Un cabinet d’avocats de Toronto réclame trois milliards de dollars au gouvernement fédéral pour les enfants autochtones qui n’ont pu bénéficier du même niveau de service que les autres enfants canadiens.
Selon Me David Sterns, à l’origine du recours collectif, des dizaines de milliers d’enfants autochtones ont été placés injustement en famille d’accueil depuis 1991, essentiellement à cause du sous-financement chronique de services dans les réserves.
«Dans les autres communautés, enlever un enfant à sa famille est le dernier recours alors que dans les réserves, c’était le premier. Ça a eu de très graves conséquences sur les personnes», a-t-il dénoncé.
Principe de Jordan
Me Sterns cherche aussi réparation pour les enfants des Premières nNations qui sont importunés par les chicanes de compétence entre les paliers de gouvernement. Comme les «Affaires indiennes» relèvent exclusivement du fédéral et que la santé est de la juridiction des provinces, les ordres de gouvernement se refilent la facture des services aux enfants autochtones.
Pourtant, le principe de Jordan, adopté par la Chambre des communes en 2007 et reconnu par le Tribunal canadien des droits de la personne en 2017, est clair: les enfants autochtones ont droit aux mêmes soins que les non-autochtones et les modalités financières entre le fédéral et le provincial doivent être tranchées après le traitement.
«Malheureusement, encore aujourd’hui, le principe de Jordan continue de ne pas être appliqué et des enfants en sont victimes», a insisté David Sterns, qui a tenu à rappeler l’histoire de celui qui a donné son nom au principe, Jordan River Anderson, cet enfant cri lourdement handicapé qui est décédé en 1999 au Manitoba parce que les deux paliers de gouvernement ne s’entendaient sur le paiement des frais médicaux.