Malorie Beauchemin - Forcé de défendre sa position sur l'immigration, Mario Dumont persiste et signe. Le chef de l'Action démocratique du Québec veut maintenir le niveau actuel d'immigrants reçus, soit autour de 45 000 nouveaux arrivants par an, mais refuse de l'augmenter comme le suggèrent les libéraux.
«Maintenir le ratio actuel, ce n'est pas freiner l'immigration, a expliqué M. Dumont, en entrevue téléphonique à La Presse, alors qu'il se trouvait en tournée en Abitibi-Témiscamingue. Le seuil a déjà été considérablement augmenté il y a quelques années, et on l'avait alors approuvé. Mais il faut être prudent.»
Le chef de l'ADQ dit croire en l'intégration et estime que le Québec a besoin d'un flot «important» d'immigration, pour des raisons sociales et économiques, notamment pour assurer le rajeunissement de la population, compte tenu du faible taux de natalité des dernières décennies au Québec.
«Dans la vie, il n'y a pas que des considérations économiques, ajoute-t-il toutefois du même souffle. On a évité jusqu'à présent des ghettos qui sont fermés et qui vivent en vase clos en dehors de la société. Il faut continuer à éviter ça.»
M. Dumont affirme qu'il faut éviter à tout prix les erreurs commises ailleurs dans le monde, où certaines sociétés «ont vécu des cas d'immigration trop concentrée, trop rapide». La France, notamment dit-il, a eu à composer avec de lourds problèmes de violence concentrés dans des quartiers multiethniques. À l'été 2005, des émeutes s'étaient propagées dans plusieurs banlieues de Paris, symbole de la colère des communautés issues de l'immigration.
Ainsi, le chef de l'ADQ rejette a priori l'idée de voir le nombre d'immigrants reçus annuellement augmenter dans les prochaines années de 30%, comme le suggère un scénario qui sera étudié en commissions parlementaire cet automne.
«C'est considérable, 30%, soutient-il. On a le devoir de prendre tous les moyens pour assurer la francisation. C'est pas banal dans l'avenir du Québec, dans la protection de son identité.»
M. Dumont soupçonne le gouvernement de M. Charest de vouloir augmenter les seuils «de façon radicale» et y voit une «incohérence» dans la gestion libérale de l'immigration.
«C'est quand même le gouvernement qui a coupé dans les budgets de francisation, qui a coupé dans l'aide aux organismes pour l'intégration, souligne le leader adéquiste. Alors, que ce même gouvernement, après avoir coupé dans les mesures diverses, linguistiques et socio-économiques, propose de rehausser les seuils, ça me paraît être une contradiction.»
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