Harper en fait trop pour le Québec, selon des libéraux

Course à la chefferie du PLC


Ottawa - Les réactions au discours du Trône étaient à l'honneur hier à Ottawa, alors que le Parti libéral soumettait son amendement et le Bloc québécois, son sous-amendement, lesquels seront votés lundi et aujourd'hui. Mais ce qui a surtout retenu l'attention, c'est l'irritation de certains libéraux, qui jugent que le discours du Trône fait la part trop belle au Québec, et ce, au détriment des autres provinces.
À la sortie de leur caucus hebdomadaire hier, certains anciens ministres libéraux étaient visiblement irrités que le Québec soit la seule province mentionnée dans le discours du Trône, malgré les références à un fédéralisme d'ouverture plus constructif pour tout le pays.
«Je crois qu'il [Stephen Harper] devrait avoir une vision beaucoup plus large et beaucoup plus compréhensive du pays, a soutenu le député libéral et ancien ministre de l'Immigration Joe Volpe. Il y a évidemment un objectif électoral derrière ça. Si, pour lui, il y a une possibilité de faire des gains électoraux en divisant les autres [provinces], tant pis pour lui. Ce n'est pas notre approche.»
Même réaction du côté de Ralph Goodale, l'ancien ministre des Finances. «Il faut que notre approche reflète toutes les régions du pays, toutes les provinces du pays. La référence à l'établissement d'une relation avec le Québec est une bonne chose, mais on doit s'assurer que la même approche s'applique aux autres régions du pays», a-t-il dit.
Le critique du Parti libéral en matière d'affaires intergouvernementales, John Godfrey, n'a pas voulu pousser dans le même sens que ses collègues. Ce dernier estime tout de même que le discours du Trône aurait pu être plus «inclusif» et parler du fédéralisme asymétrique que les libéraux avaient commencé à mettre en place, ce qui aurait été «plus respectueux» envers les autres provinces.
Mais pour le reste, les passages sur le Québec ne le dérangent pas. «Le Québec a un rôle particulier au sein du Canada, de par sa langue et sa culture, c'est un fait, a indiqué John Godfrey au Devoir. Que le document soit silencieux sur les autres provinces n'implique pas, à mon avis, un préjugé défavorable envers elles. Ça ne me choque pas.»
Amendements
Les libéraux n'ont toutefois pas soufflé mot des relations fédérales-provinciales dans leur réplique au discours du Trône et l'écriture de leur amendement. S'il est adopté par les Communes lors d'un vote lundi, cet ajout au discours se lirait comme suit: «Quoique cette Chambre prenne bonne note des diverses initiatives mentionnées sommairement dans le discours du Trône, elle attendra avec impatience de voir si les promesses concernant les autochtones, les nouveaux immigrants, l'amélioration de la sécurité des aînés, la protection de l'environnement et l'aide accrue aux familles agricoles seront tenues rapidement et, étant donné la saine situation financière dont le gouvernement a hérité, la Chambre trouverait injustifiée l'augmentation des impôts ou la diminution des places anticipées pour l'apprentissage et la garde des jeunes enfants au Canada.»
Le Bloc québécois avait la possibilité d'ajouter un passage à ce texte, ce qu'il a fait hier en fin de journée. Ainsi, le parti a inclus une phrase qui signale le besoin de mettre en place une stratégie pour les travailleurs âgés qui perdent leur emploi. Ce sous-amendement devrait être voté aujourd'hui.
Au bureau du leader en Chambre des conservateurs, Rob Nicholson, on mentionnait hier soir que le gouvernement n'a pas encore décidé si l'amendement des libéraux et le sous-amendement des bloquistes seraient considérés comme des votes de confiance. Les conservateurs estiment que ce n'est pas une obligation et pourraient même voter en faveur des ajouts.


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