Harper a voulu jouer de prudence

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l'Institut Fraser au secours de Harper



Afin d'éviter de plonger les finances du pays dans le rouge, le premier minister Stephen Harper s'est montré prudent dans ses dépenses, une réponse que désapprouvent les partis de l'opposition. Photo La Presse Canadienne

Alors que les Canadiens doivent se serrer la ceinture, les politiciens des partis de l'opposition, à Ottawa, menacent de renverser le gouvernement sur son énoncé économique. Leur plainte? En dehors de leurs inquiétudes (maintenant soulagées) sur l'élimination des subventions publiques aux partis politiques, ils dénoncent l'énoncé comme étant une réponse inadéquate à la crise économique actuelle.
Il faut donc se poser la question: leur argument est-il valable sur le plan économique et, dans un second temps, quel est le mérite de leurs propositions alternatives?

Commençons avec un résumé de l'énoncé du gouvernement. Il réduit les dépenses - contrairement aux 10 dernières années au cours desquelles les dépenses ont augmenté plus que le taux d'inflation et la croissance de la population. Il gèle la rémunération de la fonction publique et des élus, et réduit le taux de croissance des paiements de péréquation. Il traite également des pensions, permettant aux entreprises d'étendre la période de remboursement de leurs fonds de cinq ans à 10 ans, et aux retraités de ne retirer que 25% de leurs FERR en 2008.
Ce que le gouvernement n'a pas fait, c'est de dépenser de grandes quantités d'argent public pour stimuler l'économie ou soutenir les industries en difficulté. Certes, les dépenses sur les projets d'infrastructure seront accélérées - mais seulement en 2009. Le gouvernement a résisté aux demandes de relance de l'économie au moyen de dépenses supplémentaires qui risqueraient de plonger le pays dans un déficit.
Voilà précisément ce qui scandalise les partis de l'opposition. Ils verseraient des fonds publics aux industries forestières, manufacturières et automobiles. Le Bloc mettrait fin aux privilèges fiscaux à l'industrie pétrolière, tandis que le NPD garantirait le crédit aux entreprises dites «viables». Les libéraux augmenteraient de plus les dépenses en infrastructures immédiatement, et non l'année prochaine comme le proposent les conservateurs.
Gouvernement interventionniste
La perspective d'un gouvernement de coalition aussi interventionniste constitue une mauvaise nouvelle pour l'économie canadienne - et n'est pas justifiée dans ces circonstances. Alors que l'OCDE prévoit que notre PIB diminuera en 2009 de 0,5%, l'organisme anticipe une augmentation de 2% en 2010.
Une réaction alarmiste est donc inutile et réduit les possibilités de récupération, en augmentant le fardeau de la dette publique et en déclenchant un cycle interminable de subventions. Une fois les coffres fédéraux ouverts, il n'y aura plus de limite aux demandes de subventions des industries financées par les contribuables - et aux déficits budgétaires fédéraux.
Pourquoi ces déficits censés contribuer à la relance économique sont-ils une mauvaise idée? Parce que les déficits encourus pour augmenter les dépenses publiques d'aujourd'hui nécessiteront demain une augmentation des impôts. Naturellement, lorsque les contribuables s'attendent à une plus grande responsabilité fiscale, ils épargnent plus et réduisent leurs dépenses en conséquence. Ceci entraîne une demande par les entreprises pour encore plus de dépenses gouvernementales pour remplir le gouffre, créant un cercle vicieux de dépenses, d'augmentations d'impôts, et de déficits.
L'énoncé du gouvernement a le mérite de répondre à des questions essentielles liées à la crise économique et d'éviter de plonger nos finances dans le rouge. La prudence du gouvernement en matière de gestion de la crise ne devrait pas être menacée par cette épée de Damoclès que représentent les plans de coalition gouvernementale des partis de l'opposition.
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Tasha Kheiriddin
L'auteure est directrice pour le Québec et la francophonie de l'Institut Fraser.


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