Ils occupent un emploi, mais n'arrivent pas à se sortir de la pauvreté. Ils sont de plus en plus nombreux à Montréal : leur nombre a grimpé de plus du tiers en 10 ans, montre une étude de l'Institut national de recherche scientifique (INRS) qui sera rendue publique lundi. Une situation « inadmissible », juge Centraide, qui a contribué à l'étude.
COMBIEN SONT-ILS ?
Depuis des années, Centraide voulait mettre un chiffre sur un phénomène qui était de plus en plus visible dans les organismes qu'on soutenait financièrement. L'étude de Xavier Leloup, de l'INRS, a permis de démontrer que 40 % des personnes qui vivent dans la pauvreté à Montréal travaillent. Et il faut noter que ces chiffres ne comptent pas le travail des étudiants, qu'on a exclus de l'étude. « Il faut briser le préjugé du pauvre qui ne fait rien. Ce n'est pas vrai. On a une population pauvre, mais qui travaille », résume Lili-Anna Peresa, PDG de Centraide.
NOMBRE DE TRAVAILLEURS PAUVRES À MONTRÉAL
2001 90 550
2006 109 545
2012 125 820
Hausse : plus de 30 %
Sources : Statistique Canada et Agence du revenu du Canada
ILS REPRÉSENTENT
8,4 % des travailleurs de Montréal
12,1 % des travailleurs de Toronto
11,6 % des travailleurs de Vancouver
Source : Agence du revenu du Canada
COMBIEN GAGNENT-ILS ?
Selon les chiffres de l'Agence du revenu du Canada, les travailleurs pauvres ne gagnaient en moyenne en 2011 que 16 950 $ par an avant impôt, contre 61 310 $ avant impôt pour les travailleurs non pauvres. Leur revenu se situait donc largement sous le seuil de la mesure de faible revenu (MFR), l'indice utilisé au Canada pour mesurer la pauvreté. Pour une personne seule, la MFR se situe à 20 027 $ à l'échelle canadienne. « Ces travailleurs sont donc très, très loin du compte », observe Xavier Leloup. Et pourtant, une majorité d'entre eux - 70% en 2006 - travaillait à temps plein...
Avant impôt, le salaire des travailleurs pauvres représente 27 % de celui d'un travailleur non pauvre. Les impôts viennent atténuer un peu cet écart : après impôt, le revenu des travailleurs pauvres représente 32 % de celui d'un travailleur non pauvre. « Cela nous préoccupe de voir des gens qui travaillent à temps plein et qui n'ont pas ce qui leur faut pour vivre dignement », dit Mme Petresa.
QUI SONT-ILS ?
Les parents seuls âgés de moins de 30 ans - qui sont en majorité des femmes - constituent le groupe le plus à risque de se retrouver dans le groupe des travailleurs pauvres. Ils forment 38 % des travailleurs pauvres de la région de Montréal. Mais au global, plus de la moitié (55 %) des travailleurs pauvres ont des enfants à charge. « Ces enfants vivent de l'insécurité alimentaire et habitent souvent dans des logements inadéquats. Cela perpétue le cycle de la pauvreté », observe Mario Régis, vice-président au développement social chez Centraide. Les immigrants sont un autre groupe à risque : plus du quart (27 %) se retrouve dans les travailleurs pauvres, tout comme une personne sur cinq issue d'une minorité visible.
OÙ VIVENT-ILS ?
Les travailleurs pauvres se retrouvent partout dans la grande région de Montréal, mais ils vivent davantage dans l'île de Montréal, où se concentre 64 % du total des travailleurs pauvres. Dans certains quartiers de la métropole, ils représentent un travailleur sur trois. « Cela nous apparaît comme une situation inadmissible », dit Mario Régis, vice-président au développement social chez Centraide. « Cela peut donner lieu à des situations préoccupantes et très sensibles à long terme. Certains groupes pourraient se retrouver marginalisés. C'est très préoccupant. » M. Régis donne l'exemple du quartier Saint-Léonard, qui est passé en l'espace de quelques années d'un quartier de classe moyenne à un quartier où vivent de nombreux travailleurs pauvres, avec l'arrivée d'une forte immigration maghrébine dans le secteur.
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