Comme il le dit: quand on est allé au bout du coeur, ça prend un certain temps pour en revenir. Alors Gilles Vigneault a laissé passer les heures, les jours et les années -- six au total -- avant d'offrir une suite à son dernier disque, dévoilé hier, au seuil de ses 80 ans.
Arriver chez soi succède donc à Au bout du coeur, au terme d'une période d'absence discographique qui a permis à M. Vigneault de «reprendre son souffle, de se reposer et de reposer les autres», ainsi que le poète l'a indiqué au Devoir en fin de journée hier. Pour citer la chanson Chemin faisant, il revient avec un «pas plus lent» qui «n'est pas moins leste, mais plus modeste».
La douzaine de chansons nouvelles feront partie du tour de chant qui occupera Gilles Vigneault cet automne. Il sera notamment au Théâtre du Nouveau Monde (45 ans après son premier passage dans cette salle) entre les 21 et 25 octobre. Son album sortira aussi en France dans les prochaines semaines, en licence sur l'étiquette de Francis Cabrel, qui était présent hier.
Un nouveau disque de Gilles Vigneault est en soi un recueil de poésie. Le poète cisèle chaque mot de ses chansons avec soin. D'où la surprise pour plusieurs de l'entendre qualifier, la semaine dernière, de «profondément incultes» les Québécois qui accorderont leur vote aux conservateurs de Stephen Harper le 14 octobre. Vigneault le maître des mots aurait-il glissé sur l'un deux?
Non, disait hier le principal intéressé. Mais il ne pensait jamais que ses propos, tenus à la toute fin d'une longue entrevue qui avait porté sur sa musique et son art, se retrouveraient en première page du Journal de Montréal. «Je ne retire ni ne regrette mes paroles, mais je n'ai pas apprécié d'être cité de cette manière, pour trois minutes au bout d'une entrevue de deux heures.»
Mercredi dernier, le quotidien publiait une entrevue accordée par M. Vigneault quelques jours plus tôt à son domicile. Le poète et chanteur déclarait entre autres choses que, «s'il élit ce dictateur [Stephen Harper], le Québec est d'un ridicule achevé ou d'une inculture incroyable».
Il associait alors un vote conservateur à une «ignorance crasse» des électeurs et estimait inconcevable que «des Québécois soient assez naïfs pour se trahir eux-mêmes [et] trahir leur propre culture».
Ses propos -- surtout ceux liés à «l'inculture» des électeurs pro-conservateurs -- ont été dénoncés par plusieurs lecteurs dans différents quotidiens québécois.
En fait, Gilles Vigneault ne s'attendait pas à ce que cet extrait de conversation fasse l'objet d'une sortie publique. Là n'était pas son intention, dit-il en laissant entendre qu'il aurait apporté des nuances à ces positions. «Je n'ai jamais sommé les Québécois de voter pour untel, ni prétendu être le porte-parole de la francophonie ou de la culture québécoise. [...] Qui suis-je pour aller dire aux gens de voter de telle manière? Mais quand on me demande mon opinion, je la donne. Je l'ai donnée, c'est tout.»
Cela dit, M. Vigneault s'est montré surpris de la réaction des lecteurs. «On parle de ça comme si personne n'avait jamais entendu parler de mes positions politiques, alors que je les ai données maintes et maintes fois depuis 50 ans. Il n'y a rien de nouveau ici. Et maintenant, on peut parler de chanson?», demande-t-il, large sourire au visage.
Gilles Vigneault revient «du bout du coeur»
Le poète ne regrette pas ses paroles sur Harper, mais leur ampleur
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