François Legault caracole au sommet des sondages électoraux. Le succès de ce candidat virtuel au poste de premier ministre s'explique par des propositions simples qui s'en tiennent à l'essentiel. Celles-ci doivent toutefois encore être soumises à l'épreuve du réel qu'est le combat politique.
L'ancien ministre péquiste de l'Éducation et de la Santé n'est pas un politicien charismatique, tant s'en faut! Pas plus que l'homme d'affaires Charles Sirois qui l'accompagne dans cette aventure qu'est la Coalition pour l'avenir du Québec. Paradoxalement, là se trouve leur capacité de séduction à l'égard d'électeurs qui, ces temps-ci, recherchent moins les beaux parleurs et plus les leaders qui ont des réalisations dans leurs bagages. Un Québécois sur trois les croit volontiers lorsqu'ils disent que, pour relancer le Québec, il faut cesser d'être à tout pour tous et se concentrer plutôt sur la remise en état des systèmes d'éducation et de santé et la reprise en main de nos assises économiques et culturelles.
Le programme mis en avant par la Coalition contient à cet égard peu ou pas d'idées nouvelles. Elles ont déjà été exprimées par les uns ou les autres. Tout tient plutôt à l'identification des problèmes auxquels il faut s'attaquer de toute urgence. Et aussi à l'affirmation d'une forte détermination à réaliser ce qui doit l'être, quel qu'en soit le prix politique à payer en cours de route.
Le quatrième volet de ce programme rendu public hier, celui sur la culture, illustre bien l'approche du tandem Legault-Sirois. C'est sans surprise que l'on trouve ainsi affirmée la préoccupation de la Coalition à l'égard de la pérennité de la langue et de la culture françaises en Amérique du Nord. Aucun parti politique au Québec ne peut évidemment négliger cette question. La surprise est plutôt dans la réponse proposée: «Le Québec doit être souverain en matière linguistique en raison de sa réalité objective en Amérique du Nord. Il est légitime pour son gouvernement d'utiliser la clause dérogatoire lorsqu'il s'agit de défendre la langue française.»
Le ton est volontaire et, afin d'être bien clair, on ajoute ne pas exclure le recours à cette clause pour mettre fin au régime des écoles passerelles. Chose que n'a pas osé faire le gouvernement Charest l'automne dernier, dont on se distingue ainsi quant à sa résolution à défendre la langue et de la culture françaises. Du même coup, on rassure les Québécois qui ont une fibre nationaliste quant au rôle de l'État en cette matière, comme la Coalition l'avait fait plus tôt cette année à propos du rôle de l'État dans la dispensation des services de santé en rejetant l'idée de la privatisation prônée par l'Action démocratique.
On peut donc retenir qu'un éventuel gouvernement dirigé par François Legault ne serait pas là pour démanteler l'État québécois, ni abdiquer ses responsabilités sur le plan social comme sur le plan culturel. Rassuré, on ne peut l'être toutefois entièrement, car François Legault, s'il n'a pas encore créé officiellement son parti, a néanmoins un pied dans l'arène politique partisane. S'il ose affirmer aujourd'hui ne pas écarter le recours à la clause dérogatoire pour défendre la Charte de la langue française, on ne sait pas s'il le ferait. La consolidation de la position du français devra être menée de façon résolue, mais de manière souple et tolérante, écrit-il. Ces nuances lui gardent bien des portes ouvertes et sont autant d'inconnues. Le premier ministre Jean Charest a bien raison de l'inviter à entrer de plain-pied dans l'arène politique. Seule la confrontation avec ses adversaires nous dira là où il loge vraiment.
François Legault - Entrer dans l'arène
Seule la confrontation avec ses adversaires nous dira là où il loge vraiment.
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