En tant qu’observateur québécois, je suis souvent quelque peu révolté par
les inepties qui peuvent être dites et écrites par nos chroniqueurs et nos
politiciens quand ils traitent de la guerre post coloniale permanente menée
contre les nations musulmanes ou arabes, particulièrement en ce qui regarde
le génocide en cours du peuple Palestinien aux mains ensanglantées de
l’État hébreu.
Baptisée Tsahal, cette nouvelle agression meurtrière contre la population
de Gaza est faite au nom de tous les alliés indécrottables d’Israël qui
cautionnent cette mystification du droit de se défendre d’Israël.
Israël est un état hébreu autoproclamé sur les ruines de centaines de
villages palestiniens, ce qui a engendré plus de deux millions de réfugiés
palestiniens à partir de 1946. Israël demeure aujourd’hui une provocation
délibérée qui fut permise par l’anglosphère et ses alliés, ayant comme
objectif principal le contrôle des ressources de cette partie du globe.
L’objectif secondaire de l’implantation de cet état hébreu, revendiqué par
le sioniste polonais David Ben Gourion, étant de déculpabiliser et de
donner bonne conscience aux élites des puissances victorieuses de la
deuxième guerre mondiale.
Ceci dit, j’aimerais vous exposer ce que pense un de nos chroniqueurs et
la façon qu’il nous présente ce qui se passe à Gaza récemment. Dans un
texte titré « [La peur d’écrire->17347] » paru dans Le Devoir du 17 janvier 2009,
Gil Courtemanche nous fait toute une mise en scène découlant de son anxiété
à devoir expliquer à son patron sa peur d’écrire sur un sujet qu’il dit
connaître, sa peur de se tromper, voire même de nuire ou de dériver.
M. Courtemanche s’essaye en énonçant qu’il y a la démesure. Tout le monde
s’entend, dit-il. Et ces bavures israéliennes qui ne sont pas des
bavures.
Si elles ne sont pas des bavures, que sont-elles? Peut-être des crimes
de guerre ou des crimes contre l’humanité? M. Courtemanche aborde cet
aspect très brièvement vers la fin de son texte en relativisant. Il
s’inscrit d’abord dans une charge incompréhensible contre le bilan dressé
de «Mille morts palestiniennes et de 13 morts israéliennes, équation
absolument fausse répétée ad nauseam », selon lui.
Son explication est digne de ce que nous sortiraient des gourous du nouvel
âge. Selon Gil, c’est que la mort n’est pas mathématique ou évaluable en
chiffres. Même si la mort est un abîme ou un trou noir, n’y a-t-il pas eu
plus de six millions de juifs qui furent tués par les nazis et leurs
collaborateurs pendant la deuxième guerre mondiale?
Qu’à cela ne tienne, M. Courtemanche trouve le moyen de nous sermonner
sur les cinq millions de morts en République du Congo pour ensuite nous
accuser de choisir les morts qui nous obsèdent ou les conflits qui nous
importent.
M. Courtemanche va encore plus loin dans l’élaboration de sa thèse
improvisée quand il nous explique que « face à ce conflit « quasiment
biblique » qui pourrit le monde depuis des siècles et comme beaucoup
d’autres », il a choisi le camp des «justes », comme dirait Camus.
S’ensuit une tirade un peu déséquilibrée où il déplore le « sort » des
réfugiés palestiniens tout en consentant modestement leur droit à leur
propre État, il soutient sans réserve le droit d’exister en sécurité de
l’État guerrier d’Israël.
Ensuite, M. Courtemanche nous affirme du haut de sa chaire autoproclamée
du juste que « ce sont les pays arabes qui ont déclenché la première guerre
en Israël , guerre qui fut en partie responsable de l’exode palestinien, de
la radicalisation de son nationalisme…»
Ça revient un peu à ce qu’a écrit Kamal El Batal le 7 janvier 2009 dans
son texte « [Dire les vraies choses->17145] » : « Au Proche-Orient, ce sont toujours
les arabes qui attaquent les premiers et c’est toujours Israël qui se
défend. Cela s’appelle des représailles. Les arabes, Palestiniens ou
Libanais n’ont pas le droit de tuer des civils de l’autre camp. Cela
s’appelle du terrorisme. Israël a le droit de tuer tous les civils arabes.
Cela s’appelle de la légitime défense.»
Pour revenir à M. Courtemanche, il a peut-être trop bien intégré les idées
occidentales très en vogue portant sur l’extrémisme, se montrant apte à
dénoncer le Hezbollah au Liban ou le Hamas à Gaza, le soutien de l’Iran et
de la Syrie, de même que l’encouragement de l’Arabie saoudite aux
mouvements extrémistes. Où est le juste quand il s’agit des pays qui
fournissent les armes et le financement qui servent à blesser et à tuer des
civils palestiniens depuis 1946?
Il faudrait aussi noter que ceux qui dénoncent les régimes monarchistes ou
islamistes de l’Arabie et du Maghreb sont ceux-là même qui ont pris part à
la fondation de l’État hébreu, qui est, quant à moi, le creuset de la
radicalisation du monde musulman.
M. Courtemanche dit que le juste est confronté à la douloureuse question
de responsabilité, de l’intention criminelle des États ou des acteurs.
Est-ce qu’Israël a décidé de tuer de façon systématique des enfants et des
civils, décidé froidement de bombarder des installations de l’ONU, de faire
mourir les gens de faim ou de froid dans la bande de Gaza?
En guise de réponse à cette question, Gil nous explique que si c’est oui,
que cette nouvelle tuerie servirait à des fins électoralistes israéliennes
et à faire prendre conscience (sic) aux habitants de Gaza que le Hamas ne
peut leur apporter que douleur et souffrance.
M. Courtemanche se pose toutes sortes de questions qui n’aboutissent pas à
grand chose comme soutien tangible au peuple meurtri et décimé de la
Palestine qui est entassé à Gaza et qui vit sous les bombes et la terreur
de l’occupation quotidienne commanditée par l’État israélien et ses
alliés.
Finalement, M. Courtemanche dit croire que le gouvernement d’Israël est
coupable de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité en s’appuyant
sur des modestes déclarations sans suites de Louise Arbour. Qualifiant le
Hamas de folie suicidaire, il prétend que le Hamas est pire qu’Israël,
parce que ses dirigeants auraient provoqué volontairement le meurtre de
leurs compatriotes.
Sornettes. Ça serait un peu comme si on disait du FLQ qu’il aurait
provoqué la loi des mesures de guerre de Trudeau et qu’il aurait été, de
plus, imputable des agissements de la GRC et de l’armée canadienne.
Gil conclut son texte en disant que «quand on mesure mathématiquement les
tragédies, le coupable est généralement celui qui tue le plus. » Mais plus
il y pense, plus il croit que s’il existait un tribunal international
chargé de juger les crimes commis dans ce conflit, il y aurait deux accusés
à la barre, chargés des mêmes crimes contre l’humanité : Israël et le
Hamas.
Il faudrait tout de même que M. Courtemanche garde à l’esprit que le Hamas
est un mouvement politique qui a été élu démocratiquement et que l’État
d’Israël a tout mis en oeuvre pour faire en sorte que Le Hamas devienne
très rapidement une organisation déstructurée, un genre de sabotage par
état de siège constant qui n’est certainement pas un terreau propice à
l’éclosion d’une structure palestinienne viable ou stable. Les habitants
de cet enclos à ciel ouvert nommé Gaza sont sous une tutelle implacable de
la part d’Israël. C’est mon opinion qu’Israël est un État militariste
constitué d’étrangers qui sont des occupants illégitimes de la terre
palestinienne ensanglantée et que tant que ce régime hébreu existera, il
sera source de conflits.
Il faudrait aussi essayer de faire comprendre à ceux qui pensent comme M.
Courtemanche que l’on ne peut accuser de crimes de guerre, ou de crimes
contre l’humanité quant à ça, un peuple sans état viable. D’autant plus si
ce peuple est soumis à la tutelle d’une entité étrangère et hostile. On
parle ici d’une situation d’occupation qui concerne et qui met en cause les
droits du peuple sacrifié aux mains de ceux qui se disent le peuple choisi.
Qu’en est-il du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes face à cette
supercherie dangereuse nommée Israël?
Daniel Sénéchal
Montréal
c.c. rédaction du journal Le Devoir
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
23 janvier 2009Et la lectrice des nouvelles à RDI sur un ton angélique:
" Et maintenant qu'Israël a atteint tous ses objectifs en commettant queques erreurs..." A RDI, c'est votre intérêt qui compte.
Éric Savard Répondre
19 janvier 2009On pourrait citer de nombreux extraits de textes et d'accords internationaux pour démontrer clairement tous les principes qui sont enfreints par Israël.
Par exemple, dans le préambule de la Déclaration universelle des droits de l'homme on lit:
"Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme.
Considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression."
http://www.un.org/french/aboutun/dudh.htm
Et encore ceci dans la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux:
1. La sujétion des peuples à une subjugation, à une domination et à une exploitation étrangères constitue un déni des droits fondamentaux de l'homme, est contraire à la Charte des Nations Unies et compromet la cause de la paix et de la coopération mondiales.
2. Tous les peuples ont le droit de libre détermination; en vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et poursuivent librement leur développement économique, social et culturel.
3. Le manque de préparation dans les domaines politique, économique ou social ou dans celui de l'enseignement ne doit jamais être pris comme prétexte pour retarder l'indépendance.
4. Il sera mis fin à toute action armée et à toutes mesures de répression, de quelque sorte qu'elles soient, dirigées contre les peuples dépendants, pour permettre à ces peuples d'exercer pacifiquement et librement leur droit à l'indépendance complète, et l'intégrité de leur territoire national sera respectée.
5. Des mesures immédiates seront prises, dans les territoires sous tutelle, les territoires non autonomes et tous autres territoires qui n'ont pas encore accédé à l'indépendance, pour transférer tous pouvoirs aux peuples de ces territoires, sans aucune condition ni réserve, conformément à leur volonté et à leurs voeux librement exprimés, sans aucune distinction de race, de croyance ou de couleur, afin de leur permettre de jouir d'une indépendance et d'une liberté complètes.
6. Toute tentative visant à détruire partiellement ou totalement l'unité nationale et l'intégrité territoriale d'un pays est incompatible avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies.
7. Tous les Etats doivent observer fidèlement et strictement les dispositions de la Charte des Nations Unies, de la Déclaration universelle des droits de l'homme et de la présente Déclaration sur la base de l'égalité, de la non- ingérence dans les affaires intérieures des Etats et du respect des droits souverains et de l'intégrité territoriale de tous les peuples.
http://www2.ohchr.org/french/law/independance.htm
Il me semble que tout cela est clair et limpide, non?
Archives de Vigile Répondre
19 janvier 2009Les soldats israéliens, bien armés, sous les ordres de leur gouvernement, viennent de faire grandir encore une fois l'antisémitisme partout dans le monde "sauf en Israël évidemment. Ils vont continuer à dire : Pourquoi ça arrive toujours à nous, les élus de Dieu ? Why us ?
Ça semble assez clair qu'ILS veulent la Bande de Gaza pour EUX. Un beau bord de mer ensoleillé. Arrêtez, Palestiniens, de lancer de petites roquettes à votre dangereux voisin qui est 1 000 fois plus fort que vous, parce que c'est pour eux un excellent prétexte pour vous tuer et détruire vos résidences et infrastructures !
Espérons que M. Obama ne va pas suivre la politique de Bush du "tout est permis à Israël" pourvu qu'il tue modérément, "pas plus de quelques milliers de civils, hommes, femmes et enfants, à chaque attaque".