Vous savez à quel point en 2019 la parité est un sujet crucial dans le milieu culturel.
Partout, tout le temps, il faut 50 % d’hommes et 50 % de femmes, sinon nos amies les militantes pour l’égalité se sentent opprimées, offensées, dominées.
Il faut autant de femmes que d’hommes dans les festivals de musique, dans les galas, dans les films, dans les séries télé (non, là, en fait on préfère qu’il y ait beaucoup moins d’hommes, surtout s’ils ont 50 ans et qu’ils sont hétéros et blancs).
Mais pourquoi s’arrêter aux humains quand on est une vaillante combattante de la lutte contre le patriarcat ? Et si, du côté des animaux, il y avait aussi des cas flagrants de « préjugés de genre » ?
Cette semaine, une étude très sérieuse a démontré que les animaux mâles sont surreprésentés dans les muséums d’histoire naturelle.
Ouf ! Il était temps que quelqu’un s’inquiète du nombre de pénis d’éléphants et de vulves de girafes qu’on retrouve dans nos musées.
Ces animaux sexistes !
Je pensais que c’était un gag du magazine Croc, mais c’est bel et bien arrivé. Une étude publiée dans Proceedings of Royal Society B relate qu’une équipe de chercheurs a analysé 2,5 millions de spécimens des cinq plus grands muséums (Londres, Paris, New York, Washington et Chicago) pour voir s’il n’y aurait pas dans ces hauts lieux de culture scientifique plus de mâles que de femelles. Coup de théâtre : seulement 40 % des oiseaux et 48 % des mammifères sont des femelles. Ça doit pleurer à la FFQ...
Pouvez-vous croire que chez les passereaux (une sorte d’oiseaux), on ne trouve que 9,7 % de spécimens femelles ? Et que dire des gobe-mouches noirs : seulement 11,5 % de spécimens femelles. J’attends d’ailleurs impatiemment la conférence de presse de la FDDDGMNF (Fédération de défense des gobe-mouches noirs femelles) qui dénoncera sûrement haut et fort cette forme inacceptable de discrimination sauvage.
J’imagine très bien une équipe de scientifiques examiner un par un, à la loupe, les orifices des animaux empaillés, des squelettes, des mammifères ou des palmipèdes qui peuplent les muséums. On traite souvent les gros machos de dinosaures. Mais justement, s’est-on assuré que les dinosaures exposés atteignent la parité ?
Avouez que vous aussi, vous auriez aimé être là quand un des grands experts s’est penché sur les diplodocus et des ptérodactyles exposés dans les muséums pour déterminer lesquelles étaient des Ginette et lesquels étaient des Gino...
Vous connaissez la blague du francophone et de l’anglophone dans un parc ? L’anglo dit : « Oh, regarde, le beau mouche ». « Non, c’est UNE mouche », lui répond le francophone. « Wow, tu as de bons yeux », dit l’anglo, admiratif.
Il faut arrêter d’enculer des mouches, de sodomiser les coléoptères, les amis. Vous n’avez pas d’autres causes plus graves que de savoir si les pingouins du Biodôme sont des pingouines ?
Sophie veut savoir
J’ai une idée.
Après avoir observé à la loupe le sexe des phacochères et des tarentules, pourquoi ces mêmes scientifiques (qui ont manifestement beaucoup, beaucoup de temps à perdre) ne s’intéresseraient pas au sexe des anges ?
Une tournée des plus grands musées du monde s’impose pour savoir si un terrible préjugé de genre ne se cache pas aussi sous les draps pudiques qui recouvrent l’entrejambe de ces charmants chérubins.