Et le Canada?

DUI - Référendum - Kosovo (17 février 2008), Soudan (janvier 2011)

Le quel côté se rangera le Canada maintenant que le Kosovo a déclaré son indépendance? Du côté des États-Unis, qui ont déjà accordé leur reconnaissance à ce nouveau pays, ou de la Russie, qui s'oppose avec fermeté à la partition de la Serbie? Le gouvernement Harper hésite. Normalement, il suivrait Washington, mais l'existence d'une minorité sécessionniste au pays le fait hésiter.
Le ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier, s'était toujours gardé ces derniers mois de se prononcer sur l'indépendance du Kosovo, contrairement à ses homologues américains, français, britanniques, italiens ou allemands, qui exprimaient des opinions favorables à la partition de la Serbie comme seule avenue pour assurer la stabilité de cette partie des Balkans. Son silence exprimait davantage un embarras qu'un désir de neutralité.
Devant le fait accompli, Ottawa ne peut continuer à se taire, d'autant plus que le Canada est lié par les décisions passées des Nations unies et l'OTAN. Depuis 1999, ces deux institutions accompagnent le Kosovo dans sa marche vers l'indépendance. Par sa résolution du 10 juin 1999, l'ONU accordait au Kosovo une «autonomie substantielle» et créait une mission spéciale pour assurer son administration et la doter d'institutions. De son côté, l'OTAN veillait à assurer la sécurité du territoire et à protéger la minorité serbe. L'ONU devait aussi superviser les négociations entre la Serbie et le Kosovo qui se sont terminées en novembre dernier par un échec. En toute logique, le Canada devrait convenir que l'indépendance du Kosovo est la seule solution possible pour assurer une coexistence pacifique entre la Serbie et son ancienne province.
La difficulté pour le Canada, comme pour d'autres pays confrontés à des groupes réclamant leur indépendance, est d'affaiblir sa position le cas échéant. En droit international, l'argument de l'intégrité territoriale est celui qui justifie qu'un pays refuse la partition de son territoire. C'est celui sur lequel s'appuie aujourd'hui la Serbie pour refuser à sa province son indépendance et celui qu'invoque la Russie pour ne pas reconnaître le Kosovo comme État indépendant. Or, si le Canada devait reconnaître ce nouveau pays, il le ferait en fonction de l'expression démocratique d'une volonté de la population kosovare. Il viendrait donner du poids à cet argument juridique qui a aussi prévalu au moment de l'indépendance du Monténégro. Cet argument est aussi celui des indépendantistes québécois.
La seule porte de sortie du gouvernement Harper est de retenir le caractère sui generis de la situation du Kosovo, comme l'a fait hier le chef libéral, Stéphane Dion. Il y a un virage à prendre qui pourrait néanmoins se retourner contre Ottawa un jour. On ne sait jamais ce que réserve l'avenir. Mais, entre-temps, le Canada ne peut être du côté de la Serbie. Ce serait abandonner le Kosovo.
bdescoteaux@ledevoir.com
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