Futile mea culpa

Lettre à Mgr Ouellet, aux catholiques lucides, aux agnostiques et aux athées

Tribune libre - 2007


Lettre à Mgr Ouellet, aux catholiques lucides, aux agnostiques et aux athées
Mgr Ouellet, vous ne pouvez porter sur vos seules frêles épaules les
fautes de l’Église catholique romaine au grand complet… Il faudrait que
tout l’épiscopat d’ici batte sa coulpe à l’unisson pour chaque journée de
chaque année séparant 1760 de… 2007 ! Quelques dates et quelques faits
significatifs illustreront bien pourquoi.
Durant le siècle qui suivit la défaite de 1759, le clergé
canadien-français fait chanter des Te Deum ridicules chaque fois que
l’occasion se présente de faire l’éloge d’un roi anglais, ânonnant à qui
mieux mieux les propos de Saint Paul dans son Épître aux Romains, à savoir
qu’ « il n’est point de puissance qui ne vienne de Dieu », condamnant sur
cet autel les révolutionnaires français de 1789, ces impies, ces mécréants
qui veulent abolir la monarchie de droit divin et fonder une république
laïque… En 1838, une fois nos Patriotes bien matés par la soldatesque
britannique et alors qu’on s’apprête à les pendre, Mgr Jean-Jacques
Lartigue publie un mandement pour « remercier Dieu d’avoir rétabli la
tranquillité dans le pays » (!). En 1858, Mgr Ignace Bourget, convaincu que
la « divine Providence donna la victoire aux Anglais en 1759 », excommunie
tous les membres de l’Institut canadien, cette institution laïque qui
donnait de l’urticaire à nos ultramontains. En juin 1867, les évêques de
Trois-Rivières, de Québec, de Saint-Hyacinthe et de Rimouski, brandissant
l’excommunication, publient un mandement obligeant le peuple à se soumettre
à une « entente » (le British North America Act) pour laquelle leur avis
démocratique n’a aucunement été sollicité et qui nous englue toujours 140
ans plus tard.
Ces exemples éloignés de nous, vous les trouvez caducs ? Rappelons que
jamais tout au long du XXe siècle un seul membre du clergé québécois, de la
base au sommet, n’a appuyé le désir d’émancipation d’une part importante
des Québécois, même dans ces moments fiévreux où il frôlait les 50 %. Qui
peut nommer une seule voix catholique ayant appuyé le « oui » en 1980 ? En
1995 ? Impensable : appuyer tous les establishments demeure aujourd’hui
plus que jamais l’unique voie autorisée par une institution vouant déjà un
culte maladif à sa propre hiérarchie.
Formidable puissance au service du statu quo, le clergé
canadien-français, jusqu’à 1867, a appuyé sans jamais rougir de honte le
colonialisme britannique. Pour s’en convaincre, il suffit de lire
l’anthologie Un siècle de collusion entre le clergé et le gouvernement
britannique dans laquelle Adrien Thério détaille les mandements des évêques
de la conquête anglaise à la fondation du Canada. Et depuis cette date ? Le
fédéralisme le plus centralisateur demeure leur option favorite.
L’autre péché inavouable et inexcusable de l’Église se résume à son
prêche continuel envers la pauvreté matérielle de ses fidèles. Pendant
qu’elle démonisait l’argent au point de l’associer à Satan, le Vatican, de
son côté, croulait sous tant de richesses que les protestants, à l’instar
du moine allemand Luther, finirent par s’en dégoûter. Pendant ce temps, les
protestants d’ici, morts de rire, s’appropriaient les richesses délaissées
par nos bons catholiques canadiens- français, sans se faire enquiquiner par
quiconque. Obéissants et soumis, nous préférions aller défendre les états
pontificaux à Rome déguisés en zouaves pontificaux grotesques.
Ce retard imposé aux Québécois par l’àplaventrisme de leur clergé, ils ne
s’en sont pas encore remis. Chose certaine, des excuses molles qui
escamotent le cœur du problème ne pourront jamais effacer les conséquences
incalculables de l’aveuglement réactionnaire d’un clergé ultraconservateur.
Aveuglement tel qu’il l’a poussé à maintes reprises à trahir le peuple dont
il était issu. À cet égard, le passé est garant de l’avenir, et une
rechute, toujours possible.
Jean-François Vallée

Québec, le 27 novembre 2007
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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Jean-François Vallée91 articles

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Jean-François Vallée est professeur de littérature québécoise et française au niveau collégial depuis 1995. Son ambition de pédagogue consiste à rendre les étudiants non seulement informés mais objectivement fiers de la culture dans laquelle ils vivent. Il souhaite aussi contribuer à les libérer de la relation aliénante d'amour-haine envers leur propre culture dont ils ont hérité de leurs ancêtres Canadiens français. Il a écrit dans le journal Le Québécois, est porte-parole du Mouvement Quiébec français dans le Bas-Saint-Laurent et milite organise, avec la Société d'action nationale de Rivière-du-Loup, les activités de la Journée nationale des patriotes et du Jour du drapeau.





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1 commentaire

  • Jacques Bergeron Répondre

    3 décembre 2007

    Après avoir écrit ces «vérités»,sur notre clergé, est-il nécessaire de continuer à combattre l'ennemi qui n'en n'est pas un? Bien sûr, plusieurs «religieux», évêques et d'autres Canadiens-français québécois, ont pactisé avec l'ennemi anglais, ce que nous pouvons lire dans «Québec romantique» et dans «Québec, la Capitale» d'André Duval,Notaire émérite et Historien, «SIC» qui vante les mérites de la collaboration de ses concitoyens et de ses concitoyennes avec les Anglais, ces gens trop heureux de manifester leur «assujettissement» à la Reine d'Angleterre à chaque occasion où ils le pouvaient.Dès qu'il y avait un gros «Lord» dans la place, les Québécois n'avaient rien de mieux à faire que d'aller fêter avec ce triste «sire» sa venue à Québec et en Canada.Ce n'est donc pas «seulement» le Haut-Clergé et «des» prêtres que l'on devrait «vilipender», mais tous ces gens qui n'avaient rien de mieux à faire que d'aller assujettir joyeusement leurs personnes devant les puissants du moment.Faudrait-il alors dénoncer sur la place publique tous les «Canadiens-français» du Québec, parce que quelques-uns de leurs frères ont accepté d'être de joyeux «esclaves» ,prêts à tout moment à admirer leurs maîtres, plutôt que de se libérer de leurs «chaînes, et à fêter avec ces occupants de notre territoire, leurs nombreuses visites en Canada, en passant par Québec, bien sûr?Que faudrait-il dire, et que devons-nous faire aujourd'hui devant toutes ces personnes qui trahissent (quel vilain mot pour certaines personnes)le Québec et notre idéal? Faudrait-il les mettre toutes dans le même panier de «crabes», et dénoncer tous (et toutes) les journalistes , et tous (et toutes) les «Politiques» qui chaque jour pactisent avec les ennemis de la libération du Québec. Que devons-nous faire de tous les Jean Chrétien et autres Stépane Dion qui ont triché lors du référendum de «1995»,afin de nous voler un pays? Pourquoi ne pas «stigmatiser» ces gens qui ont contribué à nous garder prisonniers du Canada par leurs manigances et leur assujettissement, par le jeu des «commandites»,celui des «citoyennetés accordées par anticipation», par les votes de plusieurs «centaines de milliers de voteurs illégaux»(certains ont cité le nombre de 400 mille),par leur réunion «amoureuse» et que sais-je encore? Ne serait-ce pas eux qu'il faudrait dénoncer sur la place «publique», plutôt que les religieux, qui même avec leurs défauts et leurs «intérêts» (religieux ceux-la et non pécuniaires) ont tout de même permis à notre peuple de conserver sa langue et sa culture, et même de contrer l'immigration massive «anglaise», par la «revanche des berceaux»? Bien sûr que pour ce faire, ce sont nos mères qui en ont payé le prix. Mais, dites-moi, où en serait motre peuple si nous n'avions pas eu cette première «politique de la famille».Madame la ministre Saint-Pierre n'aurait pas pu ridiculiser l'évêque de Québec si nos mamans, avaient comme celles d'aujourd'hui,(sans poser de jugement sur leurs actions)eu l'occasion de se faire avorter et/ou de ne donner la naissance qu'à un ou deux enfants.Quant à moi, «7ème » enfant d'une famille de «11», il est certain que je n'existerais pas, ce qui est le cas de nomreuses autres personnes que nous connaissons.Où en serait notre peuple si cette politique de la famille n'avait pas existée? Plus que probablement notre peuple ne pourrait rechercher l'idéal qu'il recherche, puisqu'il n'exiterait plus ou qu'il serait assimilé au tout «Anglais» de l'Amérique du nord.Tout en reconnaissant les erreurs du «Clergé» du Québec, et celles de milliers de Canadiens-français du Québec et du Canada, ne devrait-on plutôt «identifier» les vrais ennemis de notre émancipation politique et culturelle,ces gens qui ont toujours voulu, par leurs politiques et leurs actions, la disparition de notre peuple, de sa langue et de la culture qui lui est inhérente, de l'Amérique du nord? Revisitons un peu notre histoire et nous verrons que les Anglais sont les véritables ennemis que nous devrions combattre.Nous découvrirons que ce ne sont pas nos prêtres et nos évêques qui ont déporté les Acadiens, qui leur ont interdit à celles et ceux qui ont osé revenir dans leur pays de parler leur langue.Que ce n'est pas le «Clergé» qui a pendu Louis Riel, et qui a interdit d'enseigner et de parler notre langue au Manitoba.Ce ne sont pas nos «prêtres et nos «Évêques» qui ont écrit le règlement «XVII» de la province de l'Ontario qui interdisait l'enseignement du Français dans cette province. Ce ne sont pas ces religieux qui ont refusé de reconnaître les droits de notre langue dans les provinces nouvellement créées de l'Aberta et de la Sakatchewan,envers et contre la constitution du Canada? À ce que je sache, ce sont les dirigeants politiques Anglais et Canadiens-français fédéralistes, nobles sujets de la Royauté anglaise qui ont décrété la conscription qui obligeait nos frères à aller défendre la mère-Patrie anglaise,malgré le «non» lors de référendum sur ce sujet!Retenons que nos frères et nos pères
    ( plus de 150,000) ont plutôt choisi de s'enrôler pour aller défendre leur «Mère-Patrie» la France sous les couleurs du Canada,(malheureusement;mais avaient-ils un autre choix?) lors le guerre de 1939-1945?Ce n'est pas l'église du Québec ou du Canada d'alors qui a obligé des millions de nos frères à s'expatrier aux States pour y gagner leur vie, mais bien les politiques économiques du Canada qui les ont forcés à agir ainsi.Il nous serait possible de continuer à identifier les nombreux maux que nous valent la présence anglaise au Québec,
    ne serait-ce qu'en utilisant pour ce faire,les nombreuses vexations que nous avons subies devant la cour suprême du Canada. Comment pourrions-nous oublier les nombreuses contestations de la loi sur la protection et de la promotion de la langue «française, loi appelée aussi «101», contestations souvent( je devrais dire presque toujours) véhiculées par des «député-e-s et des avocats» issus de notre peuple? Ces
    quelques notes, tirées de l'histoire de notre peuple,devraient
    nous convaincre que les vais ennemis de l'émancipation
    politique ,économique et culturelle de notre peuple, n'est pas
    le notre clergé, malgré ses défauts. Le seul ennemi à dénoncer
    est situé de l'autre côté de l'Outaouais, et souvents fois chez
    nous ,qu'il soit Anglo-québécois ou Canadien-français
    québécois.Ce sont ces gens que nous devons dénoncer afin de
    déculpabiliser nos concitoyennes et nos concitoyens des fautes
    dont ils (elles) se sentent toujours coupables.On me pemettra de citer ce philosophe qui disait que l'esclave cherche à s'excuser devant son maître de son désir d'essayer de
    se libérer de ses «chaînes».Si j'avais une suggestion à faire à toutes ces gens qui s'excusent de leurs erreurs , ce serait de ne jamais avouer qu'elles en ont.Ces excuses ne font que permettre à d'autres individus de les condamner, sans jamais admettre qu'ils possèdent tout un bagage d'erreurs et de fautes qu'ils ne voudront jamais confesser?Ils font bien, parce qu'en ce faisant ils donneraient des armes à leurs ennemis!
    Jacques Bergeron ,Ahuntsic, Montréal