Opposition officielle, Mario Dumont, à mettre de côté leurs divergences sur la question. Elle leur demande de se joindre à elle pour qu'il n'y ait plus d'ambiguïté: le Québec doit être entièrement responsable de tout ce qui concerne l'immigration sur son territoire.
Mme Marois y voit une réclamation tout à fait légitime puisqu'à Ottawa, le premier ministre Stephen Harper a récemment reconnu que le Québec formait une nation.
Actuellement, cette responsabilité de la gestion de l'immigration est partagée entre le gouvernement fédéral et le Québec, à la suite des accords appelés Cullen-Couture signés en 1978 et reconduits en plusieurs occasions depuis cette date.
Ottawa a notamment la responsabilité d'accueillir les réfugiés politiques et de veiller à la réunification des familles, tandis que Québec s'occupe de la venue des immigrants investisseurs et de l'intégration de l'ensemble des immigrants.
La chef péquiste pense qu'il y a encore de la place pour augmenter le nombre d'immigrants au Québec. Toutefois, elle estime que les nouveaux arrivants doivent être mis au courant qu'il s'agit d'une société francophone, laïque, démocratique, où l'on croit en l'égalité entre les hommes et les femmes.
Par ailleurs, Pauline Marois estime que les immigrants devraient être mieux répartis à travers la province afin de pallier le manque de ressources et de main-d'oeuvre. D'ailleurs, elle se dit d'accord avec Jean Charest pour la reconnaissance des diplômes des immigrants, mais souhaite aller plus loin en établissant des ententes au préalable avec les universités latino-américaines, européennes et africaines.
Le PQ privilégie également l'immigration francophone puisque l'objectif est d'intégrer les nouveaux arrivants à la société québécoise. Selon Mme Marois, il faut briser la perception voulant que le Québec soit bilingue et expliquer aux immigrants que le Québec est une nation francophone qui respecte les droits de la minorité anglophone.
Pour sa part, la ministre québécoise de l'Immigration, Yolande James, juge que l'accord actuel qui lie le Québec à Ottawa en matière d'immigration est suffisant.
«Cet accord nous permet de sélectionner 66 pour cent de nos immigrants, soit les immigrants économiques. On a ce contrôle de choisir les gens qui pourront s'intégrer à nos valeurs, a dit Mme James. Le Québec a tous les pouvoirs qu'il faut pour s'assurer de bien choisir nos immigrants.»
La ministre James a par ailleurs invité le chef de l'Action démocratique Mario Dumont à participer activement à la commission parlementaire qui étudiera, à compter du 18 septembre prochain, la planification de l'immigration au Québec pour les prochaines années.
«Cela va lui faire du bien de discuter de l'apport de l'immigration et du fait que c'est important puisqu'elle contribue au fait français et combat le déclin démographique», a dit la ministre James.
M. Dumont a accepté immédiatement l'invitation. Il y défendra le maintien des seuils actuels d'immigration, soit environ 46 000 nouveaux arrivants par année. «Les seuils actuels sont raisonnables. N'oublions pas que 46 000 nouveaux arrivants par année, c'est plus que la population totale de la ville de Rouyn-Noranda», a-t-il déclaré en entrevue téléphonique à la Presse Canadienne, alors qu'il effectuait une tournée de la région de l'Abitibi.
«Il faut être très prudents et s'assurer d'avoir en même temps un plan pour des mesures d'intégration de ces nouveaux venus», a soutenu le chef de l'Action démocratique.
Il a rappelé que c'est le gouvernement libéral de Jean Charest qui avait coupé il y a quelques années une partie des fonds destinés à la francisation des immigrants et qui réclame aujourd'hui qu'on augmente les seuils d'immigration.
De plus, les gens qui ont traité l'Action démocratique de «xénophobe» jouent «un jeu dangereux», juge M. Dumont.
La commission parlementaire étudiera les cinq scénarios suivants pour la période allant jusqu'à l'année 2010:
- le scénario 1 est une réduction de l'immigration à 40 000 admissions en 2010;
- le scénario 2 est la stabilisation de l'immigration à son niveau actuel, soit 46 000 admissions par année;
- le scénario 3 est une croissance légère de l'immigration à 50 000 admissions;
- le scénario 4 est une croissance moyenne de l'immigration à 55 000 admissions annuelles;
- enfin, le dernier scénario 5 est une croissance élevée, pour au moins 60 000 admissions par an.
Pour sa part, le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, a déclaré que le Québec «doit faire le choix de l'ouverture sur le monde».
«Il faut viser la francisation et l'intégration des immigrants, cela va de soi. Mais on doit valoriser l'immigration plutôt que s'y opposer», a dit le ministre Pelletier, en accusant le chef adéquiste Mario Dumont de «manquer de confiance en l'avenir du Québec».
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