Harper n'est pas Bush

Élections fédérales du 14 octobre 2008


Le nom le plus souvent prononcé par les chefs des partis de l’opposition hier, première journée de la campagne électorale fédérale, est celui du président des États-Unis, George Bush. Tous ont averti les Canadiens que si les conservateurs de Stephen Harper décrochaient une majorité, ils se comporteraient comme les républicains de M. Bush. Agiter cet épouvantail sera sans doute efficace. Il ne s’agit pas moins d’une comparaison caricaturale à l’extrême.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, est celui qui a poussé le plus loin cette tactique. «Comme les républicains de M. Bush, a-t-il lancé, les conservateurs de Stephen Harper militent pour la libre circulation des armes à feu, pour la censure, et ils voudraient retirer aux femmes des droits acquis de haute lutte.» Il s’agit là de grossières exagérations. Si le gouvernement Harper veut éliminer l’obligation d’enregistrer les armes à feu qui ne font pas l’objet de restrictions, il n’a jamais parlé d’en permettre la libre circulation. Les armes qui sont présentement interdites le resteront et il faudra toujours obtenir un permis pour pouvoir se procurer toute arme à feu.
Pour ce qui est de «retirer aux femmes des droits acquis de haute lutte», il faudrait savoir à quoi M. Duceppe fait référence. Le premier ministre a nombre de fois déclaré que son gouvernement n’avait aucune intention de rouvrir le débat sur l’avortement.
Il est vrai, comme l’a souligné le chef du Bloc, que Stephen Harper était favorable à l’intervention américaine en Irak. C’était une grave erreur. Mais cela ne fait pas de lui un complice des abus commis à Abu Ghraib ou à Guantanamo. Quant à la «politique belliqueuse» du Canada en Afghanistan que dénonce M. Duceppe, il faut rappeler que 40 pays participent à cette mission. Les gouvernants de la France, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Suède, du Danemark, etc. sont-ils tous des clones de George W. Bush ?
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Le Parti conservateur du Canada compte plusieurs membres qui sont très à droite. Il ne faut pas s’en étonner, toutes les formations ont leurs purs et durs. Ce qui est important, c’est le programme du parti, le lieu de ralliement, le consensus. Or, comme l’ont montré les deux années et demie du gouvernement Harper, ce lieu de ralliement ne se trouve pas à l’extrême droite mais au centre droit. La société canadienne est foncièrement modérée ; ceux qui la dirigent n’ont d’autre choix que de gouverner au centre, avec selon le parti et selon l’époque, tout au plus un léger accent à droite ou gauche.
Si Stephen Harper était membre du Parti républicain des États-Unis, il serait considéré comme un conservateur très modéré. Si Gilles Duceppe était membre du Parti démocrate, Barack Obama le percevrait sans doute comme un socialiste radical. Les cultures politiques du Canada et des États-Unis étant à ce point différentes, les parallèles qu’on peut tracer entre les politiciens des deux pays sont nécessairement limités.
La chef du Parti vert, Elizabeth May, a invité les électeurs canadiens à délaisser CNN pour s’intéresser davantage à la campagne électorale canadienne. Les politiciens d’ici devraient faire de même. Le bilan du gouvernement en place comporte bien assez de faiblesses pour être critiqué sans qu’on ait besoin de recourir au spectre de George W. Bush.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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