Le gouvernement Legault a pris le pouvoir en octobre dernier, mais a déjà reculé sur plusieurs questions sensibles. Trop-perçus d’Hydro, abandon d’une enquête sur le bordel informatique et récompense pour un proche de Philippe Couillard : le discours des troupes caquistes a évolué et leurs promesses n’ont pas toujours été tenues.
REMBOURSER LES TROP-PERÇUS D’HYDRO
Le Journal a révélé qu’Hydro-Québec continue d’encaisser les trop-perçus, qui ont atteint 182 millions de dollars l’an dernier. Lorsqu’elle était dans l’opposition, la CAQ exigeait que l’on rembourse les Québécois pour cette « taxe déguisée ». Maintenant au pouvoir, le gouvernement Legault conservera tout de même près de 35 % de cette somme. François Legault s’est dédouané en affirmant qu’il n’a jamais promis en campagne électorale de mettre fin à cette pratique, qu’il qualifiait pourtant de « détournement » dans l’opposition.
PAS DE RÉCOMPENSES AUX PROCHES DE COUILLARD
François Legault a nommé l’ancien directeur de cabinet de Philippe Couillard Jean-Pascal Bernier vice-président de la Société d’habitation du Québec. En campagne électorale, M. Legault a pourtant dénoncé cette pratique qui vise à offrir des postes aux proches collaborateurs du premier ministre sortant. « Moi, je ne ferai pas de cadeaux à trois amis de Philippe Couillard, et de les nommer, et de leur donner une job à vie », disait-il en campagne.
PAS D’ENQUÊTES PUBLIQUES EN INFORMATIQUE
La CAQ réclamait une enquête publique sur le bordel informatique et de diminuer la dépendance de Québec au privé. Elle faisait aussi la promotion des logiciels libres.
En décembre, le ministre délégué à la Transformation numérique, Éric Caire, a affirmé qu’une enquête publique n’était pas nécessaire, même s’il l’a exigée à répétition dans l’opposition. En février, le gouvernement Legault a annoncé qu’il confiait l’hébergement des données publiques au privé. Le Bureau d’enquête a également révélé que le ministre délégué Lionel Carmant a annulé une décision libérale d’opter pour un logiciel québécois qui appartient au gouvernement et a donné l’autorisation de renouveler des contrats avec le privé.
DES DÉPENSES POUR LES ANNONCES GOUVERNEMENTALES
À peine arrivé au pouvoir, le gouvernement Legault a annoncé en grande pompe sa mise à jour économique, une opération séduction qui a coûté près de 33 000 $ aux contribuables. Cette pratique était vivement dénoncée par la CAQ par le passé. Dans l’opposition, l’actuel ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, déplorait les conférences de presse à grand déploiement du gouvernement Couillard, dont un événement de 28 000 $ de Sébastien Proulx. « Le ministre [de l’Éducation Sébastien] Proulx et les libéraux sont des dépensiers compulsifs de fonds publics, pour paraître et bien paraître. Plus de 28 000 $ pour le dernier “show” de boucane du ministre sur la stratégie numérique, c’est tout à fait inacceptable », disait M. Roberge.
PAS DE NOMINATION PARTISANE
Dans l’opposition, la CAQ vociférait contre les nominations partisanes. « C’est tellement drôle, quand on change la couleur du gouvernement, regardez les mouvements, le mouvement des vagues, là, c’est tellement drôle », raillait Éric Caire. « Il faut que cessent les nominations partisanes. Il faut arrêter que le Parti libéral place son monde à la veille des élections. Les Québécois sont écœurés de [ces] retours d’ascenseurs », dénonçait Simon Jolin-Barrette. Malgré tout, la CAQ a confirmé en février la nomination d’une adjointe au cabinet du premier ministre François Legault, Catherine Loubier, au poste de déléguée générale du Québec à New York.
OÙ EST LE MILLIARD $ DU SALAIRE DES MÉDECINS ?
Dans l’opposition, François Legault a martelé que le gouvernement libéral avait donné 1 milliard $ en trop aux médecins spécialistes.
Il promettait également de geler leurs augmentations, le temps de trouver une nouvelle entente.
M. Legault maintient que l’ancien ministre Gaétan Barrette a donné 1 milliard $ en trop aux spécialistes, mais attend toujours la publication d’une étude de l’Institut canadien d’information sur la santé qui le confirmerait. En octobre, il a demandé un gel du salaire des spécialistes et a affirmé que leurs augmentations seraient mises en fiducie. Ce gel n’a toutefois jamais été mis en application. « Avant de parler de gel ou de quoi que ce soit, je le redis : on a besoin de bien comprendre l’entente », a expliqué par la suite le président du Conseil du trésor, Christian Dubé.