Après un peu moins de 1 milliard de dollars dépensés, un centre-ville complètement paralysé et au-delà de 900 arrestations, le temps est venu de faire le bilan du G20 qui se déroulait à Toronto. Malheureusement, outre le faux lac, on retiendra bien peu de ce sommet. Pourtant, il est louable que les pays membres en soient venus à s'entendre sur deux points cruciaux?: la réduction des déficits budgétaires et la continuation des efforts de réformes financières.
Le retour à l'équilibre budgétaire est nécessaire afin d'éviter un accroissement intenable de la dette publique et d'échapper à un éventuel recours excessif à des hausses d'impôt. Par contre, si les sommets de Washington, Londres et Pittsburgh ont permis de coordonner les plans de relance de l'économie mondiale, la timidité du virage de Toronto vers la coordination des plans d'austérité pourrait malencontreusement ralentir, plutôt qu'accélérer, l'assainissement des finances publiques.
Les objectifs que les pays se sont donnés de réduire leurs déficits de moitié d'ici 2013 et de stabiliser les ratios de la dette publique au PIB d'ici 2016 sont modestes, et apparaissent même inférieurs à ce que la plupart des pays s'étaient déjà donnés comme cible. Les déficits records sont en grande partie le résultat des plans de relance qui, par définition, sont des dépenses temporaires.
Les États-Unis semblent avoir contribué à ralentir les ardeurs de ceux qui auraient souhaité un retour plus rapide à la fin de l'endettement insoutenable. L'incertitude économique pèse lourd aux États-Unis qui, plus que quiconque, espèrent maintenant un rééquilibrage des échanges commerciaux avec la Chine. À ce titre, le G20 souhaite que la Chine augmente ses dépenses publiques dans le but de renforcer la demande intérieure et qu'elle accroisse la flexibilité de son taux de change, sans adopter de cible précise. On aurait sans doute souhaité des engagements plus fermes.
Même chose sur le plan de la réglementation financière, où les progrès sont marginaux. En fait, le communiqué ne fait que renforcer ou réitérer des engagements antérieurs. Par exemple, les pays consolident leur promesse d'établir un système bancaire plus résiliant aux chocs financiers, en affirmant que le montant des capitaux que les banques doivent détenir «sera beaucoup plus élevé, et leur qualité sera améliorée de manière significative». Le langage utilisé envoie néanmoins un message clair aux banques qu'elles ne pourront plus abuser de l'endettement.
De plus, le Canada a comme prévu gagné sa bataille pour contrer une taxe bancaire internationale: le communiqué final n'en fait que brièvement mention et reconnait que chaque pays est libre de faire comme bon lui semble. Il s'agit d'un développement positif; cette proposition, qui visait en quelque sorte l'instauration d'un filet de sûreté pour banques, aurait favorisé la prise de risque excessif et pénalisé les banques qui auraient fait preuve de plus de réserve.
Force est d'admettre que le sommet de Toronto n'apporte vraiment rien de concret. La réforme du système financier international était déjà bien enclenchée et suivait son cours de toute façon au niveau d'autres institutions internationales, comme le comité de Bâle, tandis que les cibles d'assainissement des finances publiques sont si modestes qu'elles risquent de ralentir l'élan de certains pays plutôt que d'encourager la rigueur budgétaire nécessaire à moyen terme.
De plus, en substance, le communiqué demeure évasif sur des enjeux cruciaux comme l'établissement d'un nouveau régime mondial pour les liquidités des banques, la prolifération des barrières commerciales ou le juste équilibre entre stimulation de l'économie mondiale et coupes budgétaires. Sans remettre en question la pertinence du G20, il reste beaucoup à faire pour assurer la croissance économique mondiale et la stabilité du système financier.
G20: un virage timide
Sans remettre en question la pertinence du G20, il reste beaucoup à faire pour assurer la croissance économique mondiale et la stabilité du système financier
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