Une autre fois, une manifestation sous la bannière de la CLASSE a tourné hier midi à l'affrontement violent entre manifestants et policiers. Elle avait lieu devant le Palais des congrès, où se trouvait le premier ministre Jean Charest, qui a accueilli la chose en se riant des étudiants grévistes. Il est temps, plus que temps, que de part et d'autre la raison prenne le dessus et que s'installe un réel dialogue.
Cette manifestation en était une de trop. Survenant au terme d'une semaine marquée par des heurts dans plusieurs villes entre étudiants et policiers, elle ne pouvait que conduire à plus de violence. Une violence devenue enfin totalement inacceptable aux yeux des porte-parole de la CLASSE quand fut mise en danger la vie d'automobilistes circulant sur l'autoroute Ville-Marie où des pierres furent lancées.
Que l'on en soit venu là est une responsabilité partagée. En tout respect du fonctionnement démocratique des organisations étudiantes, il appartenait aux dirigeants de la CLASSE de dire leur désaccord avec la violence, comme le leur a demandé cette semaine le gouvernement comme condition pour engager un dialogue. Ils n'ont certes pas l'expérience de politiciens professionnels, mais ils auraient dû comprendre qu'il y a des sujets sur lesquels on ne peut tergiverser.
Le gouvernement Charest est pour sa part responsable d'avoir laissé ce conflit dégénérer en une crise qui n'a pas sa raison d'être. La ligne dure qu'il a adoptée sert ses intérêts politiques, cela, on l'a tous compris. Il ne prend pas au sérieux cette grève, comme en témoigne cette blague que le premier ministre n'a pu se retenir de faire sur les jeunes grévistes qu'il voit aller travailler au nord du nord. Si cette blague du goulag du Plan Nord était bien bonne, elle n'était pas drôle car révélatrice au mieux d'un paternalisme inconvenant, au pire d'un certain mépris que le gouvernement porte au mouvement étudiant.
Le dialogue souhaité a trop tardé. Les conséquences de cette grève sont incalculables. On ne pense pas ici aux heures supplémentaires des policiers, mais bien aux conséquences qu'auront l'annulation ou l'abandon de cours qui retarderont la diplomation des étudiants, et à la désorganisation qui prévaut déjà dans les établissements d'enseignement. Il y a une responsabilité individuelle en cause ici. Elle est celle de chaque étudiant d'évaluer les conséquences de ce conflit sur sa vie. Mais la société a aussi une responsabilité envers une génération qui a droit à notre respect et à notre soutien.
Où se trouve donc la solution? Le recteur de l'Université de Montréal, Guy Breton, l'a dit clairement jeudi: «La clé est à l'autre bout de la 20». On ne demande pas au gouvernement de «plier» inconsidérément devant les étudiants et d'annuler les augmentations des droits de scolarité. Il a toutefois la responsabilité de créer les conditions qui inciteront les étudiants à mettre fin au mouvement de grève et à terminer leur session. Lesquelles? Ce sont aux étudiants et à la ministre de l'Éducation d'en convenir. Il est urgent de le faire.
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