Le réseau des Banques alimentaires du Québec est inquiet. Son bilan 2016 fait état d'une augmentation de 5,4 % des demandes d'aide dans ses organismes communautaires et comptoirs alimentaires. En chiffres bruts, cela correspond à 100 000 demandes acheminées de plus par mois.
Le directeur général du réseau des Banques alimentaires du Québec, Zakary O. Rhissa, dit avoir été surpris lorsqu'il a pris connaissance du Bilan-Faim 2016.
Selon les données colligées auprès de ses organismes partenaires, 1,8 million de demandes ont été faites chaque mois au Québec depuis le début de l'année. En 2015, ce nombre était plutôt de 1,7 million.
M. Rhissa montre du doigt la hausse du coût des denrées alimentaires, qui a été particulièrement dramatique cette année selon lui.
« Récemment, avec les sacs de chou-fleur et de brocoli à presque 6 $, ça, c'est quelque chose qu'on n'avait pas vu par le passé », dit-il.
Rappelant que 61 % de ses demandes d'aide proviennent de personnes bénéficiant de l'aide sociale, M. Rhissa explique que sa clientèle a un budget trop serré pour subir d'aussi fortes hausses de la facture d'épicerie.Vous comprendrez que la marge de manoeuvre est très, très faible pour avoir d'autres choix ou ne pas acheter de ce type de produits là.
- Zakary O. Rhissa, directeur général du réseau des Banques alimentaires du Québec
L'une des clientèles les plus touchées cette année serait celle des personnes âgées : les services de « popote roulante » affiliés au réseau des Banques alimentaires ont servi 32 % plus de repas qu'en 2015.
De plus en plus de travailleurs actifs dans le besoin
Une autre donnée qui inquiète le réseau des Banques alimentaires est que près de 11 % de ses demandes d'aide lui proviennent de personnes qui ont un revenu d'emploi.
C'est dans la région de Chaudière-Appalaches que la proportion de demandes issues de travailleurs actifs est la plus forte, à près de 16 %.
Zakary O. Rhissa dit suivre de près l'évolution de cette statistique depuis trois ans et constate que la tendance ne fléchit pas.
« C'est incompréhensible pour nous. On pensait que quelqu'un qui travaille quand même au salaire minimum et qui est à 35 ou 40 heures devrait pouvoir s'en sortir! »C'est inadmissible pour une personne qui travaille et qui n'arrive pas à joindre les deux bouts.
- Zakary O. Rhissa, directeur général du réseau des Banques alimentaires du Québec
Craintes relatives au projet de loi 70
Adopté la semaine dernière à l'Assemblée nationale, le projet de loi 70 fait croire à M. Rhissa que les demandes d'aide dans les banques alimentaires ne stagneront pas de sitôt.
La nouvelle loi coupera les vivres des bénéficiaires d'aide sociale qui sont jugés aptes à entrer sur le marché du travail, mais qui refuseront d'entreprendre un parcours de recherche d'emploi.
Les bénéficiaires fautifs devront vivre avec 399 $ par mois comparativement à 623 $, actuellement. « C'est sûr que toute intervention au niveau du revenu de ces ménages-là [...] va avoir un impact significatif sur la clientèle qu'on reçoit », indique M. Rhissa.
Manque à gagner
La conséquence du nombre de demandes d'aide qui ne cesse d'augmenter est que 46 % des organismes associés aux Banques alimentaires ont déclaré avoir manqué de nourriture cette année.
Sans refuser de nouveaux bénéficiaires, les organismes – notamment ceux qui offrent des paniers – se voient contraints d'être moins généreux.Ils vont essayer d'étirer les denrées qu'ils ont.
- Zakary O. Rhissa, directeur général du réseau des Banques alimentaires du Québec
Pour pallier le problème, M. Rhissa fonde de l'espoir sur le logement social. Il indique que si davantage de personnes à faibles revenus avaient accès à un logement social, elles auraient nécessairement plus d'argent pour les dépenses non compressibles, comme la nourriture.
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