La police antiémeute de Hong Kong a tiré samedi des balles de caoutchouc et des gaz lacrymogènes sur les participants d'une manifestation interdite, à Yuen Long, près de la frontière avec la Chine, où des hommes soupçonnés d'appartenir à des gangs violents avaient agressé le week-end dernier des militants opposés au projet de loi d’extradition.
Plusieurs chaînes de télévision ont diffusé des images où l'on voit la foule se faire asperger de gaz lacrymogène. Peu de temps auparavant, des manifestants avaient lancé des pierres et des bouteilles sur les policiers, et encerclé un camion des forces de l'ordre.
L'Agence France-Presse rapporte aussi que les policiers ont tiré de nombreuses salves de balles en caoutchouc en direction d'environ 200 manifestants qui se protégeaient avec des parapluies.
Invoquant des raisons de sécurité, les autorités avaient interdit ce rassemblement. De nombreux magasins étaient fermés, et les trains du réseau de transport en commun de Hong Kong ne faisaient pas leurs arrêts habituels à Yuen Long.
Les manifestants ont fait peu de cas de cet ordre. Cependant, peu d'entre eux brandissaient des pancartes ou des banderoles, contrairement aux manifestants des marches précédentes.
Certains ont dit à Reuters qu'ils redoutaient que des violences se produisent. « La situation s'envenime, et ce samedi pourrait être le point de départ d'une période encore plus violente », avait confié l'un d'eux.
Vêtus de noir pour la plupart, ils ont défilé avec des parapluies en main. Cet objet est devenu un symbole, depuis les manifestations de 2014, et permet aux opposants de cacher leur identité aux caméras tout en se protégeant des gaz lacrymogènes. Certains portaient aussi des masques.
La police de Hong Kong connaît la loi et enfreint la loi
, ont-ils clamé en se frayant un chemin dans les rues.
Au moment où la police commençait à faire usage de gaz lacrymogènes, le gouvernement a publié une déclaration prévenant que les forces de l'ordre se déplaceraient pour mettre un terme au rassemblement.
D'après le communiqué, certains manifestants « tenaient des barres de fer et tentaient d'enlever les clôtures des routes ».
Un homme a également été arrêté pour avoir blessé quelqu'un avec un couteau.
Dimanche dernier, des hommes vêtus de blanc, certains armés de bâtons, ont attaqué des militants antigouvernementaux qui rentraient chez eux après une manifestation, dans une station de métro de Yuen Long. Plus d’une quarantaine de personnes ont été blessées.
La lenteur d’intervention de la police n’a pas manqué d’être vertement critiquée. Les autorités ont indiqué avoir arrêté 12 personnes en lien avec ces violences, dont 9 liées aux triades, ces gangs violents.
Réclamée par l’opposition, une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur ces violences.
Les policiers nous ont laissés tomber
, a déclaré l’un des manifestants, Kevin, qui a défié l'interdiction de se rassembler.
Ils ont délibérément laissé les triades s’en prendre aux manifestants en guise de vengeance. Nous sommes là pour leur donner une leçon
, a-t-il ajouté avant de lancer des invectives aux policiers qui surveillaient la manifestation.
Hong Kong connaît depuis début juin de gigantesques manifestations antigouvermentales, majoritairement pacifiques. Certaines ont toutefois donné lieu à des affrontements entre manifestants plus radicaux et forces de l’ordre.
Le mouvement est parti du rejet d'un projet de loi désormais suspendu visant à autoriser les extraditions vers la Chine, puis s'est élargi à des revendications plus larges de réformes démocratiques.
Une autre manifestation est prévue dimanche dans un quartier où la police antiémeute a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc sur des manifestants qui s'en étaient pris au Bureau de liaison du gouvernement chinois à Hong Kong, la semaine dernière.
La police y a autorisé un rassemblement, mais pas une marche.