Immigration: un faux-fuyant

Malheureusement, nos politiciens ont choisi de débattre de l'immigration en sacrifiant les faits sur l'autel de l'idéologie et de l'esprit partisan. Dans un domaine aussi délicat et crucial que celui-là, il s'agit d'une attitude irresponsable.

Immigration - une politique ou de la politicaillerie ?



Beaucoup de Québécois croient que si le gouvernement du Québec jouissait d'une compétence exclusive sur l'immigration plutôt que de devoir partager cette responsabilité avec le fédéral, il serait en mesure de mieux faire face aux problèmes d'intégration des immigrants.



Pauline Marois et Mario Dumont ont tous deux repris cette idée cette semaine en réclamant qu'Ottawa cède à Québec le contrôle complet de ce champ d'activité. Pourtant, il n'est pas nécessaire d'examiner la question très longtemps pour réaliser qu'un gouvernement québécois ayant compétence complète sur l'immigration ne pourrait faire différemment ou mieux que maintenant.
En vertu d'une entente fédérale-provinciale vieille de 30 ans, le Québec sélectionne les deux tiers des personnes qui immigrent sur son territoire. L'autre tiers - sur lesquels Mme Marois et M. Dumont réclament aujourd'hui l'autorité - est composé 1) de gens qui revendiquent en arrivant au pays le statut de réfugié, et 2) de proches que des immigrants installés ici veulent voir les rejoindre.
Pour ce qui est des demandeurs d'asile, il est impossible pour le gouvernement fédéral de céder la compétence au Québec puisque c'est lui qui est signataire des traités internationaux relatifs à la protection des réfugiés. Imaginons toutefois le Québec indépendant. Comment agirait-il différemment du Canada, qui admet les réfugiés suivant des critères humanitaires? Un Québec souverain fermerait-il ses portes à un Pakistanais, menacé de torture dans son pays, parce qu'il ne parle pas français? Bien sûr que non. Du point de vue de l'intégration des réfugiés à la société québécoise, un transfert de compétence du fédéral vers le provincial, fut-il possible, ne changerait absolument rien.
Le même raisonnement vaut pour les réunifications familiales. Si un couple immigrant installé au Québec demande qu'on fasse venir ses enfants, un gouvernement québécois ayant compétence en cette matière ne rejetterait certainement pas la requête sous prétexte que les enfants en question ne parlent pas français ou que leur mère porte un voile. Québec aurait de toute évidence recours aux mêmes critères humanitaires que ceux qu'emploie aujourd'hui le gouvernement du Canada.
De toute façon, si l'immigration a augmenté au Québec au cours des dernières années, cette tendance ne vient pas des catégories d'immigrants gérées par le gouvernement du Canada mais de celles sur lesquelles le gouvernement provincial a déjà pleine compétence. En 2006, la province a accueilli près de 45 000 immigrants, 17 000 de plus que 10 ans auparavant. Or de ces 17 000 nouveaux venus supplémentaires, 84% ont été sélectionnés par le Québec. S'il y a aujourd'hui des problèmes d'intégration qui n'existaient pas autrefois, ce n'est pas Ottawa qui en est responsable.
Les organismes communautaires oeuvrant à l'intégration des immigrants se plaignent depuis des années de l'insuffisance des ressources consenties par l'État québécois dans ce secteur. De fait, au cours des 15 dernières années, le budget du ministère de l'Immigration du Québec a à peine augmenté. En particulier, ce budget n'a pas suivi la croissance du nombre d'arrivants; de 3400$ par immigrant qu'il était en 1997, ce budget a glissé en 2006 à 2800$ par immigrant.
Pendant ce temps, les transferts versés chaque année par Ottawa en vertu de l'entente Canada-Québec sur l'immigration ont crû sensiblement. De 2002-2003 à 2006-2007 en particulier, ces transferts annuels sont passés de 107 millions à 196 millions, un bond de 89 millions. Pourquoi le budget du ministère de l'Immigration n'a-t-il pas suivi? Où le gouvernement Charest a-t-il dépensé ces dizaines de millions destinés à l'intégration des immigrants? Québec n'est pas en mesure fournir une réponse claire à cette question.
Les problèmes reliés à l'intégration des immigrants relèvent donc entièrement du gouvernement du Québec. Réclamer plus de pouvoirs d'Ottawa en cette matière, c'est recourir à un grossier faux-fuyant.
Malheureusement, nos politiciens ont choisi de débattre de l'immigration en sacrifiant les faits sur l'autel de l'idéologie et de l'esprit partisan. Dans un domaine aussi délicat et crucial que celui-là, il s'agit d'une attitude irresponsable.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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