Le gouvernement Charest a tenu l'an dernier une commission parlementaire sur l'immigration en cachant une étude du démographe Marc Termote qui concluait à une minorisation rapide des francophones sur l'île de Montréal. La plupart des immigrants, comme on sait, s'établissent dans la métropole. Ce gouvernement a quand même décidé de hausser le nombre d'immigrants de 45 000 à 55 000 par année tout en diminuant (comme l'avait d'ailleurs fait le précédent gouvernement péquiste) les budgets destinés à leur francisation! Folie, n'est-ce pas?
Mais voilà que le dévoilement du recensement de Statistique Canada vient confirmer les conclusions de M. Termote. Ce dernier demande qu'on publie tout de suite son rapport. On refuse.
Et que fait le Parti québécois? Il maintient quand même son appui à la hausse du niveau d'immigration dans les conditions actuelles. De sorte qu'un apport qui nous serait tout naturellement bénéfique se transforme peu à peu en problème politique et social. Faire autrement nuirait à l'économie, paraît-il, valeur suprême à laquelle il semble qu'on doive tout sacrifier.
Il ne faut pas trop s'étonner de l'attitude du Parti québécois. Dans ce parti, lorsqu'il s'agit de langue et de culture, c'est la dérive depuis longtemps. Elle a commencé sous Lucien Bouchard et se poursuit avec Pauline Marois.
Un autre exemple? Dans le débat qui vient de reprendre sur la fréquentation obligatoire du cégep français par les allophones, Mme Marois maintient la ligne de Lucien Bouchard: c'est un non catégorique. Elle propose à la place -- ô géniale idée -- d'intensifier l'enseignement de l'anglais [à l'école] de façon à rendre les élèves bilingues. Tous seront alors portés à choisir un cégep français. Vous pigez? Je vous admire.
Et ce n'est pas tout. Pour rendre encore plus efficace l'enseignement de l'anglais, Mme Marois avait proposé d'enseigner l'histoire et la géographie dans cette langue. La tempête soulevée par cette idée à la fois dangereuse et saugrenue l'a fait battre en retraite. Mais que nous réserve l'avenir?
Mme Marois se défend bien de vouloir créer un Québec bilingue. Mais depuis l'adoption de la loi 86, en 1993, le Québec l'est devenu dans les faits sous plusieurs angles. Or, comme le remarquait si justement Victor-Lévy Beaulieu, il n'existe pas de véritable pays bilingue mais des pays en voie d'assimilation. Et l'affaissement démographique que nous vivons ne fera qu'empirer les choses. Cela n'a aucunement semblé inquiéter le Parti québécois pendant toutes les années qu'il a été au pouvoir. Serait-il devenu une guimbarde qui a dépassé sa durée de vie utile?
Pourquoi, lorsqu'il s'agit d'une chose aussi essentielle que l'avenir de notre langue et de notre culture, tout le monde perd-il la tête? Sans doute parce qu'être québécois, c'est une maladie. On n'en meurt pas. Mais on peut en disparaître.
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Yves Beauchemin, Écrivain
- source
Être québécois, est-ce une maladie?
Il ne faut pas trop s'étonner de l'attitude du Parti québécois. Dans ce parti, lorsqu'il s'agit de langue et de culture, c'est la dérive depuis longtemps. Elle a commencé sous Lucien Bouchard et se poursuit avec Pauline Marois.
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