Saga entre les omnipraticiens et le ministre de la Santé

Et les patients?

La gestion de classe, un enjeu primordial

Tribune libre

La saga que se livrent actuellement les omnipraticiens et le ministre de la Santé, Christian Dubé, eu égard à l’abolition de la prime de 120$ versée aux médecins au moment où ils prennent en charge un patient «orphelin» est en train de dégénérer en un champ de bataille agressif, voire virulent. Difficile, dans un tel scénario, de déterminer qui sont les «bons» et qui sont les «méchants».

D’un côté, le ministre qui refuse de négocier «avec un gun sur la tempe», et de l’autre, les médecins généralistes qui allèguent l’odieux de la décision unilatérale du ministre. Et, pris en otages dans cette guerre de pouvoir, ce sont quelque 5700 patients qui ont survécu à la purge des médecins par rapport aux 18 398 en liste la semaine dernière qui attendent depuis des mois un rendez-vous avec un omnipraticien.

Dans ces circonstances, les médecins généralistes donnent carrément l’impression de contourner le guichet d’accès à la première ligne (GAP) pour une prime, disons-le, dérisoire de 120 $ par patient, et le ministre use de son pouvoir éhontément en abolissant cette prime sans aucune négociation préalable.

Depuis quelques années, la période d’accès à un médecin de famille a atteint des proportions sans précédent, voire même inhumaines pour des milliers de patients qui souffrent le martyre quotidiennement. C’est dans un tel tohu-bohu que la nouvelle PDG de Santé Québec, Geneviève Biron, s’est engagée à désengorger l’accès aux médecins de famille et à placer le patient au centre de ses priorités. Reste à savoir si elle et son équipe réussiront à gagner leur pari…

La gestion de classe, un enjeu primordial

La gestion de classe incarne un enjeu essentiel à la communication des connaissances auprès des élèves. À cet effet, un article de la chargée de cours, Pascale Bourgeois, de l’UQÀM, dont voici un extrait, s’avère très révélateur. «... un changement paradigmatique s’est opéré en éducation au cours du XXe siècle, nous faisant passer d’une éducation centrée sur les connaissances à une éducation centrée sur l’enfant, collée sur ses besoins, ses intérêts individuels. L’enseignement axé sur la maîtrise des connaissances aux termes d’effort, de rigueur et de discipline est, depuis longtemps déjà, dépassé.»

À cet effet, tout au long de mes quelque 30 années d’expérience en éducation, il m’a été donné l’occasion de rencontrer plusieurs nouveaux enseignants dont leur approche au sujet de la gestion de classe ouvrait la porte à des débordements en relation avec les comportements des élèves. Je veux parler ici des jeunes enseignants qui, dans le but de s’attirer la sympathie des jeunes, favorisaient une approche égalitaire, espérant ainsi tisser des liens privilégiés avec eux. Or, cette approche «centrée sur l’enfant» dégénérait rapidement en une cacophonie générant un climat d’apprentissage défavorable, voire impossible.

Qu’on le veuille ou non, la gestion de classe se retrouve dans le prolongement de la ligne d’autorité dans la relation enseignant-élève. En ce sens, il serait utopique que l’enseignant soit considéré comme l’ami de ses élèves, une approche qui viendrait contrecarrer un sain climat d’apprentissage.

Dans ces circonstances, les approches à privilégier concernant la gestion de classe doivent absolument être abordées lors de la formation des futurs enseignants. À mon sens, les jeunes, quoique rébarbatifs à toute forme d’autorité, se plieront volontiers aux doléances des enseignants qui exploitent l’approche de la main de fer dans un gant de velours.


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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1 commentaire

  • François Champoux Répondre

    31 mai 2024

    Bonjour M. Marineau,


    Concernant le pouvoir d’une personne sur une classe d’enfants, je partage avec vous l’idée que l’art d’enseigner doit passer absolument par l’art de gérer une classe. Sans ce pouvoir bien compris et bien géré, l’art d’enseigner ne sera pas. 


    Les deux sont un art à maîtriser et exigent une pratique avec un souci de maîtrise; n’appelle-t-on pas «maître» la personne qui enseigne? 


    Cette personne a un rôle d’une grande importance pour la construction d’une société de respect: élever l’élève, c’est-à-dire le rendre maître à son tour. Le rendre capable de pouvoir non pas d’abuser des autres, mais d’aimer les autres, d’en prendre soin afin que tous en fassent autant.


    La maturité d’un fruit exige ce temps d’apprentissage pour ensuite donner à son tour sa maturité, son suc, son fruit. La foi en soi demande cet humble apprentissage et ce respect du pouvoir bien assumé. Les pouvoirs de chacune et chacun doivent s’orienter vers cette élévation des élèves et de leurs talents respectifs.


    Quant à notre système de Santé du Québec, les pouvoirs ont dérivé de leur direction du début: le respect de la personne souffrante à ramener à la santé par une aide ponctuelle. Il faudra songer à faire table rase, car les pouvoirs de certaines organisations (syndicales, professionnelles, initiatives idéologiques comme les coopératives de santé) ont pris le dessus sur la vertu humaniste de la fin. Les moyens sont devenus primordiaux à la fin. Le pouvoir est devenu tout puissant et a oublié «l’élève» à élever. La vertu du pouvoir ne doit pas oublier son rôle: élever l’élève: élever le patient vers son autonomie, sa respectueuse autonomie. 


    Je pense qu’il faudrait revenir à l’éducation et son rôle: rendre l’élève, le patient autonome.


    Merci, M. Marineau, de votre réflexion