Le pouvoir tend à corrompre les individus, même lorsqu’ils sont honnêtes à la base, ont conclu des scientifiques de l'Université de Lausanne en Suisse. Leurs expériences ont montré que les gens à qui l’on donne du pouvoir ne peuvent s’empêcher de se récompenser aux dépends des autres.
L’équipe de chercheurs, menée par John Antonakis, voulait vérifier une assertion fameuse du Baron John Acton, un historien britannique du XIXème siècle, selon laquelle « Le pouvoir corrompt, et les pouvoirs absolus corrompent absolument ».
Ils ont donc évalué des participants pour mesurer leurs différences individuelles, notamment sur le plan de l’honnêteté. Puis ils leur ont demandé de jouer à des « jeux de dictateurs », c’est-à-dire qu’ils devaient décider de la destination de sommes d’argent, pour lesquelles ils avaient le choix entre prendre des décisions à caractère social, ou des décisions au contraire antisociales. Au contraire des premières, les décisions du second type avaient pour effet d’augmenter leur propre rétribution aux dépends de celle du groupe.
Les résultats ont montré que les participants les moins honnêtes étaient ceux qui adoptaient le plus de comportements corrompus, mais qu’au fil du temps, ceux qui avaient manifesté la plus grande probité dans leur évaluation finissaient par être eux-mêmes gagnés par la tentation de la corruption.
Le sentiment de pouvoir exerce le même effet sur le cerveau humain que celui de la cocaïne : il augmente les niveaux de testostérone et de son sous-produit, l’androstanédiol, chez les hommes comme chez les femmes. Cela conduit à son tour à une augmentation des niveaux de dopamine, ce qui peut être très addictif.
Les chercheurs pensent maintenant que, comme la cocaïne, le pouvoir peut mener à un excès de production de dopamine qui peut avoir des effets négatifs, comme l'arrogance et l'impatience. Selon l'équipe, ce phénomène expliquerait pourquoi tant de leaders mondiaux puissants se montrent paradoxalement incapables de faire des efforts pour résoudre certains problèmes sociaux. « Les résultats sont clairs : le pouvoir corrompt. Lorsque l’on donnait plus de suiveurs et plus de choix, le dirigeant était plus susceptble de prendre des décisions antisociales », commente le professeur Antonakis.
Les chercheurs ont également testé la présence de testostérone dans la salive des participants, et ils ont constaté que ceux qui prenaient les décisions les plus antisociales étaient aussi ceux dont le niveau de testostérone présent dans la salive était le plus élevé.
Ils concluent que des cadres politiques stricts et des institutions fortes doivent donc être mis en place pour veiller à ce que les dirigeants soient placés sous contrôle, et qu’ils évitent de tomber dans ce travers. En outre, les organisations doivent veiller à ce que leurs dirigeants n’obtiennent pas un accès illimité au pouvoir.
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