Lorsque le désir de la paix fait appel au rapprochement des partis

En Syrie, pourquoi pas une mission comme celle de MINUSTA en Haïti?

Ses adversaires s'acharnent à soutenir la confrontation

Géopolitique — Proche-Orient


On se souviendra qu’en Haïti, suite à divers conflits internes générant beaucoup de violence, les Nations Unies décidèrent d’y envoyer une force de pacification visant à stabiliser le régime de droit. Cette force, MINUSTA toujours en opération après plusieurs années, comprend des représentants de divers pays dont plusieurs de l’Amérique latine. À ce jour, elle a permis d’éviter de nombreux morts et rendu possible la réalisation d’élections et une certaine stabilisation dans le pays.
Pourquoi, ne pas penser à une force du genre pour la Syrie? Déjà nous savons que la formule utilisée lors de la guerre en Libye n’a fait que multiplier les morts, rendre caduc tout régime de droit, détruire pratiquement toutes les infrastructures et permettre à des mercenaires de renverser avec l’aide des forces de l’OTAN le gouvernement légitime. Une intervention qui a fait plus de dommages que tous ceux escomptés par une approche plus politique et plus soucieuse du régime de droit.
En s’attaquant directement aux forces gouvernementales et en soutenant par tous les moyens les forces rebelles, les pays de l’OTAN ont bafoué le droit internationale et donner un bien mauvais exemple aux forces qui veulent des changements de régime. Il y a longtemps que les Forces armées révolutionnaires de la Colombie, les FARC, auraient eu raison de tous les gouvernements colombiens qui ont bafoué, depuis plus de quarante ans les droits humains. Mais dans ce dernier cas nos pays se sont rangé du coté du régime de droit pour apporter des changements souhaités tout en condamnant l’usage de la violence de la part de forces clandestines. Ces dernières sont plutôt considérées comme des forces terroristes.
Actuellement, la Délégation d’observateurs mise en place par la Ligue arabe pour constater les faits tels qu’ils se présentent actuellement en Syrie, permet déjà de dissiper bien des écrans de fumée et donne une vision plus juste de ce qui se passe réellement sur le terrain. Les premiers rapports de cette commission font contrastes avec ceux auxquels nous a habitués l’Observatoire syrien pour les droits de l’homme, dont le siège social est à Londres. Nos médias occidentaux s’alimentent, les yeux fermés, à cette source d’information qui, pour plusieurs, est devenue une source de désinformation et de manipulation à des fins autres que celles officiellement proclamées : fin de toute violence et réforme démocratique. La campagne pour discréditer cette Délégation a été déclenchée à l’unisson par nos médias occidentaux et les principaux porte-parole des gouvernements intéressés à la guerre.
Lorsque la Secrétaire d’État étasunienne ordonne au Président Al Assad de partir et que celui de France en fait tout autant, on est en droit de se demander de quelle autorité ils se prévalent pour s’adresser ainsi à un Président légitime d’un État. Que diraient-ils si d’autres dirigeants se permettaient de leur intimer l’ordre de partir, de quitter leurs fonctions et leur pays? La réponse serait plutôt cinglante et sans appel.
Quel dommage que nous n’ayons plus de ces journalistes officiels d’enquête nous permettant de mieux comprendre les dessous de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, la valeur des informations transmises par ce dernier et pourquoi s’impose-t-il, sans plus de critique, à l’ensemble des médias de l’Occident. Ces journalistes d’enquête pourraient confronter les points de vue véhiculés par l’information alternative avec ceux de l’Observatoire et des médias officiels qui les reproduisent. Ils pourraient mettre autour d’une même table Michel Collon, Thierry Meyssan avec les meilleurs journalistes de nos médias officiels pour découvrir et mettre en valeur la véritable information permettant de comprendre ce qui se passe tant dans les coulisses que sur la scène. Malheureusement, tout indique qu’il y ait une frontière à ne pas franchir, celle de trahir la version officielle. La pensée unique doit s’imposer sans exception.
Si nos gouvernements voulaient vraiment la paix, ils commenceraient par respecter les régimes de droit, comme ils le font en Colombie et en Haïti, pays qui connaissent des soulèvements internes. Mais tel n’est pas le cas.
Je vais vous dire pourquoi les pays, membres de l’OTAN, n’accepteront jamais une force de paix des Nations Unies en Syrie, tout simplement parce que ce qu’ils veulent, ce n’est pas la paix mais le contrôle du pays. Tout le reste n’est que feu d’artifice pour amuser ou distraire l’opinion publique.
J’espère me tromper et je serai le premier à me réjouir si on me démontre que les Etats-Unis, Israël, la France, le Canada veulent vraiment la paix dans ce pays et que les réformes souhaitées puissent se réaliser par les voies démocratiques, sous le regard attentif des Nations Unies, représentées par des forces indépendantes et sans lien aucun avec les mercenaires. Qu’ils se comportent avec la Syrie comme ils se comportent avec Haïti et la Colombie.
Oscar Fortin
Québec, le 3 janvier 2012
http://humanisme.blogspot.com

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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5 commentaires

  • Oscar Fortin Répondre

    5 janvier 2012

    M. Didier, merci pour votre commentaire et cette référence plus que pertinente à Thomas More. Pas plus tard que ce matin j'ai lu un texte d'un personnage qui m'était tout à fait inconnu, Peter Dale Scott, et j'y ai découvert qu'il illustrait parfaitement bien les mains souterraines qui dirigent notre monde. Si ce n'eut été de la nature du personnage, 83 ans, professeur de littérature anglaise à Berkeley, Californie, rien comme tel pour révolutionner le monde, je serais passé outre à ses analyses et aux faits rapportés qui sont de véritables bombes. Venant de cet homme, ça ne peut que nous questionner tous et toutes. Pour les lecteurs et lectrices de Vigile j'ai présenté un petit texte sur le sujet avec les références qui permettent de saisir l'homme. Il devrait être mis en ligne aujourd'hui.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 janvier 2012

    Un petit vidéo sur Youtube présenté la situation suivante (cherchez Clark Iran et vous trouverez):
    En 2001, un haut gradé du Pentagone confie au général Clark que l'armée américaine a ordre de se preparer a livrer au cours des prochaines années 7 guerres pour éliminer 7 gouvernements; "Iraq, Syria, Lebanon, Libya, Somalia, Sudan and Iran.”
    On comprends que les généraux suivent des ordres qu'ils ne comprennent pas avec certitude, mais que les ordres se propagent dans la structure hierarchique où chaque individu obéhit sans que sa comprehension ou que son aprobation soit requise (bien au contraire) pour entrainer la mort de milliers de civils, hommes, femmes et enfants.
    De plus, notez qu'en 2001, les EU n'ont pas déclarer la guerre à ces pays qu'ils comptaient bombarder(ou infiltrer) pour en renverser les gouvernements, c'est à dire que l'intention de faire la guerre précèdent les excuses qui seront mises de l'avant par la suite pour justifier l'agression, et que ses excuses (bullshit) seront fabriquées au besoin et cette propagande sera propagé par les médias (et la majorité du public croient dur comme fer les mensonges (et les vérités partielles et trompeuses) rapportés par les grands médias). Comme l'explique le general Smedley Butler dans son petit livre "War is a Racket", la guerre est une arnaque et le public se fait mentir (sinon l'arnaque ne fonctionerait pas), cet typiquement une question d'argent et de pouvoir, et non les divers simagrés(terrorisme arangé avec le gars des vues, bombardement "humanitaire", menace épouventable, etc) qu'on utilise pour la justifier.
    Selon moi, en tant que civilisation; l'argent, les organisations hierarchiques et le controle de l'infomration par la desinformation et le secret; sont trois problèmes fondamentaux auxquels l'humanité devra trouver des solutions.
    Pour en revenir à la Syrie en particulier, le EU(UK/Israel) peuvent très bien formenter des révoltes de couleurs d'une part et d'autre part envoyer des mercenaires/death squads/terroristes traverser la frontière pour tuer des syriens(ou des citoyens du pays cible du jour) et ensuite avoir l'appareil de propagande médiatique répéter que les morts sont causé par le gouvernement ciblé. Cette tactique ne date pas d'hier, on a fait quelquechose de similaire contre le gouvernement Mossadeq democratiquement elu de l'Iran dans les années 50 (Operation Ajax si je me souviens bien, où des agents recruté par la CIA on commit des attentats qui ont tué des Iraniens et qui ont été attribués faussement au gouvernement ciblé pour la déstabilisation/l'élimination).

  • Archives de Vigile Répondre

    4 janvier 2012

    Monsieur Fortin,
    Il s'agit continuellement d'un deux poids, deux mesures dont les élites se servent selon leurs intérêts.
    Ce n'est pas la première fois que je cite l'humaniste anglais du 16e siècle Thomas More, mais ça vaut la peine de le citer encore ici. Dans son célèbre ouvrage classique "L'Utopie", More dit ceci:
    "Lorsque j’envisage et j’observe les républiques aujourd’hui les plus florissantes, je n’y vois, Dieu me pardonne ! qu’une certaine conspiration des riches faisant au mieux leurs affaires sous le nom et le titre fastueux de république. Les conjurés cherchent par toutes les ruses et par tous les moyens possibles à atteindre ce double but :
    Premièrement, s’assurer la possession certaine et indéfinie d’une fortune plus ou moins mal acquise ; secondement, abuser de la misère des pauvres, abuser de leurs personnes, et acheter au plus bas prix possible leur industrie et leurs labeurs.
    Et ces machinations décrétées par les riches au nom de l’État, et par conséquent au nom même des pauvres, sont devenues des lois."
    More décrit ici la pensée de base qui guide encore aujourd'hui au 21e siècle les décisions des élites politiques et économiques. Et il ajoute que ces élites cherchent "par toutes les ruses et par tous les moyens possibles" à parvenir à leurs fins.
    La vérité, c'est que seule une direction vertueuse de l'État pourrait changer les choses. Thomas More décrit dans son ouvrage ce que pourrait être une direction vertueuse de l'État, État dans lequel la pauvreté, en particulier, serait éliminée.
    Mais comment parvenir à cela? More lui-même ne croyait pas beaucoup à cette possibilité car il conclut son ouvrage en disant:
    "Je reconnais bien volontiers qu 'il y a dans la république utopienne bien des choses que je souhaiterais voir dans nos cités. Je le souhaite, plutôt que je ne l'espère."

  • Oscar Fortin Répondre

    4 janvier 2012

    Merci M. Le Hir pour votre commentaire qui ne manque pas de pertinence. Pour être sincère, je vous dirai que je n'y crois pas du tout et cela parce que les principaux intervenants que sont les États-Unis, la France, Israël et le Canada, comme valet, ont un tout autre agenda. Ce n'est pas la paix qui les intéresse, mais la prise de contrôle de la Syrie. J'ai tout simplement voulu mettre en contraste leur double morale.
    Ceci dit, je ne suis pas aussi convaincu que vous l'êtes à l'effet que la Russie et la Chine s'objecteraient à une telle force de paix, si dans l'impossible, les belligérants y consentaient dans les termes d'une force de paix composées de pays totalement neutres et indépendants des grandes puissances. L'objectif rejoindrait la proposition russe actuellement en discussion au Conseil de sécurité qui a pour point central de mettre un terme à toutes les formes de violence, y compris celles des mercenaires et de l'opposition. armées par les pays belligérants.
    Ce que les États-Unis et les autres veulent c'est suivre le scénario suivi en Libye: désarmer le gouvernement et soutenir les forces armées de l'opposition. Mon souhait est que la Russie et la Chine demeurent fermes quant à leur opposition à toute proposition des États-Unis au Conseil de sécurité ayant les mêmes objectifs de démilitarisation du gouvernement et de militarisation des mercenaires et de l'opposition.
    Je profite de l'occasion de vous souhaiter une bonne et heureuse Année et continuez à nous alimenter de vos réflexions et analyses.

  • @ Richard Le Hir Répondre

    4 janvier 2012

    M. Fortin,
    Votre proposition découle d'un bon sentiment.
    Hélas, les États-Unis, Israël, la France de Sarkozy, Bernard-Henri Lévy, et le Canada de Harper, n'ont pas de bons sentiments envers la Syrie, ni surtout envers Bashir Al-Assad qu'ils veulent renverser comme ils ont renversé Khaddafi.
    Et pour qu'une mission comme celle que vous proposez puisse être déployée, il faudrait le consentement unanime du Conseil de sécurité, un consentement que ni la Russie ni la Chine ne seraient enclins à donner compte tenu de ce qu'ils savent des intentions des puissances sus-nommées.
    Richard Le Hir