Gentilly-2: réfection ou démantèlement?
Le bon choix est simple à faire.
Nous utilisons sept critères, C-1 à C-7, comme grille d’évaluation.
C-1 Un coût unitaire de 15,8¢/kWh et non de 7,6¢/kWh est un gouffre financier
C-2 Les retombées économiques et les emplois pour les années 2013 et 2014
C-3 À qui profite immédiatement la réfection?
C-4 Le nucléaire et ses risques actuels
C-5 L’héritage du nucléaire: le long terme
C-6 Les alternatives au nucléaire
C-7 L’expertise nucléaire: est-ce utile au Québec?
C-1 Un coût unitaire de 15,8¢/kWh et non de 7,6¢/kWh est un gouffre financier
Dans son mémoire de mars 2011 déposé devant la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), le Syndicat professionnel des ingénieurs d’Hydro-Québec (SPIHQ) parle d’un coût unitaire avantageux après réfection de Gentilly-2 d’environ 7,6¢/kWh. (p.5/7 du mémoire) Le SPIHQ s’abstient bien de révéler les chiffres dissimulés derrière le 7,6¢/kWh. Pourtant, ce prix de revient unitaire après réfection lui permet de conclure, je cite: «C’est l’un des projets de production les plus rentables d’Hydro-Québec Production.» En l’absence d’une démonstration détaillée du calcul conduisant au résultat de 7,6¢/kWh, nous doutons de la crédibilité de ce chiffre.
Nous avons fait des calculs que nous avons déposés dans un mémoire devant la CCSN et nous concluons à un coût de 15,8¢/kWh en dollars 2010.
Et ce coût unitaire après réfection ne tient pas compte des frais de financement de la réfection, des coûts d’entreposage temporaire des déchets et des coûts découlant du “service après vente” du concepteur du réacteur CANDU en réfection, à savoir Énergie Atomique du Canada Limitée (ÉACL).
À 15,8¢/kWh après réfection, l’investissement de Hydro-Québec est condamné à un rendement négatif, soit une perte sur investissement de 50% durant plusieurs années. Le consommateur québécois paie son électricité environ 7,0¢/kWh avant taxes et Hydro-Québec révèle dans son rapport annuel 2010 qu’il vend l’électricité à l’exportation à 8,2¢/kWh. Fabriquer à 15,8¢/kWh et vendre à 8,2¢/kWh, cela nous permet de conclure à une grave perte sur investissement d’environ 50%.
C-2 Les retombées économiques et les emplois pour les années 2013 et 2014
Heureusement que Hydro-Québec a reporté le début officiel des travaux de réfection de Gentilly-2 (G-2) à l’automne 2012. Cela nous permet en 2011 de comparer les retombées économiques créées selon deux (2) scénarios, soit celui de la réfection versus le scénario du démantèlement des installations de Gentilly-2. Il est précieux pour le Québec d’éviter la précipitation dans le choix du scénario à retenir.
Précisons que le démantèlement de Gentilly-1, réacteur déclassé depuis 1980 et la propriété d’Énergie Atomique du Canada Ltée (EACL), devrait précéder celui de Gentilly-2 à cause de l’état avancé de repos des matières radioactives de Gentilly-1. Cependant, les chiffres de retombées économiques que nous utilisons ci-dessous pour Gentilly-2 excluent ceux de Gentilly-1. L’expertise acquise lors du démantèlement de Gentilly-1 servira directement pour celui de Gentilly-2 ou vice-versa. Les budgets requis pour Gentilly-1 devront venir du gouvernement du Canada et non de la poche du contribuable québécois.
Quant aux retombées économiques de la réfection de Gentilly-2, nous puisons nos chiffres sur le site internet d’Hydro-Québec qui sont les mêmes que ceux annoncés dans le communiqué de presse du 16 août 2010 de Hydro-Québec.
Scénario réfection: retombées économiques régionales de 290 M$
Pour les retombées économiques de la région de Trois-Rivières et du Centre-du-Québec, nous assistons à une cascade de chiffres allant en rétrécissant en partant du budget total annoncé de 1,9 milliard$ pour la réfection.
Ainsi se présente le rétrécissement des millions$:
- du 1,9 milliard$, seulement 31,5% resteront au Québec, soit 600 millions$
- des 600 millions$ au Québec, seulement 200 millions$ resteront dans la région, soit 10%
- ajoutons à ce 200 M$ de retombées régionales les salaires des employés actifs de G-2
Dans ce dernier cas, combien de millions$ en salaires?
Il faut rappeler que la durée de la réfection est prévue pour 2 ans, en 2013 et 2014. Pour ces deux années, combien d’employés réguliers de Gentilly-2 seront nécessaires? Les 800 actuels? On peut en douter parce que la centrale ne sera pas en opération. Nous faisons l’hypothèse que la moitié des 800 emplois sera nécessaire, soit 400 emplois. Cela représente 50% de la masse salariale (90 M$ X 50%) estimée par Hydro-Québec à 45 millions$ pour l'année 2009. Pour les années 2013 et 2014 estimées, cela représente des retombées économiques pour la région de 90 millions$ (45 M$ X 2 ans). On fait le total pour la région en 2013 et 2014: 200 M$ + 90 M$ = 290 M$, soit 145 M$ par année.
Scénario démantèlement: retombées économiques régionales de 144 M$
Calculons maintenant les millions$ des retombées économiques pour le scénario du démantèlement de Gentilly-2 pour les deux mêmes années, 2013 et 2014. Les millions$ retenus sont ceux qui resteront dans la région de Trois-Rivières et du Centre du Québec.
Prenons comme hypothèses du démantèlement les chiffres suivants:
- budget de 1,6 milliard$ (rapport annuel 2010 de Hydro-Québec, p.85)
- durée du démantèlement: 20 ans (Three Mile Island, 12 ans de
décontamination)
- retombées économiques par année de démantèlement: (1,6G$ / 20 ans) = 80 millions$/an
- retombées économiques pour les années 2013 et 2014: 80 M$ X 2 = 160 M$
- hypothèse de partition de retombées économiques du démantèlement pour la région: 90%
- calcul des retombées à 90%: 160 M$ X 90% = 144 millions$, soit 72 M$ par année.
Conclusion pour les retombées économiques entre les 2 scénarios pour 2013 et 2014: c'est du simple au double (144M$ c. 290M$) en faveur de la réfection. Cette conclusion est valable pour un court terme de 2 ans.
Qu’en est-il pour les emplois selon le scénario retenu? Cela demanderait une étude plus pointue pour entrer dans le détail.
En attendant que quelqu’un la fasse et révèle ses chiffres publiquement, nous faisons la remarque suivante. Lors de la démolition d’un bâtiment “désuet” non nucléaire, cela requiert beaucoup moins de précautions, moins de main-d’oeuvre et moins de temps que durant la construction ou l’opération. Les nombreuses démolitions d’usines dans la région de Trois-Rivières (une assez récente en 2010: Norsk-Hydro à Bécancour) l’ont démontré.
Dans le cas d’une centrale nucléaire, il y a des ajustements, des précautions à prendre. Par exemple, les emplois requis sont moindres qu’en période d’opération. Les précautions avec le nucléaire sont plus grandes et exigent pour cela plus de temps et plus de personnel que dans le non-nucléaire.
Faits intéressants en faveur du démantèlement:
1. le calendrier d’un démantèlement dans le nucléaire offre plus de souplesse que la date de livraison d’une réfection. Ainsi, la période de démantèlement dans le nucléaire peut se prolonger selon les besoins et les emplois maintenus sans être obligé à une course contre la montre pour respecter la fameuse date de “mise en service”.
2. certaines opérations majeures associées à une réfection comme le "retubage" du coeur du réacteur et le rechargement de combustible nucléaire neuf sont exclus du scénario de démantèlement. Ces exclusions propres au scénario de démantèlement génèrent de généreuses économies évaluées à des centaines de millions de dollars dès 2013 et 2014.
En 2009, Hydro-Québec révèle la répartition par professions des 819 emplois: métiers: 258, ingénieurs: 174, techniciens: 147, spécialistes: 101, employés de bureau: 82, cadres: 51 et professionnels: 6 . Considérant que les techniciens sont les extensions des ingénieurs, l’addition des effectifs de ces deux types d’emplois, soit 321 postes, donne une bonne idée d’une centrale nucléaire. Le solde des emplois, 819 moins 321, soit 498 emplois représentent ni plus ni moins que le support au nucléaire, soit 60% du nombre total des emplois.
Ces emplois de métiers, d'informatique, de secrétariat, de cadres et de professionnels peuvent facilement être recyclés hors de l'industrie nucléaire. Un plombier dans le nucléaire peut travailler ailleurs.
C-3 À qui profite immédiatement la réfection?
Posons la question autrement: qui est principalement pénalisé à court terme par un démantèlement? Définitivement, ce sont les emplois spécialisés requis pour la réfection et les équipements neufs particuliers et les matériaux requis en provenance des fournisseurs concernés.
Selon les chiffres calculés en C-2 pour les années 2013 et 2014, les retombées économiques entre les 2 scénarios sont du simple au double en faveur de la réfection. Cette conclusion est valable pour un court terme de 2 ans.
Les avantages de retombées économiques du court terme sont rapidement éclipsés par les avantages d'économies réalisées par Hydro-Québec en 2013 et 2014 en ne procédant pas à la réfection comme nous le verrons bientôt ci-dessous. Ces économies sont à l'avantage de tout le Québec, pas seulement en faveur des régions limitrophes à G-2 que sont la Mauricie et le Centre-du-Québec. qui représentent environ seulement 5% de la population totale du Québec.
Qui perdra de l’argent avec le scénario d’ un démantèlement?
Mise à jour importante de nos chiffres en date du 31 août 2011: puisque le budget de 1,9 G$ a été approuvé le 6 août 2008, il est fort possible qu'une somme importante de l'ordre de 900 M$ selon notre estimé soit déjà engagée par contrats dans la réfection de G-2. Dans le rapport annuel 2009 de H.-Q., page 53, on écrit que déjà au moins 322 M$ ont été engagés pour la réfection de G-2. Combien en 2010 et combien en 2011? De là, notre estimé de 900M$ à ce jour.
Le budget disponible pour les années de construction de 2013 et 2014 est alors: 1,9 G$ - 900 M$ = 1,0G$.
En retenant le scénario du démantèlement, , il y a une somme importante d’argent qui sera économisée en 2013 et 2014 , soit 1,0 milliard$ moins 160 millions$* = 840 M$ qui se partage ainsi:
- hors Québec: 1,0 milliard$ moins 300 M$ = 700 millions$
- au Québec, ( 300 M$ - 160 M$* ) = 140 millions$
- total des économies générées par un démantèlement: 840 millions $
Le faible 130 millions$ (290 M$ - 160M$) de perdu pour le Québec en 2013 et 2014 en retenant le scénario du démantèlement en lieu et place de la réfection est largement compensé par l’économie de 840 M$ du fait de la non réalisation de la réfection.
* 160 M$ = le coût de démantèlement sur 2 ans (80M$ X 2 ans), à raison de 80 M$ par année
C-4 Le nucléaire et ses risques actuels
Nous ne partageons pas l’optimisme de certains qui disent qu’il est impossible qu’une erreur humaine irréversible arrive à Gentilly-2 parce qu’il n’y en a pas eu depuis 1983.
Les défaillances techniques peuvent causer trois types de dommages d’envergure dont le contrôle échappe à ceux qui les causent:
a) d’une part, les dommages humains, maladies et dépressions (ce qui se passe au Japon maintenant)
b) les dommages environnementaux, (ce qui se passe au Japon maintenant)
c) les dommages sur les finances publiques du Gouvernement du Québec.
(ce qui se passe au Japon maintenant)
J’oublie volontairement les dommages matériels qui se réparent toujours à un moment donné. Les autres dommages, eux, sont beaucoup plus difficiles et coûteux à réparer.
Sans entrer dans les détails techniques qui concernent directement le système CANDU de Gentilly-2, plusieurs experts au Québec ont identifiés clairement les dizaines de failles du système CANDU-6 de Gentilly-2. Quelques québécois informés et initiés connaissent le catastrophe de Tchernobyl qui a commencé le 26 avril 1986 en pleine nuit. Certains parmi eux ont lu le livre de Julie Lemieux intitulé «Avez-vous peur du nucléaire? vous devriez peut-être...!».
Vingt-cinq ans après cette “erreur nucléaire”, on estime que près de un million de personnes sont mortes des suites de la radioactivité générée par Tchernobyl.
Plus près de nous dans le temps, le tsunami du 11 mars 2011 qui a frappé la côte nord-est du Japon et les problèmes graves de la centrale du Fukushima sont une malheureuse démonstration des mots de Hubert Reeves écrits dans son livre, L’Heure de s’enivrer, je cite: «...le nucléaire est trop dangereux pour les humains.»
Cela n’arrêtera pas les pro-nucléaires du Canada surtout motivés par l'argent. Mais cela peut éclairer les québécois qui font appel au principe de précaution et au principe d’acceptabilité sociale.
Le Québec est bien placé pour réfléchir à tête reposée à la balance des avantages et des inconvénients qui découlent du nucléaire. La très belle géographie hydrique du Québec, mariée à l’ingénierie québécoise et à sa société d’État, Hydro-Québec, permettent de regarder plus loin, de s’éloigner de l’arbre collé sur notre nez qu’est le nucléaire.
En 2009, les 3,9 térawattheures bruts produits par Gentilly-2 représentent 1,87% des 208,5 térawattheures appelés “besoins globaux d’énergie” d’Hydro-Québec (cf. rapport annuel 2009, p.97). Cette proportion ira en diminuant avec les 2468 nouveaux MW hydroélectriques en développement (rapport annuel 2010, p.116).
La centrale nucléaire de Gentilly-2 est déjà à l’origine de contaminations de l’eau, de la terre et de l’air ambiants à la centrale. Connaissons-nous le nombre de fausses couches des mères habitant dans le voisinage de Gentilly-2? Quel est le nom de l’organisme indépendant au Québec pour relever des données environnementales autour de G-2 et faire rapport au public? Le niveau des normes canadiennes est tellement faible que cela ne veut pas dire qu’il y a absence de contamination.
Et les incidents de contamination, sous la responsabilité de l’exploitant de la centrale, sont souvent tenus secrets pour ne pas inquiéter la population. C’est leur interprétation du principe de précaution.
Il existe aussi un risque financier pour le Gouvernement du Québec qui est de deux ordres. Le premier concerne l’influence à la baisse de la cote de crédit du Québec causée par la présence d’une centrale nucléaire sur son territoire. Cela peut se traduire par un risque de hausse des taux d’intérêts des emprunts obligataires du Québec sur les marchés financiers.
Le deuxième risque financier est compris dans les risques de poursuites contre Hydro-Québec et le Gouvernement du Québec, son seul actionnaire, venant des groupes ou des pays qui subiraient des dommages causés par un nuage radioactif en provenance de Gentilly-2.
C-5 L’héritage du nucléaire: les déchets à long terme
Gentilly-2 produit 100 tonnes de combustible d’uranium usagé par année. En service depuis le 1er octobre 1983, cela fait 27 ans de fonctionnement au 1er octobre 2010 et 2700 tonnes d’uranium usagé entreposés sur le site même. Ces déchets radioactifs sont actifs encore durant des centaines d’années. Ils requièrent une surveillance constante et des conditions d’entreposage particulières pour éviter que des vapeurs radioactives envahissent l’atmosphère ambiante et autres risques.
Parmi les autres risques, il faut souligner celui du syndrome que mon "père est plus fort que le tien". Lorsque qu'un humain détient une force, physique ou morale, il s'en sert un jour ou l'autre, certainement en situation de panique. Les répressions militaires sanglantes pratiquées actuellement par les régimes de Tripoli et de Damas en massacrant des milliers de citoyens en sont une illustration évidente.
Malheureusement, l’humain a le grand défaut de salir son nid et de détruire sa planète avec des déchets difficilement biodégradables dans le cas du nucléaire. L’uranium usagé produit par Gentilly-2 est entreposé sur le site pour des centaines d'années.. Comme prix de consolation, il peut servir pour fabriquer du plutonium et finir sa vie en bombe atomique. «Bienvenue sur terre!» est le faux message adressé aux nouveaux nés.
Il est très urgent que l’être humain cesse de fabriquer des déchets nucléaires et l'argument de la création d'emplois ne peut ignorer tous les risques associés au nucléaire, civil et militaire.
Même la société japonaise du XXIe siècle est confrontée à mettre la pédale douce sur le nucléaire et le remplacer progressivement par des énergies vraiment renouvelables.
Au risque de passer pour un illuminé, la plus belle énergie humaine renouvelable, encore disponible et non polluante après l'amour est la marche au niveau de l’individu, complétée par la bicyclette, le ski de fond, et le transport collectif.
En terme de transport collectif, nos chercheurs québécois sont toujours en alerte. Inspiré par le moteur-roue de l’ingénieur québécois Pierre Couture, certains visionnaires parlent des avantages d’un monorail à grande vitesse qui relierait Montréal à Québec. Cette approche serait plus économique qu’un TGV traditionnel. Ce n'est qu'un exemple du génie visionnaire québécois.
C-6 Les alternatives au nucléaire
Le Québec et toute sa population ne sont pas à l’abri des choix difficiles et responsables qui les attendent en matière de consommation d’énergie. Il est reconnu que l’énergie la plus rentable et la plus économique est celle que nous ne dépensons pas et une partie de ces économies d’énergie sont des gaspillages évités ou à éviter. Beaucoup d'éducation reste à faire.
Des énergies alternatives au nucléaire existent en abondance, mais probablement pas à la même vitesse de consommation. Le vent peut manquer à l’appel et le soleil ne brille pas toujours. Des milliers de québécois remettent en question le développement sans frein de nos très belles rivières sauvages comme la Romaine sur la basse Côte Nord.
A-t-on le droit de détruire pour des siècles à venir des milieux naturels qui existent depuis des millions d’années et qui procurent un sens à la vie à ceux qui les visitent et à ceux pour qui ce sont des milieux de vie. C’est sans compter sur leur rôle d’équilibre sur les écosystèmes qu’ils alimentent jusqu’au golfe Saint-Laurent dans le cas de la Romaine, lequel golfe se jette dans la mer.
C-7 L’expertise nucléaire: est-ce utile au Québec?
Cette expertise nucléaire propre à la centrale Gentilly-2 (G-2) est-elle utile ailleurs que dans la centrale elle-même? La centrale G-2 n’est-elle qu’un vase clos pour le Québec? Cette expertise nucléaire est-elle endogène ou exogène? Où retrouvons-nous cette expertise dans le quotidien de la vie québécoise? Dans notre brosse à cheveux? Dans l’autobus qui nous conduit à l’école, au travail?
Les experts en nucléaire de Gentilly-2 ont-ils des fonctions utiles à remplir au Québec ailleurs que dans l’équivalent d’une tour d’ivoire? Font-ils de la prévention et de la formation auprès des travailleurs québécois qui sont appelés à manipuler des matières radioactives? Je pense ici aux débardeurs des ports québécois, aux camionneurs, aux facteurs, aux travailleurs d’usine de recyclage de métaux qui sont exposés à des produits contaminés par la radioactivité. C’est sans compter sur des déversements sauvages graves de matières radioactives.
Nos spécialistes de Gentilly-2 font-ils de la surveillance sur tout le territoire du Québec pour prendre des mesures en temps réel des niveaux de radioactivités dans les airs, dans nos cours d’eau et sur nos terres?
Les experts en nucléaire de Gentilly-2 sont plutôt endogènes, des êtres qui se réfugient dans leur centrale-laboratoire. Ils remplissent des fonctions sans doute très importantes pour éviter que le “presto saute”. En d’autres mots, les employés de Gentilly-2 pourraient avoir une nationalité cubaine et travailler à Varadero avec leur expertise nucléaire que cela changerait très peu de choses dans la vie des québécois.
Il y a ceux qui veulent garder vive cette expertise nucléaire au cas où il y aurait un développement futur à saisir. Il y a dans cette vision comme un cul-de-sac et un vide-poche. C’est le cul-de-sac de la technologie CANDU qui remonte aux années 1970 lors de sa conception, technologie que l’on veut rénover en marchant de reculons.
Si la technologie CANDU représente moins de 10% des réacteurs nucléaires en opération dans le monde, cela démontre que cette technologie n’est pas appréciée dans le monde du nucléaire. Le CANDU est même interdit en Angleterre et aux États-Unis d’Amérique. Plus de la moitié des CANDU, 22 exactement à l’exclusion de celui de Chalk River, On, ont été construits au Canada. Parmi les plus vieux, l’exploitant de l’Ontario, OPG, a décidé de fermer définitivement 2 réacteurs à Pickering-A parce que la rénovation est non-économiquement viable.
Le vide-poche est celui du contribuable québécois qui ne peut plus payer cette industrie sans fond pendant que nos deux réseaux sociaux publics, celui de la santé et celui de l’éducation, crient au secours.
Les mots que Hubert Reeves, astrophysicien québécois de renommée mondiale, écrit dans son livre «L’Heure de s’enivrer» p.226, résonnent à nouveau dans mon esprit. je cite: «...le nucléaire est trop dangereux pour les humains.»
L’actuelle catastrophe à la centrale japonaise de Fukushima-Dai-Ichi est-elle en train d’en faire la démonstration une fois de plus?
C-8 Conclusion
Comme disent de vieux sages, la terre ne nous appartient pas; c’est nous qui appartenons à la terre. Nous n’avons pas le droit de spolier ce bien commun. La planète bleue doit être sauvée.
Appliqués à la réfection potentielle de l’unique centrale nucléaire de Gentilly-2, tous les critères étudiés ci-dessus militent en faveur de son “démantèlement” sur plusieurs années, nécessitant des centaines d’ouvriers à l’oeuvre et développant une expertise exportable dans le monde.
François A. Lachapelle, retraité de Hydro-Québec 31 août 2011
Je dédie ce texte à mes trois petits-enfants,
Catherine, Sophie et Félix
et à tous les enfants de la terre
qui doivent vivre sans la menace nucléaire,
civile ou militaire.
Gentilly-2: réfection ou démantèlement?
Décision urgente à prendre et lourde de conséquence.
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
30 janvier 2012Merci M. Lachapelle pour votre témoignage, sachez que je l'apprécie énormément, que je lui accorde beaucoup d'importance. Depuis longtemps, je demande que le vérificateur général mette son nez dans les livres d'Hydro-Québec, on y voit trop d'abus.
On pourrait sûrement recycler toutes les personnes impliquées dans l'énergie solaire ou autre chose, il faut seulement être sensé, généreux, humain.
Archives de Vigile Répondre
3 septembre 2011Oups! j'ai oublié la centrale thermique de Trans Canada nqui nous coûte des centaines de millions $... à ne pas tourner!
Archives de Vigile Répondre
3 septembre 2011Superbe exposé! Mais je gagerais ma chemise que le projet de réfection aura lieu. Et je la perdrai de toute façon, comme tous les Québécois dont les taxes ont financé plein de projets énergétiques non rentables de notre gouvernement libéral. Des kw éoliens à 12 cents, une Romaine à 10 cents sans compter les coûts du transport de l'énergie et bientôt Petit Mécatina à un prix encore plus élevé, des petites centrales à gogo pour le bénéfice des maisons d'ingénieurs et les fonds de pension ontariens, ceci pendant que l'électricité se vend 6 cents à la frontière Québec-USA et tout cela dans un contexte de surplus. Et qui va perdurer avec l'écrasement de l'Économie US. Charest est en train de couler la rentabilité d'Hydro Québec et c'est nous les Québécois qui paieront la facture. A compter de 2014 entre autres quand le «bloc patrimonial» sautera, tel que l'a prévu notre bon ministre des Finances Bachand.