Comme de nombreux Québécois (et Canadiens) je suis profondément indigné et totalement dégoûté par «notre» système électoral d'origine britannique, lequel est incapable d’accorder un nombre équitable de députés aux divers partis politiques.

Actuellement le Canada est gouverné par un parti qui, sauf erreur, n’a récolté que 39% des votes lors de la dernière élection. Et nous devons, par notre silence et notre résignation, accepter qu’un certain Stephen Harper gouverne comme s’il était le roi (dans le sens antique) du Canada. D’ailleurs il semble être le deuxième mari de la reine. Ce deuxième époux, stimulé par son adhésion à la monarchie et au néo-conservatisme, en profite gaiement pour changer profondément le physionomie et la politique du Canada et du Québec.

Ce qui confère la victoire à un parti, c’est le fait d’obtenir plus de la moitié des sièges. Lors de l’élection provinciale de 1966, les libéraux (ils étaient un tantinet différents des libéraux actuels) ont obtenu 47% des votes et 50 députés alors que l’Union nationale a pris le pouvoir, avec 56 députés et 41% des votes. Aussi, lors des élections «provinciales« de 1970 et 1973, les péquistes ont été sous-représentés au parlement.
Il serait possible de multiplier les exemples.

En fait il est arrivé assez fréquemment, au Canada et au Québec, que d’intolérables «distorsions» et «entorses» dans la répartition des sièges et des votes ont diminué et miné radicalement cette démocratie dont certains sont si fiers. À mon âge (bientôt 69 chandelles) je sais maintenant que je ne vis pas dans une démocratie. Si nous étions dans une démocratie réelle Harper ne pourrait pas faire ce qu’il fait et il respecterait davantage le parlement et la volonté populaire. Nous ne voulons pas, surtout au Québec, construire de nouvelles prisons et renoncer à l’effort de réhabilitation de certains «criminels». Ce n’est là qu’un exemple parmi tant d’autres

Comment se fait-il que si peu de citoyens soient mobilisés contre le néo-conservatisme «harperien»? En ce qui concerne le Québec il est clair que le combat des carrés rouges contre Charest et sa coterie a fait oublier l’horreur néo-conservatrice. En fait, malgré les conflits apparents entre Harper et Ti-Jean,
ces deux lascars s'entendent comme larrons en foire.

Je pense qu’il va falloir mener un rude combat contre Harper et que, cette fois, il faudra brandir un carré caca d’oie, couleur dégueulasse et crotté.

Nous ne vivrons pas dans une démocratie minimale aussi longtemps que nous maintiendrons le scrutin uninominal majoritaire à un tour. C'est là ma profonde conviction.

Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias