Au moment où Hydro-Québec demande l’autorisation de hausser ses tarifs de 5,4% en 2014, l’industrie éolienne se plaint de ce que le gouvernement tarde à lancer le processus d’appels d’offres pour la production des 800 MW annoncée en mai dernier. Si le gouvernement Marois était sérieux, il attendrait les conclusions de la commission de consultation sur l’énergie, qui entreprendra ses travaux le mois prochain, avant d’aller de l’avant.
En mai dernier, Québec annonçait l’achat par Hydro-Québec de 800 MW supplémentaires d’énergie éolienne pour générer des revenus garantis pour les communautés locales et l’entreprise privée, et maintenir les emplois chez les fabricants de pales et de tours.
Cette semaine, les représentants de l’industrie reprochaient à Québec de prendre du retard, ce qui pourrait les forcer à faire des mises à pied lorsque les contrats en cours seront terminés.
En lançant le programme, en 2005, le gouvernement Charest répondait aux pressions des écologistes, qui présentaient le vent comme étant la solution de rechange idéale à l’énergie thermique. Ils avaient raison, à cette époque du moins. Puis, les choses ont changé. D’abord, la crise de 2008 et celle de l’industrie du papier ont réduit la croissance de la demande en électricité ; par la suite, l’exploitation du gaz de schiste a fait chuter les coûts de production de l’électricité sur le marché de l’exportation, et les profits d’Hydro-Québec ont suivi.
Alors que tous les acteurs du marché de l’énergie se sont adaptés à cette réalité, Hydro-Québec doit composer avec les priorités électoralistes du gouvernement. Ainsi, au lieu de reporter la construction du barrage La Romaine et annuler la dernière phase du programme de 4000 MW d’énergie éolienne, Québec a forcé Hydro-Québec à acheter de l’électricité dont elle n’a pas besoin à un prix exorbitant, et à refiler la facture aux consommateurs pour ne pas réduire ses propres revenus.
Pendant ce temps, Hydro-Québec continue de verser chaque année 150 millions à TransCanada pour ne pas produire d’électricité à son usine thermique de Bécancour, et se tourne vers la Régie de l’énergie pour l’autoriser à augmenter ses tarifs afin de couvrir ses pertes sectorielles.
Pour Québec, il s’agit de faire vivre des manufacturiers qui donnent de l’emploi à 800 personnes dans l’est du Québec. Or, rappelons-nous que ces entreprises qui fabriquent surtout des pièces secondaires comme les palles et les tours ont beaucoup de difficulté à exporter leurs produits à cause du même type de protectionnisme que pratiquent tous les gouvernements qui subventionnent cette industrie. Même après l’installation de 3300 MW de puissance qui devaient les conduire à l’autonomie financière, ces manufacturiers nous menacent aujourd’hui de fermeture s’ils n’obtiennent pas les 800 MW annoncés en mai. Et dans cinq ans, que se passera-t-il ?
À l’évidence, si Québec va de l’avant, nous voilà une fois de plus plongés dans un cercle vicieux, d’élection en élection.
Les experts s’entendent pour dire que le problème réside moins dans la hausse des tarifs que dans l’usage que l’on fait de cet argent qui devrait servir à financer le développement technologique, les programmes d’économie d’énergie et le rehaussement de la fiabilité du réseau au lieu de soutenir des fabricants étrangers de turbines et des sous-traitants locaux qui fermeront leurs portes aussitôt passée la prochaine vague d’appels d’offres.
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