Gentilly-2 a une valeur économique selon Jean-Marc CARPENTIER.

Oui, une valeur économique négative!

Tribune libre

Un analyste en énergie, Jean-Marc Carpentier, est interviewé ce soir par Anne-Marie Dussault à l'émission télé de Radio-Canada 24 heures en 60 minutes.
Monsieur Carpentier est en faveur de la réfection de Gentilly-2, croyant que cette centrale qui aura 28 ans le 1er octobre prochain, possède une valeur économique.
Pourtant, les chiffres qu'il cite ne sont pas les bons. Il affirme que cette centrale produit 5 000 mégawattheures par année alors que le dernier chiffre disponible en 2009 révèle une production annuelle de 3600 mégawattheures. Il y a ici un différentiel de 28% d'erreur en défaveur de Monsieur Carpentier.
Monsieur Carpentier laisse croire que le coût de démantèlement est aussi élevé que le coût de réfection en comparant 1,6 milliard $ en coût de démantèlement à comparer à 2,0 milliards $ en coût de réfection. Il favorise le scénario de réfection qui en plus du 2,0 milliards $ nous laissera une centrale qui produit de l'électricité.
Ne parlons surtout pas des déchets nucléaires produits par une centrale nucléaire comme Gentilly-2 dont on ne sait pas quoi en faire. Savons-nous combien de tonnes de déchets nucléaire Gentilly-2 a produit depuis le 1er octobre 1983? Pour répondre à cette question, il faut savoir que les 380 tubes de force situés dans le coeur du réacteur contiennent 4560 grappes de combustible, chaque grappe pesant environ 25 kg. Chaque année, plus de 3500 grappes de combustible arrivent au terme de leur vie utile et doivent être discartées, placées en piscine pendant un nombre d'années avant d'être entreposées au sec pour des centaines d'années à venir, tant qu'une solution plus sécuritaire ne sera pas trouvée. En tout depuis 1983, Gentilly-2 a produit plus de 80 000 grappes de combustible usagé entreposé sur le site de Gentilly-2 à Bécancour, Québec. On ne parlera pas des budgets et des moyens déployés pour surveiller ce combustible convoité par des espions et des terroristes.
Revenons à la valeur économique, opinion émise par l'analyste en énergie, Jean-Marc CARPENTIER.
Considérons en premier lieu les retombées économiques prévues par Hydro-Québec découlant du 2,0 milliards $ du coût de réfection. Seulement 30% du total, soit 600 millions $ sont prévus comme retombées pour le Québec et seulement 200 millions de ce 600 millions $ pour les régions cibles près de la centrale, soit la Mauricie et le Centre du Québec. Le solde de 70%, soit 1400 millions $ iront hors Québec. Nous qualifions cette fuite d'investissement une valeur économique NÉGATIVE pour l'information de Monsieur CARPENTIER.
En deuxième lieu, il faut regarder la durée dans le temps où se déroule l'un ou l'autre des scénarios. La réfection est prévue durée 24 mois avec un exode de 70% des investissements. Le démantèlement, estimé par Hydro-Québec dans son dernier rapport annuel à 1,6 milliard $ peut s'étendre sur 40 ans. Si nous retenons un 20 ans plus réaliste pour le démantèlement, cela représente une dépense annuelle de 80 millions $ dont plus de 90% resteront dans les régions cibles de la Mauricie et du Centre du Québec. En conséquence, le scénario représente davantage une valeur économique positive localement et pour plusieurs années à comparer à la réfection où l'argent sera brûlé en 24 mois.
En troisième lieu, une analyse plus poussée des coûts complets de la réfection de Gentilly-2 arrive à une prix de revient unitaire pour un kilowattheure produit après réfection au dessus de 20 cents. La valeur économique de Gentilly-2, si on procède à sa réfection sera une valeur économique positive pour SNC-LAVALIN qui vient d'acheter Énergie Atomique du Canada Limitée.
Les québécois comme payeurs verront Gentilly-2 comme une valeur économique négative. Anne-Marie Dussault aurait dû demander au début de l'entretien à Jean-Marc CARPENTIER: au nom de qui parlez-vous ? La réponse aurait été: pour les firmes de génie-conseil spécialisées dans le nucléaire. Sinon, Monsieur Carpentier, sortez vos chiffres et on vérifiera.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    26 février 2012

    J'aime mieux écouter Hubert Reeves que Jean-Marc Carpentier quand on parle nucléaire:
    Hubert Reeves : "le nucléaire est une mauvaise solution car il revient à hypothéquer l’avenir"
    Le célèbre astrophysicien Hubert Reeves s’est à de nombreuses reprises exprimé sur son soutien à la sortie du nucléaire et son opposition à l’utilisation de cette énergie.
    Extrait de l’interview donnée par Hubert Reeves à La Vie le 24 mars 2011 :
    "Ce conflit entre la sécurité et le profit est pour moi une des raisons pour laquelle je pense que le nucléaire est une activité trop dangereuse pour être confiée aux « humains trop humains » (pour reprendre l’expression de Nietzsche). On ne laisse pas les enfants jouer avec les allumettes."