Un lecteur fidèle de mes opinions (Paul Proulx de Trois-Rivières) m’a fait parvenir ce texte suite aux récents développements dans la saga Gentilly 2. Comme son opinion reflétait la mienne, je vous la reproduis intégralement et la signe en toute connaissance du sujet.
GENTLLY 2… le chat sort du sac!
Nous tous, résidents de la région de la Mauricie, avons été secoués par l’annonce de la fermeture de Gentilly 2, effectuée tout récemment par le nouveau gouvernement élu. À juste raison d’ailleurs, considérant l’impact économique très important de cette centrale nucléaire dans notre milieu.
Toute une levée régionale de boucliers pour réclamer la réfection de la centrale (presque, à tout prix, dirais-je!). Nos élus politiques, provinciaux comme municipaux, ne se sont pas gênés pour monter aux barricades, on aura même suggéré de « renverser » le gouvernement (le maire de Trois-Rivières), tout comme les différents corps économiques de la région (chambres de commerce), ne se sont pas gênés non plus pour en appeler à une vaste mobilisation CONTRE la fermeture de la centrale nucléaire de Gentilly, prétextant avoir (selon M. J.D. Girard de la Chambre de Commerce de la région immédiate), de NOUVELLES DONNÉES qui laisseraient croire que la position du nouveau gouvernement « ne tenait pas la route ».
Et même M. J.M. Beaudoin parlait de « décision abrupte et improvisée » dans une récente chronique parue dans Le Nouvelliste.
Considérons que cette mobilisation est de bonne guerre et tant mieux si ça peut favoriser la participation citoyenne.
Mais ces « nouvelles données », quelles étaient-elles réellement…? Ça, on ne l’aura jamais su véritablement!
Mais voilà qu’Hydro-Québec, le principal intéressé dans ce dossier, puisqu’il en est à la fois le principal exploitant, le payeur aussi (via nos taxes), vient de recommander au nouveau gouvernement de fermer Gentilly 2, considérant le coût astronomique de la réfection soit 4,3 milliards de dollars (en date d’aujourd’hui), en regard des besoins réels d’énergie du Québec (sans compter le déficit opérationnel de 208 M$/an), considérant que Gentilly 2 n’y contribue qu’à raison de 2 ou 3 pour cent de la demande réelle, considérant également qu’il serait fort possible de combler ce besoin à bien moindre coût, en diversifiant nos sources d’énergie, tout simplement.
De deux choses l’une… ou bien Hydro-Québec connaissait parfaitement bien le contenu de son rapport, mais hésitait à le rendre public en pleine campagne électorale (pour ne pas nuire au gouvernement), ou bien le gouvernement précédent connaissait très bien également la position d’Hydro-Québec, mais préférait laisser au nouveau gouvernement, le soin de se débattre avec tout ça!
Car après tout, personne ne viendra me faire croire qu’un enjeu de 4,3 milliards de dollars, n’était pas connu avant le 4 septembre, et qu’on aurait rédigé ce rapport en trois semaines à peine.
Alors M. Beaudoin, quand vous parlez de décision « abrupte et improvisée », je vous inviterais à vous garder une « petite gêne »! À vous garder une petite gêne, parce qu’il est tout à fait inconcevable de penser qu’une telle décision et d’un tel impact, ait pu se prendre en une semaine à peine! Au contraire, je vous suggérerais de penser qu’à la fois le gouvernement précédent et le gouvernement actuel, étaient parfaitement au courant de la recommandation d’Hydro-Québec, mais que pour des fins purement électoralistes, on aura préféré taire… mais dans tous les cas, je demeure persuadé que la décision aurait été la même, peu importe le gouvernement élu!
On peut bien accuser le nouveau gouvernement de tous les maux à cet égard, mais je serais plus porté à penser que ce nouveau gouvernement aura eu au moins le mérite de mettre les choses au clair, de les communiquer sans délai au lieu de tergiverser constamment, et de prévoir aussi une certaine forme de compensation aussi pour la région.
Cette compensation (le fonds régional de 200M) a aussi été critiquée sévèrement… peut-être aussi à juste raison, quand on connaît l’heureuse ou malheureuse expérience vécue avec le Fonds Laprade à l’époque de la fermeture de l’usine Laprade à Gentilly, laquelle devait fournir de l’eau lourde à la centrale Gentilly 1.
Mais mauvaise expérience ne veut pas dire qu’elle pourrait se répéter à nouveau…!
Et pour ne pas qu’elle se répète, j’inviterais le nouveau gouvernement, nos élus municipaux, nos divers intervenants économiques régionaux, à prendre charge de cette opportunité, et d’en faire une véritable source de projets « structurants », « durables », et véritablement créateurs « d’emplois de bonne qualité », dans le cadre du développement économique de notre région.
J’inviterais également tous nos intervenants régionaux à passer à une autre étape de leur implication dans le développement économique de notre région… à prendre ACTE d’une décision « obligée », « nécessaire » et parfaitement « justifiable » aussi, ne serait-ce que sur le plan économique, tout en les invitant également à continuer la mobilisation régionale, de façon à nous assurer que nous saurons rendre efficiente et efficace, cette nouvelle opportunité qui nous est offerte dans la création de ce nouveau Fonds Régional.
Chiquer sa guenille, déblatérer contre cette décision à gauche ou à droite, ne nous amènera à rien… la décision est prise, irrévocable, justifiée aussi par la recommandation d’Hydro-Québec même!
Vous aurez sans doute remarqué que je ne traite pas du tout de l’aspect environnemental du projet de réfection. Je laisse aux experts scientifiques le soin d’en débattre entre eux, mais je voudrais simplement souligner que nous sommes maintenant pris avec 2,5 tonnes de déchets nucléaires hautement radioactifs pour… 100 000 ans, même si on nous dit que ces déchets sont conservés dans des piscines hautement sécuritaires.
En rajouter l’équivalent dans un contexte mondial où l’ensemble des pays occidentaux tend à se départir du nucellaire m’apparaît tout simplement aberrant… dans un contexte de non-rentabilité par surcroît, ce que le rapport d’Hydro-Québec nous confirme également.
Oui ce gouvernement est minoritaire, oui ce gouvernement n’a l’appui que de 33 % de l’électorat (c’était vrai aussi pour le gouvernement précédent!), mais ce gouvernement a le mérite de mettre les choses au clair… et ça fait longtemps que tous le demandions, peu importe nos allégeances politiques!
Roger Kemp, Trois-Rivières
Gentilly 2, le chat sort du sac
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7 commentaires
Archives de Vigile Répondre
8 octobre 2012Ne pas traiter de l’aspect environnemental du projet de réfection me semble une hérésie du plus haut niveau. C'est la première question qu'on aurait dû poser, la question primordiale. Et ça, même ON n'a pas voulu en tenir compte.
Archives de Vigile Répondre
2 octobre 2012Pour Danielle St-Amand, ce qui est bon pour minou, n'est pas bon pour pitou.
Le PQ a annoncé que Gentilly-2 serait démentelé. Le PLQ crie haut et fort qu'on devrait attendre les rapports pour prendre une décision éclairée. Pourtant, lorsque le PLQ a annoncé qu'il procédait à la réfection, ces fameux rapports n'étaient pas plus sortis!
Les libéraux n'ont aucune leçon à donner.
Archives de Vigile Répondre
1 octobre 2012D'après les chiffres de Hydro-Québec il y a près de 800 emplois, pour la plupart syndiqués, et un montant de rémunération de l'ordre de 90 millions de $ par année, sans compter les avantages marginaux (retraites, assurances, etc). A ceci s'ajoute les sommes considérables collectées par les entrepreneurs régionaux, les taxes municipales, etc, et l'influence de la mise en veilleuse de la centrale sur le prix des maisons dans la région.
Après tout ceci certains cherchent les coupables, Hydro-Québec, le PLQ, etc.
Le nucléaire c'est une page tragique de l'histoire du système économique des 60 dernières années. Rappelons que les premières centrales nucléaires aux Etats-Unis, concus par GE, sont un héritage du développement des sous-marins nucléaires d'attaque et que le système Candu a été utilisé par l'Inde pour accéder à la réalisation d'une bombe atomique.
Il n'y a pas de nucléaire civil sans nucléaire militaire.
Nous allons laisser tout ceci aux générations futures sans espoir de solution pour une très, très longue période et il faudra continuer à maintenir ces centrales en sommeil, ce qui nécessitera de toute facon des coûts élevés d'infrastructure.
Personne ne sait réellement comment démanteler une centrale nucléaire.
Le PQ et Jacques Parizeau étaient dans le passé convaincus qu'ils s'agissait d'une énergie d'avenir et ils ont été comme les autres, aveugles. Rappelons que tout ceci a démarré avec les gouvernements de l'Union Nationale, suivi par les libéraux, suivi par le PQ. Il s'agit ici, comme pour les autres d'une foi aveugle, dans le 'développement' a tout prix, sans considérations pour les coûts réels, l'avenir de la solution, une foi technocratique, etc.
Le capitalisme d'état (Hydro-Québec, les sociétés nationales) ca reste du capitalisme, un système économique qui cherche des gains à court terme, sans se préocuper des conséquences pour les générations futures...
Il faut souligner, ici, la position courageuse de l'ancien député, Jean-Marie Aussant, qui CONTRE l'avis des caciques du PQ, alors qu'il était encore au PQ, avait demandé la fermeture de Gentilly-2...
Archives de Vigile Répondre
1 octobre 2012Une centrale nucléaire coûte tellement chère à réparer que parfois il vaut mieux en construire une autre. Mais elle coûte aussi énormément chère à fermer car il faut bien se débarrasser du matériel contaminé.
Ça coûte tellement cher qu'Énergie Nouveau-Brunswick avait décidé de tout vendre le réseau plutôt que de rénover Point
Lepreau qu'on ne pourra difficilement utiliser à plus de 20% de sa capacité sans risquer des problèmes majeurs.
Il est impossible de faire des estimations justes quand on répare du matériel nucléaire. Point Lepreau a été un échec parce que les opérateurs n'avaient pas la compétence requise pour la faire fonctionner. On a voulu rogner sur les coûts d'opération, mais ce fut un désastre. On avait omis de faire fonctionner des dispositifs de sécurité en cas de surchauffe, surchauffe qui n'apparaissait pas problématique mais qui engendrait une usure prématurée des composantes. C'est ce que je me souviens d'avoir lu concernant cette centrale.
Les problèmes de Gentilly 2 sont probablement les mêmes, on ne saura jamais la vérité. Qui va se vanter d'avoir engagé des gens incompétents ou qui n'avaient pas les connaissances requises pour faire fonctionner la centrale?
Évidemment personne. Qui est en mesure d'évaluer les compétences requises dans un tel domaine? Pas moi et sans doute aucun fonctionnaire qui ne connaît rien dans le nucléaire. Alors il faut donc se fier à l'expérience, une longue expérience. Et pas seulement l'expérience d'une seule personne mais d'un groupe de personnes. On ne peut pas imputer la responsabilité du fonctionnement d'une centrale nucléaire sur le dos d'une seule personne. Seul un groupe de scientifiques spécialisés dans le domaine nucléaire peut prendre en charge la responsabilité du fonctionnment d'une centrale. Avons-nous la capacité financière de nous payer des spécialistes de cette envergure? J'en doute dans l'état actuel de nos finances publiques.
Les gens du Nouveau-Brunswick n'ont pas la capacité financière de réparer Point Lepreau et de la faire fonctionner sans risque. Et si Hydro-Québec dit que notre centrale n'est pas rentable, alors il vaut mieux tout oublier.
Peut-être que la vérité est tout simplement celle-ci: nous n'avons pas les spécialistes requis pour faire fonctionner sans risque ou sans coûts astronomiques une centrale nucléaire. Qui oserait le dire?
Serge Jean Répondre
1 octobre 2012Les centrales nucléaires utiles pour la production d'isotopes des réseaux hospitaliers, comme le mentionne plus haut ici monsieur Déry.
Quel monde dangereux et absurde. Produire des isotopes radioactifs pour la « tentative de guérison » des cancers déclenchés eux-mêmes par les poussières radioactives échappées dans l'environnement par ces mêmes centrales.
On nage dans la folie absurde préjudiciable à tous, car la centrale nucléaire Gentilly II est l'affaire de tous sur le territoire, pas seulement de la chambre de commerce et le maire de Trois-Rivière.
On peut se demander si la pollution nucléaire n'affecterait pas justement le jugement des individus, car oui cette pollution existe, et dans un ampleur bien plus grave qu'on n'ose le dire par les réseaux d'informations officiels ou même dans les documentaires sur le sujet.Les documents sur le sujet existent.
Quand les principaux centres hospitaliers régionaux se transforment graduellement tous en usines à cancer, il faut commencer à se poser de sérieuses questions.
Rajoutons à cela l'industrie agricole avec son rondup qu'on renverse partout dans les paysages agricoles du Québec eh bien il n'est pas exagéré de dire qu'on est en mode alerte rouge de niveau II. Réveillons-nous et cessons d'être des tapis pour tous ces affairistes sans conscience et dangereux pour tous.
La bourse ou la Vie
Jean
Archives de Vigile Répondre
1 octobre 2012Au départ, ne faut-il pas se demander sous quelles influences présumément Hydro-Québec aurait décidé de restaurer cette centrale? Était-ce là une sage décision d'affaire ou une décision politique? Est-ce Hydro qui en a ainsi décidé ou le PLQ pour gagner à lui ces circonscriptions bénéficiant de ce projet nocif?
Si c'est Hydro, cela prouve qu'on ne peut guère lui faire confiance pour gérer notre argent.
Il faut clarifier cette prise de décision. Il faut suivre la filière nucléaire: Énergie atomique du Canada, SNC-Lavalin, etc, etc. À quelles rares personnes ou entreprises cette décision profitait-elle?
Francis Déry Répondre
1 octobre 2012Je m'interroge sur la motivation de poursuivre la production nucléaire chez l'ancien gouvernement. Bien sûr, il y a la production d'isotopes pour le réseau hospitalier.
Hormis cela, j'imagine que le gros gaspillage fait des retombées économiques intéressantes dans le privé.
C'est au niveau du lobby de ce secteur privé qu'il faut s'intéresser. Faire une analyse des dons au parti.