Le pape François a qualifié plus tôt dans la journée le massacre des Arméniens de «génocide», une première pour un pontife. La Turquie a convoqué le représentant du Vatican à Ankara.
Le Premier ministre turc a qualifié dimanche les propos du pape sur le génocide arménien de «partiaux» et «inappropriés». Plus tôt, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a jugé«sans fondement» et «loin de la réalité historique» l’utilisation par le pape François du mot «génocide» pour qualifier le massacre des Arméniens il y a 100 ans. «La délaration du pape, qui est loin de la réalité légale et historique, ne peut pas être acceptée», a dit sur son compte Twitter le ministre.
La Turquie a dans la foulée rappelé son ambassadeur au Vatican pour «consultation» et a convoqué dimanche le représentant du Vatican à Ankara afin qu’il s’explique sur la position du pape François, ont annoncé les télévisions turques. Le représentant a été convoqué au ministère des Affaires étrangères turc, ont précisé les chaînes NTV et CNN-Turk.
«Au siècle dernier, notre famille humaine a traversé trois tragédies massives et sans précédent. La première, qui est largement considérée comme "le premier génocide du XXe siècle" a frappé votre peuple arménien, a déclaré le pontife en citant un document signé en 2001 par le pape Jean Paul II et le patriarche arménien. Les deux autres ont été ceux perpétrés par le nazisme et par le stalinisme. Et plus récemment d’autres exterminations de masse, comme celles au Cambodge, au Rwanda, au Burundi, en Bosnie.»
Il s’est exprimé à l’ouverture d’une messe à la mémoire des Arméniens massacrés entre 1915 et 1917, concélébrée avec le patriarche arménien Nerses Bedros XIX Tarmouni, avec des éléments du rite catholique arménien et en présence du président du pays, Serzh Sargsyan.
Même si Jean Paul II avait utilisé le terme en 2000 dans le document commun et que Jorge Bergoglio l’avait utilisé plusieurs fois avant de devenir pape il y a deux ans et même au moins une fois en privé depuis, c’est la première fois qu’il est prononcé publiquement par un pontife.
Les Arméniens estiment que 1,5 million des leurs ont été tués entre 1915 et 1917, à la fin de l’empire ottoman. Nombre d’historiens et plus d’une vingtaine de pays, dont la France, l’Italie et la Russie, ont reconnu un génocide.
La Turquie affirme pour sa part qu’il s’agissait d’une guerre civile dans laquelle 300 à 500 000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.
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