Non seulement le rattrapage est-il complété, mais la rémunération des médecins spécialistes du Québec dépasse désormais celle de leurs homologues de l’Ontario, reconnaît le ministre de la Santé.
«Ce que ces analyses-là montrent, c’est que, non seulement le rattrapage est fait, mais les médecins spécialistes, pour ne parler que d’eux, sont dans une position favorable par rapport à l’Ontario», a déclaré Gaétan Barrette jeudi matin.
Le ministre réagissait à des données de l’Institut canadien d’information sur la santé, rapportées par Radio-Canada, qui démontrent que les toubibs québécois empochent en moyenne 36 000$ de plus que les spécialistes de l’Ontario.
Pourtant, l’entente conclue récemment entre Québec et la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) prévoit un rattrapage de 480 millions$. Cette somme, assure le gouvernement, vise à payer l’étalement des hausses concédé par la FMSQ dans les années précédentes.
«La question ici, ça demeure une question d’honorer des contrats qui ont été signés. La logique est une logique de respect des ententes qui ont été conclues», souligne Gaétan Barrette.
Prévisions erronées
Si Québec doit payer ces hausses malgré tout, c’est que l’entente conclue en 2006 – alors que Gaétan Barrette était président de la FMSQ – se basait sur une projection de l’augmentation salariale prévue pour les spécialistes ontariens sur dix ans.
«Personne n’avait pu prédire – parce que c’est de cela qu’on parle, une prédiction et non une prévision – que le Canada allait sévèrement ralentir son comportement constaté à l’époque, dit Gaétan Barrette. Et c’est ce qui a fait que les médecins québécois se sont retrouvés dans la position actuelle.»
«Comme l’entente qui été conclue contractuellement ne prévoyait pas de réouverture de ces contrats-là, ben on est là où on est aujourd’hui», ajoute le ministre.
Argent neuf
Contrairement à ce qu’il affirmait la veille, le ministre Barrette reconnaît que l’entente avec la FMSQ prévoit de «l’argent neuf».
Des sommes supplémentaires sont prévues pour faire rouler les appareils d’imagerie médicale à plein régime, qui fonctionnent parfois seulement la moitié du temps. Cet argent servira à payer les médecins, payés à l’acte, qui opèrent les appareils de résonance magnétique ou de tomodensitométrie (scan). «Manifestement, il y a une enveloppe supplémentaire», a reconnu le ministre Barrette.
Ses propos contredisent ceux du premier ministre, qui a maintenu jeudi qu’il «n’y a pas un dollar d’argent neuf» dans l’entente. «C’est tout ça qui est ramassé ensemble, tout l’argent qui traîne depuis des années, dont une partie est en récurrent, qui est 1,4% par année, l’autre partie est en non récurrent, parce qu’il y a plus de médecins», a commenté Philippe Couillard en marge d’une visite de l’entreprise Robotec, à Sainte-Justine.
Le premier ministre a également révélé un détail de l’entente concernant les prochaines négociations qui opposeront Québec à la FMSQ. «C’est écrit dans l’entente que toutes nouvelles sommes affectées au rattrapage, si nécessaire, va être d’abord basée sur une étude indépendante, selon la recommandation de la Vérificatrice générale», a-t-il affirmé.
Gardée confidentielle jusqu’ici, l’entente avec la FMSQ sera dévoilée demain.
Le président du Conseil du trésor, Pierre Arcand, a déclaré au Salon bleu jeudi que celle-ci permettra au gouvernement «de contrôler les augmentations de salaires des médecins», en plus de contenir des clauses «qui vont certainement sauver des milliards de dollars à l'avenir aux Québécois».
«Y’a des gens qui vont trouver qu’ils ont parlé, écrit et commenté un peu trop vite un peu trop rapidement», a promis le premier ministre.
Avec la collaboration de Nicolas Lachance