Alarmés par les chiffres de l'emploi au Québec, les partis d'opposition exigent une intervention du premier ministre Philippe Couillard et le dépôt cet automne d'un plan de relance économique.
Les plus récentes données de Statistique Canada révèlent une chute de 30 000 emplois à temps plein le mois dernier, ce qui porte à près de 100 000 le nombre de postes permanents perdus au Québec depuis un an.
La situation est nettement plus favorable ailleurs au pays avec une hausse de 43 000 emplois en octobre pour un total de 182 000 emplois créés sur douze mois.
Le porte-parole du Parti québécois en matière d'emploi, Dave Turcotte, attribue la débâcle de l'emploi au Québec à l'incurie du gouvernement libéral.
«On est loin des 250 000 nouveaux emplois promis pendant le mandat libéral, a décrié le député de Saint-Jean, vendredi. La première chose que le gouvernement libéral a fait quand il a pris le pouvoir, c'est de tasser notre politique économique qui créait des emplois - même les libéraux l'ont reconnu dans leur budget - et on voit le résultat: ils n'ont plus de plan».
Selon lui, le premier ministre Couillard ne peut plus s'en remettre aux effets hypothétiques et à long terme du Plan nord, de la Stratégie maritime ou de l'entente de libre-échange avec l'Europe. Il doit, a-t-il affirmé, prendre la situation en main avec le dépôt d'un plan de relance dans les plus brefs délais..
Le député péquiste croit aussi que le climat d'austérité entretenu par le gouvernement Couillard nuit à la confiance des investisseurs avec les conséquences négatives qui en découlent.
«Le climat créé par le gouvernement avec l'austérité, les coupes, la fermeture des CLD (Centres locaux de développement) et autres, envoie le message aux entrepreneurs que les choses vont mal au Québec. Et qu'est-ce qui arrive lorsqu'on a peur? On n'investit pas», a-t-il analysé.
La Coalition avenir Québec partage l'inquiétude du Parti québécois.
Depuis l'élection du Parti libéral en avril, le Québec a perdu 82 000 emplois à temps plein alors que l'Ontario en a gagné 50 000, a illustré le porte-parole de la CAQ en matière d'économie, André Lamontagne.
À son avis, le ministre des Finances, Carlos Leitao, doit cesser d'attendre passivement les effets de la reprise économique américaine. Il demande au premier ministre de «mobiliser la communauté entrepreneuriale» avec la présentation d'une stratégie de relance urgente.
«À la place de M. Couillard, j'enfermerais dans une pièce tous mes ministres à vocation économique et je les sortirais de là avec un plan que je pourrais présenter la semaine prochaine. Et il faudrait trouver le moyen voter des crédits», a-t-il argué.
À Saint-Félicien, dans sa circonscription de Roberval, le premier ministre Couillard n'a pas annoncé de plan de relance mais a soulevé diverses hypothèses pour tenter d'expliquer les résultats désastreux d'octobre.
«On a des petits gains d'emplois (15 900) à temps partiel et on a beaucoup de pertes d'emplois à temps plein et ça, c'est une tendance qu'on observe depuis plusieurs mois, ailleurs également. Il y a plusieurs raisons possibles: la prudence des entrepreneurs pour engager des gens mais également la démographie, les gens sont plus âgés, il y a toutes de sortes de raisons qui expliquent ça», a-t-il dit.
De retour d'une interpellation en Chambre, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, a lui aussi évoqué la démographie vieillissante comme facteur contribuant à la dégringolade de l'emploi.
Des travailleurs partent à la retraite mais ne sont pas remplacés faute de main-d'oeuvre, a soutenu le ministre.
«On est dans une situation où plus de gens vont quitter que de gens qui entrent sur le marché du travail. En ce moment, il y a plus de 38 000 emplois affichés sur le site d'Emploi Québec mais la correspondance entre les demandeurs et l'offre ne se fait pas», a-t-il noté.
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