Fanfaronnades

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Pessimiste. Le moment venu, les Québécois seront au rendez-vous

On s'est déjà acharné, sans succès, à découvrir le secret de la Caramilk, moi je cherche toujours à élucider non pas le mystère de Québec, ni le mystère beauceron, ni le mystère du Plateau Mont-Royal, mais tout simplement le mystère DU Québec.


Serions-nous un cas hors norme, quelque chose comme un peuple qui aime recevoir gifles après gifles, humiliations après humiliations, dans la plus grande insouciance? Bien sûr, on peut toujours blâmer les médias, et j'en suis, de ne pas présenter les forces indépendantistes sous un jour favorable et de chercher constamment à les dénigrer. Je n'oublie jamais que nous sommes en position de minorité, sinon nous serions déjà au pouvoir et le Québec serait le 194e pays à siéger à l'ONU. Quand on veut changer un ordre établi, ça ne se fait pas en criant «binnes». Il faut remonter la pente, se présenter sous un jour favorable, faire accepter notre différence, convaincre et faire valoir nos arguments, montrer qu'on est crédible et respectable, affronter les quolibets et les injures pour mieux par la suite les retourner contre ceux qui nous insultent.


Ce n'est pas pour rien qu'au début des années soixante, il y avait parmi les premiers militants indépendantistes, un grand nombre d'homosexuels, car ils étaient les premiers minoritaires, les premiers discriminés de la société qui souffraient en leur chair propre et ils comprenaient mieux que quiconque ce que c'était de devoir porter ce poids immense de la différence, d'essayer de se faire accepter parmi la population, en luttant contre la discrimination à leur égard.


Ce fut la même chose pour les militants indépendantistes que nous sommes. Nous en avons bavé, dans les années soixante, et les coups venaient des Québécois aussi bien francophones qu'anglophones. Il était fréquent de se faire invectiver et menacer, et je ne parle pas des forces policières pour qui nous étions de dangereux révolutionnaires qui voulaient briser le pays, ou encore des pouilleux, des marginaux à matraquer et à écraser.


Encore aujourd'hui, il est fréquent de lire des commentaires désobligeants et grossiers, voire intimidants, lorsqu'un chroniqueur ou un blogueur exprime des opinions favorables à l'indépendance du Québec. Je n'ai jamais compris cette haine viscérale que certains éprouvent à l'égard des militants indépendantistes qui pourtant ne cherchent pas à profiter du système, au contraire, ni à s'en mettre plein les poches, ni à utiliser la corruption comme arme d'attaque.


Si remonter à la défaite de 1760 ou aux échecs des rébellions de 1837-1838 semble un exercice futile et dépassé pour certains, parce que trop loin dans le temps, parce que soi-disant les choses ont bien changé depuis, rappelons-nous alors les vingt dernières années de gouvernance libérale ou conservatrice.


Il a été prouvé qu'on nous a volé notre référendum sur la souveraineté du Québec, en 1995, mais ces mêmes acteurs qui n'ont pas hésité à frauder disent tous que si c'était à refaire, ils n'hésiteraient pas à agir come ils l'ont fait, c'est-à-dire à tricher.


Chrétien a même affirmé qu'il ne reconnaîtrait pas une victoire du Oui, tandis que son chef de cabinet, Jean Pelletier, justifiait les irrégularités commises par le camp du Non: «Quand on est en guerre, on va-tu perdre le pays à cause d'une virgule dans la loi?» Cette «virgule», c'était la loi référendaire du Québec!


Rappelons-nous ces milliers d'immigrants québécois, 11 500 personnes plus précisément, à qui on a accordé en toute urgence la citoyenneté canadienne en octobre 1995, un mois avant le référendum. On a même obligé des fonctionnaires d'Immigration Canada à travailler le samedi et le dimanche. Entre 1994 et 1995, ce sont 84 350 personnes à qui ont a accordé la citoyenneté canadienne, une augmentation de 84 %, selon Jean-François Lisée, dans son livre sur Octobre 1995.


Rappelons-nous le scandale des commandites et les millions de dollars qui y ont été engloutis au nom de l'unité nationale, le chantage et les menaces de partition du territoire, les multiples tentatives de rabaisser le Québec et de ne pas tenir compte de nos différences, culturelles, linguistiques, historiques, territoriales, etc.


Mais ce rappel des basses manœuvres de l'ennemi fédéral ne m'a pas encore permis de percer le mystère du Québec. Aucun électrochoc ne semble capable de secouer la torpeur des Québécois. Serions-nous, tout simplement, un peuple de fanfarons? «Fanfaron : Qui se vante d'être ce qu'il n'est pas ou qui exagère ce qu'il est réellement.» (Larousse).


À moins de remettre au plus vite au programme des écoles des cours d'histoire appropriés, je doute fort que nous réussissions un jour avoir ce pays du Québec tant rêvé. Nous demeurerons alors un peuple de fanfarons, fier mais sans avenir.



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