Le Canada est habitué à regarder le Québec de haut, à considérer les Québécois comme des gens bornés, comme un peuple arriéré que les gentils Canadians doivent protéger de lui-même, bref à le considérer comme une espèce de colonie intérieure du Canada.
Mais, avec ces pleines pages de publicité, « 21 raisons de se sentir chez soi au Manitoba », parues le 28 novembre dans les quotidiens québécois, publicités payées par le gouvernement du Manitoba, on franchit une nouvelle étape dans le mépris.
Nos amis, les Canadians, qui ne doutent jamais de leur supériorité morale, se permettent maintenant de venir nous narguer chez nous. En ne faisant même plus semblant, comme en 1995, de « nous aimer ».
Voici la première raison évoquée dans la publicité:
« 1. Nous parlons français – La francophonie manitobaine est la plus grande communauté francophone à l’ouest de l’Ontario. À Winnipeg, la capitale du Manitoba, et dans les régions situées au sud de la ville, plus de 100 000 personnes parlent français; plus de 35 200 d’entre elles se sont désignées comme francophones. »
Comment dire? A beau mentir qui vient de loin.
Il est exact de dire que le Manitoba a longtemps parlé français.
La Rébellion des Métis a été écrasée précisément pour cette raison : pour ouvrir les terres de l’Ouest à la colonisation par des immigrants anglo-saxons et empêcher la formation d’une deuxième province de langue française dans l’Ouest. Si Louis Riel avait été anglophone, aurait-il été pendu? Poser la question, c’est y répondre.
Une fois les Métis écrasés, les francophones, qui étaient majoritaires au Manitoba à l’origine, ont été submergés démographiquement par les colons anglophones. Peu après la formation du Manitoba, en 1890, le français, qui était une langue officielle dans la province, a été interdit. Les écoles françaises ont été interdites.
Si bien que les francophones au Manitoba, comme partout au Canada hors Québec, sont aujourd’hui menacés de disparition.
Le français n’est plus la deuxième langue parlée à Winnipeg : elle est passée à la troisième place.
Le français comme langue parlée à la maison est en déroute et suit une pente descendante depuis longtemps. En 2011, il était rendu à seulement 1,5% de la population (derrière le tagalog et l’allemand).
Les projections linguistiques de Statistique Canada indiquent qu’en 2036, au Manitoba, les francophones constitueront 2,1% de la population en termes de langue maternelle et 1,1% en termes de langue d’usage. L’assimilation courante sera donc de 52%.
Les Québécois, s’ils veulent échapper à ce destin, doivent rompre avec le Canada.