IMMIGRATION

Immigration et logement: l’aveuglement de QS

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QS est aveuglé par son idéologie immigrationniste


S’il y a un parti chez nous qui se positionne comme le champion de la justice sociale, c’est bien QS. Mais celui-ci est-il toujours aussi solidaire qu’il le prétend avec les moins nantis? 


Prenons l’exemple du logement. Les quisistes participaient hier à une manifestation à Montréal pour demander plus de logements sociaux. Soit. Le problème, c'est que Québec solidaire favorise des seuils d’immigration élevés. Ce parti s’est opposé à la baisse des seuils lors de la première année au pouvoir du gouvernement Legault, appelant même les fédéraux à bloquer Québec dans ce dossier. Il fallait rester aux niveaux fixés par les libéraux, soit un peu plus de 50 000 immigrants par année. Par rapport à sa population, le Québec recevait alors presque deux fois plus d’immigrants que les États-Unis et en recevait deux fois et demie plus que la France. QS a par ailleurs plaidé pour une régularisation de tous les migrants déjà ici et prône l’accueil du plus grand nombre possible de réfugiés afghans.


Or, l'une des choses les plus documentées en matière de coût du logement est l’importance de l’immigration. En Grande-Bretagne, il y a quelques années, un organisme public de planification économique a évalué que les hausses successives de l’immigration avaient entraîné une hausse de 10% du coût du logement dans ce pays. Au Canada, d’autres études ont estimé qu’une hausse de 1% de la population d’une province se traduirait par une hausse de 0,14% des loyers. Comme l’a noté l’économiste Ehsan Latif, de l’Université Thompson Rivers en Colombie-Britannique, l’immigration «peut avoir un impact négatif sur le bien-être des Canadiens, particulièrement ceux qui appartiennent aux classes défavorisées».


Ce phénomène est simple à comprendre. D’abord, beaucoup de migrants sont relativement pauvres à leur arrivée et ont des familles nombreuses. Ils vont donc compétitionner avec la frange moins nantie de la population locale pour obtenir des logements sociaux.


Deuxièmement, les propriétaires sont en général plus aisés que le reste de la société. L’arrivée d’immigrants crée de la demande pour des appartements, ce qui hausse le coût des loyers et la valeur des propriétés existantes. La demande accrue force les plus pauvres à payer davantage pour se loger.


Prenons l’exemple de l’île de Montréal, où 65% des immigrants se sont établis l’an dernier. Pour 2022, le gouvernement Legault compte attirer 70 000 nouveaux immigrants, un record! Cela veut dire que 45 500 immigrants s’installeraient à Montréal. Or, l’an dernier, la ville affichait un autre record, la construction de 14 808 nouvelles unités d’habitation. La demande étant bien plus forte que l’offre, les prix montent. Cette situation force des gens à revenu modeste à louer des taudis non entretenus par des grandes corporations de propriétaires à des prix toujours plus élevés.


Il s’agit d’un exemple parfait d’une politique publique régressive: un transfert direct de richesse des plus pauvres vers les plus riches. C’est exactement ce que QS défend!


Les solidaires me répondraient qu’ils veulent justement plus de logements sociaux. Mais même en dépensant plusieurs milliards à cette fin, au détriment du financement des autres missions de l’État, on n’arriverait toujours pas à régler le problème avec le niveau actuel d’immigrants.


Il n’y a que le PQ qui prône une baisse des seuils d’immigration. QS n’est pas donc seul dans son combat. Le PLQ et la CAQ poursuivent le même objectif. Sauf que tout le monde sait que ces deux formations politiques logent, c’est le cas de le dire ici, du côté des riches. Contrairement à QS, ils ne nous servent pas des discours moralisateurs sur la crise du logement lors de manifestations.


Au mieux, ces soi-disant solidaires sont aveuglés par leur idéologie multiculturaliste canadienne, suivant laquelle il faut toujours plus d’immigrants. Au pire, ils versent dans l’hypocrisie.



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Frédéric Bastien167 articles

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Titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, Frédéric Bastien se spécialise dans l'histoire et la politique internationale. Chargé de cours au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal, il est l'auteur de Relations particulières, la France face au Québec après de Gaulle et collabore avec plusieurs médias tels que l'Agence France Presse, L'actualité, Le Devoir et La Presse à titre de journaliste. Depuis 2004, il poursuit aussi des recherches sur le développement des relations internationales de la Ville de Montréal en plus d'être chercheur affilié à la Chaire Hector-Fabre en histoire du Québec.





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